Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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THALBACH (Katharina)

actrice allemande (Berlin 1954).

Fille de l'actrice Sabine Thalbach et du metteur en scène de théâtre Benno Besson, elle devient actrice à la télévision dès 1958, obtient son premier rôle sur la scène du Berliner Ensemble en 1969 et tourne dans plusieurs films produits en R.D.A., dont Lotte à Weimar (Lotte in Weimar, E. Günther, 1975). Elle émigre à l'Ouest en 1976 et travaille immédiatement avec Margarethe von Trotta dans le Second Éveil (1977), avec Schlöndorff dans le Tambour (1979) et avec Thomas Brasch dans les Anges de fer (Engel aus Eisen, 1980) et Domino (id., 1982). Elle tourne beaucoup sans abandonner le théâtre : Paradis (Paradies, Doris Dörrie, 1986), Follow Me (Maria Knilli, 1988), la Menteuse (Die Lügnerin, Siegfried Kühn, 1992), la Dénonciatrice (Die Denunziantin, Thomas Mitscherlich, 1993), Kaspar Hauser (Peter Sehr, 1994), l'Amour, la vie, la mort (Mathias Allary, 1995), Back in Trouble (du Luxembourgeois Andy Bausch, 1997), Sonnenallee (Leander Haussmann, 1999).

THALBERG (Irving G.)

producteur américain (New York, N. Y., 1899 - Los Angeles, Ca., 1936).

Cet homme à l'allure maigre, maladive et rêveuse, dont le nom ne parut qu'une seule fois au générique d'un film, et à titre posthume, aura pourtant été l'une des plus grandes puissances d'Hollywood et l'une de ses forces souterraines les plus décisives. Il travaille très jeune, en 1918, à l'Universal comme assistant de Carl Laemmle. Bientôt placé par ce dernier à la tête du département Production, bientôt reconnu comme un administrateur intransigeant avec un sens presque divinatoire de l'attente du public, il s'impose d'emblée en un âpre duel contre Erich von Stroheim, dont il freine les dépenses inconsidérées et qu'il démet de ses fonctions de réalisateur (Chevaux de bois, 1923, sera en effet terminé par Rupert Julian). Quand la MGM se crée, il reçoit d'intéressantes propositions, qu'il accepte. Erich von Stroheim aussi. Leur duel se renouvelle avec les Rapaces (1923-1925), que Thalberg réduit à une longueur commercialement exploitable, avant de commander une Veuve joyeuse (1925) que le cinéaste estime être un projet purement mercantile. On a trop souvent fait de Thalberg, sur la foi de ce conflit, un marchand de soupe barbare et inculte. Or, non seulement il n'a pas empêché von Stroheim de tourner de bons films, mais il a réussi à en susciter d'autres. Jamais la MGM ne retrouvera le luxe et la splendeur qu'elle connaît sous Thalberg. Superviseur pointilleux, doté d'une mémoire exceptionnelle, il surveille tout, repolissant sans cesse la moindre séquence jusqu'à la perfection, parfois en la faisant refaire complètement. Il est à l'origine des carrières de Greta Garbo, Lon Chaney et de celles de tant d'autres stars (dont sa femme Norma Shearer), et il rend possibles des œuvres aussi difficiles que Larmes de clown (V. Sjöström, 1924), la Grande Parade (K. Vidor, 1925), Ben Hur (F. Niblo, 1926), la Foule (Vidor, 1928), Halleluyah (id., 1929), la Monstrueuse Parade (T. Browning, 1932), les Révoltés du Bounty (F. Lloyd, 1935) ou Une nuit à l'Opéra (S. Wood, id.). La dernière production qu'il supervise et qui sort après sa mort est Visages d'Orient (S. Franklin, 1937). Robert Evans jouait son rôle dans l'Homme aux mille visages (Man of Thousand Faces, J. Pevney, 1957) et Francis Scott Fitzgerald calqua son Dernier Nabab sur son extraordinaire personnalité.

THATE (Hilmar)

acteur allemand (Döhlau 1931).

Il monte sur scène dès l'âge de 19 ans et poursuit une grande carrière théâtrale (il a passé douze ans au Berliner Ensemble, où il s'est affirmé comme un grand interprète de Brecht). Simultanément, il joue dans une vingtaine de films de la R.D.A., parmi lesquels le Chant des matelots (K. Maetzig et G. Reisch, 1958), Professeur Mamlock (K. Wolf, 1961), Der Fall Gleiwitz (Gerhard Klein, id.), les Affinités électives (Die Wahlverwandtschaften, Siegfried Kühn, 1974), qu'il marque de sa forte personnalité. Il passe à l'Ouest en 1980 et tourne notamment les Anges de fer (Thomas Brasch, 1982), le Secret de Veronika Voss (R. W. Fassbinder, id.). Le théâtre et surtout la télévision à partir de 1983 l'accaparent et il ne réapparaît qu'occasionnellement sur le grand écran (Chemins dans la nuit/Wege in die Nacht, 1999).

THEODORAKIS (Mikis)

musicien grec (Chio 1925).

Familiarisé dès l'enfance avec la musique sacrée byzantine, il s'intéresse ensuite aux formes et thèmes populaires traditionnels. En 1942, il est arrêté et torturé (sa Chanson du capitaine Zacharias, écrite en 1939, devient le chant de la résistance grecque à l'occupation allemande). Après la guerre, il reprend l'étude de la composition au Conservatoire d'Athènes, puis à celui de Paris (avec Olivier Messiaen, 1953-54). Exaltation de la culture et du nationalisme grecs, son œuvre et son activité politique — il est de nouveau emprisonné de 1967 à 1970 — ne l'empêchent pas d'écrire pour le cinéma. La popularité de Zorba le Grec (M. Cacoyannis, 1964) ou de Z (Costa-Gavras, 1968) ne doivent pas masquer un réel travail de musicien aux ressources très souples et nombreuses : Lune de miel (M. Powell et E. Pressburger, 1955), Electra (Cacoyannis, 1963), le Couteau dans la plaie (A. Litvak, id.), les Troyennes (Cacoyannis, 1969), État de siège (Costa-Gavras, 1973), Serpico (S. Lumet, 1974), Iphigénie (Cacoyannis, 1977).

THERMOCOLORIMÈTRE.

Appareil permettant de mesurer la température de couleur de la lumière du jour ou de la lumière émise par une source à incandescence.

THEWLIS (David)

acteur britannique (Blackpool, 1963).

Révélé par Life Is Sweet (1991) et surtout Naked (1993) de Mike Leigh qui lui valut un prix d'interprétation au festival de Cannes, David Thewlis est un acteur intense et écorché à la présence forte. Il était un choix naturel pour le rôle de Verlaine dans le médiocre Rimbaud-Verlaine (A. Holland, 1995) : son interprétation, mesurée et dense à la fois, restait digne d'intérêt. Depuis on a revu sa silhouette volontiers dépenaillée dans des entreprises sans grande ambition comme l'Île du Dr Moreau (J. Frankenheimer, 1996) ou excessivement ambitieuses comme Sept ans au Tibet (J.-J. Annaud, 1997).