Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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POLANSKI (Raymond, dit Roman) (suite)

En mars 1977, le scandale provoqué par le viol présumé d'une adolescente de treize ans conduit Polanski à quitter les États-Unis. Naturalisé français, il s'établit à Paris. En 1979, il tourne Tess, une adaptation du roman de Thomas Hardy Tess d'Urberville. Sous une apparente sérénité, Polanski cultive une violence contenue. Tess doit beaucoup à son interprète principale, Nastassja Kinski, véritable alter ego du metteur en scène, qui tente d'échapper aux diverses formes de subordination auxquelles on tente de la soumettre.

Polanski réalise enfin, en 1986, son vieux projet les Pirates, conçu avec Gérard Brach à l'époque de Chinatown et qui offre à Walter Matthau un rôle de premier plan. Le film est un semi-échec commercial. Le cinéaste quitte l'atmosphère de l'Île des pirates de R. L. Stevenson pour s'engager dans une voie hitchcockienne avec Frantic (1988), en lançant l'acteur Harrison Ford dans un suspense d'espionnage situé à Paris, à la fois tragique, burlesque et haletant. En 1992, il signe Lunes de fiel, un faux thriller érotique et tragique, apparaît comme acteur face à Gérard Depardieu dans Une pure formalité (G. Tornatore, 1994) et réalise la Jeune Fille et la mort (Death and the Maiden, 1995), un huis-clos oppressant avec Sigourney Weaver et Ben Kingsley. En 1999 il signe la Neuvième Porte (The Ninth Gate), une enquête de démonologie inégalement oppressante et en 2001 The Pianist. ▲

POLARISATION.

Caractéristique de la lumière, considérée en tant que phénomène ondulatoire. ( OPTIQUE ONDULATOIRE.)

POLARISÉ.

Lumière polarisée, lumière ayant une direction privilégiée de polarisation.

POLETTO (Piero)

décorateur italien (Sacile di Pordenone 1925 - Rome 1978).

Après avoir obtenu le diplôme de décorateur au Centro sperimentale de Rome, il débute en 1957 avec le film La donna che venne dal mare (F. de Robertis). Il collabore régulièrement avec Antonioni et crée des décors abstraits et inquiétants pour l'Avventura (1960), l'Éclipse (1962), le Désert rouge (1964), Profession : reporter (1975). Il travaille aussi avec Pietrangeli (Nata di marzo, 1958), Petri (la Dixième Victime, 1965), les frères Taviani et Valentino Orsini (Un homme à brûler, 1963), Sergio Corbucci (l'Homme qui rit, 1966), Rosi (la Belle et le Cavalier, 1967), Festa Campanile (La cintura di castità, id.), Luchino Visconti (son épisode des Sorcières, id.), Castellani (Questi fantasmi, id.), Salce (Ti ho sposato per allegria, id.), Dino Risi (Il profeta, 1968), De Sica (le Temps des amants, id.).

POLGLASE (Van Nest)

décorateur américain (New York, N. Y., 1898 - id. 1968).

À Hollywood dès 1919, il reçoit une formation d'architecte-décorateur et introduit dès Stage Struck (A. Dwan, 1925) les formes légères et simplifiées caractéristiques de son style. Il travaille à la Paramount (1927-1929), à la MGM (1929-1931) avant de diriger le service des décors de la RKO (1932-1941). Avec l'assistance de Carroll Clark, il crée les décors des films de Fred Astaire, vastes et stylisés, marqués de forts contrastes du noir et du blanc. On retrouve son goût de l'espace dans les huit films qu'il fait avec Allan Dwan de 1954 à 1957 (parmi lesquels Tornade [Passion], 1954 ; Le mariage est pour demain, 1955 et Deux Rouquines dans la bagarre, 1956), ce qui interdit de le considérer comme un simple gérant. Il est responsable, en tout cas, de la diffusion cinématographique du style Art déco : ampleur, clarté, aisance, géométrie, modernité. Mais il a signé aussi des reconstitutions complexes de Marie Stuart (J. Ford, 1936) à Citizen Kane (O. Welles, 1941).

POLIDOR (Ferdinand Guillaume, dit)

acteur et clown français (Bayonne 1887 - Viareggio, Italie, 1977).

Dernier représentant d'une illustre famille de gens de cirque, Ferdinand Guillaume se produit très jeune dans des numéros de clown et d'acrobate. En tournée en Italie, il est engagé en 1910 par la Cines pour jouer dans des films comiques sous le nom de Tontolini. De cette période, riche de nombreux titres, il faut retenir Pinocchio (G. Antamoro, 1911), adaptation du livre de Collodi dans laquelle la gestuelle saccadée et l'allure perpétuellement bondissante de l'acteur font merveille pour incarner la célèbre marionnette. En 1912, Guillaume quitte Rome pour Turin, où il est engagé par la Pasquali Film. Ne pouvant conserver le nom de Tontolini, il interprète ses nouveaux films sous le pseudonyme de Polidor. Après un arrêt consécutif à la guerre, il reprend son activité en 1918. À partir de 1920, il ne se produit plus que sur scène en créant le Théâtre du Rire. Après 1930, on le voit encore dans È sbarcato un marinaio (Piero Ballerini, 1940), Il pirata sono io ! (M. Mattoli, id.), Carmen (Christian-Jaque, 1945 [ 1943]) et surtout les Nuits de Cabiria (1957) et La dolce vita (1960) de Fellini.

POLIDORI (Gianni)

décorateur italien (Rome 1923).

Il obtient le diplôme de décorateur au Centro sperimentale de Rome et débute en 1946 au théâtre, où il travaille régulièrement avec des metteurs en scène comme Luigi Squarzina, Vittorio Gassman, Giorgio De Lullo. Au cinéma, il débute avec les décors de la comédie de Mario Camerini Due mogli sono troppe (1951). Il travaille ensuite à deux films sur Cinecittà : Bellissima (L. Visconti, id.) et la Dame sans camélias (M. Antonioni, 1953). Pour Lattuada, il conçoit les décors baroques et oppressifs du Manteau (1952). Il collabore avec les meilleurs réalisateurs pour des drames réalistes : l'Amour à la ville (Antonioni, Fellini, Lattuada, Risi, Lizzani, Maselli, 1953) ; Nous les femmes (épisode de Visconti, id.) ; Il sole negli occhi (A. Pietrangeli, id.) ; La passeggiata (R. Rascel, id.) ; Mizar (F. de Robertis, id.) ; Il seduttore (F. Rossi, 1954) ; Scuola elementare (Lattuada, 1955) ; Femmes entre elles (Antonioni, id.) ; le Défi (F. Rosi, 1958)  ; la Loi (J. Dassin, id.). Il travaille ensuite sur d'autres genres, comme le péplum (Maciste contre le fantôme [Maciste contro il vampiro], G. Gentilomo, 1961), le film d'aventures (Il était trois flibustiers [I moschettieri del mare], Steno, 1962), la comédie (Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ?, E. Scola, 1968 ; Il commissario Pepe, id., 1969 ; la Femme du prêtre, Risi, 1970 ; Detenuto in attesa di giudizio, N. Loy, 1971 ; La propriété n'est plus un vol, E. Petri, 1973), le western baroque (Mon nom est Personne [Il mio nome è Nessuno], Tonino Valerii, id.).