Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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ROEG (Nicholas)

chef opérateur et cinéaste britannique (Londres 1928).

Il entre dans l'univers du cinéma comme clapman en 1950, et devient vite, dès le début des années 60, un chef opérateur de grand talent travaillant avec des cinéastes britanniques comme Clive Donner (The Caretaker, 1962), Schlesinger (Loin de la foule déchaînée, 1967), ou Lester (Petulia, 1968). Il est également responsable de la photo dans Farenheit 451 (F. Truffaut, 1966) et a prouvé son sens de la couleur dans le Masque de la mort rouge (R. Corman, 1964). Il s'oriente vers la mise en scène en coréalisant Performance (id., 1970) avec Donald Cammell. Le film, construit pour mettre en valeur Mick Jagger, introduit un des thèmes favoris de Roeg, l'irruption de personnages étrangers dans un univers bizarre et volontiers décadent : James Fox, minable tueur à gages, est amené à se réfugier chez une grande star de la pop music. Comme dans la Randonnée (Walkabout, 1971), où deux enfants australiens doivent partir vivre chez les aborigènes, l'extraterrestre (joué par David Bowie) de l'Homme qui venait d'ailleurs (The Man Who Fell to Earth, 1976) s'efforce de s'adapter à la vie sur terre. Son film le plus célèbre reste pour l'instant Ne vous retournez pas (Don't Look Now, 1973), adapté d'une nouvelle macabre de Daphné Du Maurier, où l'utilisation d'une Venise hivernale et brumeuse épaissit encore l'atmosphère lourde qui préside à la recherche d'une enfant morte, par médiums interposés, à la progression du cauchemar dans la réalité. N. Roeg excelle dans la création de climats troubles et vénéneux, où l'on croise des personnages aux limites de la normalité (le nain tueur de Don't Look Now), aux contours indécis, toujours entre deux mondes (l'androgyne de Performance, l'extraterrestre de The Man...), fascinés par la déchéance. D'où la dimension quasi onirique de ses films que l'on a quelquefois comparés, par leur traitement du temps, par leur constant jeu sur le glissement du fantasme au réel, à ceux d'Alain Resnais. Plus récemment, il a continué ces recherches avec Illusions (1979) et Enquête sur une passion (Bad Timing, 1980).

Autres films :

Eureka (1983) ; Une nuit de réflexion (Insignificance, 1985) ; Castaway (1987) ; Aria (épis. : Un ballo in maschera [Verdi], id.) Track 29 (1988) ; The Witches (1990) ; Sweet Bird of Youth (TV, id.) ; Cold Heaven (1992) ; Two Deaths (1996). ▲

ROGERS (Virginia Katherine McMath, dite Ginger)

actrice américaine (Independence, Mo., 1911 - Rancho Mirage, Ca., 1995).

Poussée sur les planches par sa mère, après un début hésitant, elle se donne un personnage de fille moderne, indépendante et gouailleuse, mais vertueuse et sincère. Après s'être produite en duo avec Jack Pepper, son premier mari, puis en solo avec l'orchestre d'Eddie Lowry à Chicago et celui de Paul Ash à New York, elle joue en 1929 à Broadway dans le musical Top Speed puis en 1930-31 dans Girl Crazy (de Gershwin). Elle est à Hollywood en 1931, interprète quelques films mineurs puis se fait engager par la RKO. Elle passe dans les numéros musicaux de Berkeley, mais brille dans neuf films d'Astaire (qu'elle retrouvera pour un dixième en 1949). Son aisance de danseuse (elle est aussi à l'aise dans les séquences de danse romantique que dans celles qui font appel à des rythmes plus modernes et à des tempos plus rapides) et de chanteuse (elle a une voix originale et très plaisante) s'accompagne dès lors d'un talent d'actrice : vitalité, expression délibérée, composition de figures multiples en un seul film, jeu sur la fausseté même du jeu font d'elle un personnage de comédie bien approprié aux motifs de La Cava, Kanin, Wilder ou Hawks. Ses interprétations dramatiques, très vigoureuses (elle remporte un Oscar pour Kitty Foyle en 1940), sont souvent moins convaincantes et cela explique sans doute sa médiocre fin de carrière au cinéma alors qu'au théâtre elle remporte de vifs succès en 1965 dans Hello Dolly ! et en 1969 dans Mame. Elle fut notamment l'épouse de Lew Ayres (1934-1941), Jacques Bergerac (1953-1957) et George Marshall (1961-1962).

Autres films :

Young Man of Manhattan (M. Bell, 1930) ; Honor Among Lovers (D. Arzner, 1931) ; 42e Rue (L. Bacon, 1933) ; les Chercheuses d'or de 1933 (M. LeRoy, id.) ; Sitting Pretty (Harry Joe Brown, id.) ; Carioca (Flying Down to Rio, Thornton Freeland, id.) ; la Joyeuse Divorcée (M. Sandrich, 1934) ; Roberta (W. A. Seiter, 1935) ; le Danseur du dessus (Sandrich, id.) ; Suivons la flotte (id., 1936) ; Sur les ailes de la danse (G. Stevens, id.) ; l'Entreprenant Monsieur Petroff (Sandrich, 1937) ; Pension d'artistes (G. La Cava, id.) ; Mariage incognito (Stevens, 1938) ; Amanda (Sandrich, id.) ; la Grande Farandole (H. C. Potter, 1939) ; Bachelor Mother (G. Kanin, id.) ; la Fille de la Cinquième Avenue (La Cava, id.) ; Double Chance (L. Milestone, 1940) ; Primrose Path (La Cava, id.) ; Kitty Foyle (S. Wood, id.) ; Ses trois amoureux (Tom, Dick and Harry, Kanin, 1941) ; Roxie Hart (W. Wellman, 1942) ; Uniformes et jupons courts (B. Wilder, id.) ; Lune de miel mouvementée (L. McCarey, id.) ; les Nuits ensorcelées (M. Leisen, 1944) ; Magnificent Doll (F. Borzage, 1946) ; Entrons dans la danse (Ch. Walters, 1949) ; Storm Warning (S. Heisler, 1950) ; Chérie, je me sens rajeunir (H. Hawks, 1952) ; Harlow, la blonde platine (Harlow, Alex Segal, 1965).

ROGERS (Leonard Slye, dit Roy)

acteur américain (Cincinnati, Ohio, 1912 - Victorville, Ca., 1998).

La plus grande vedette chantante du western. Avec son cheval, Trigger, le hirsute George « Gabby » Hayes et la souriante Dale Evans (qu'il épouse en 1947), il chevauche et gratte de la guitare dans d'innombrables films, rapides et sans histoires, puis il poursuit ses exploits à la télévision. Ses quelques incursions dans le western de prestige se soldent par un impact assez faible (l'Escadron noir, R. Walsh, 1940) ou se bornent à n'être que des apparitions de Roy Rogers dans son propre rôle (le Fils de Visage pâle, F. Tashlin, 1952 ; Ne tirez pas sur le bandit, N. Z. McLeod, 1959).

ROGERS (William Penn Adair Rogers dit Will)

acteur américain (Oolagah, Okla., 1879 - près de Point Barrow, Alaska, 1935).

On imagine mal, en France, la popularité et l'importance de Will Rogers dans l'Amérique de l'entre-deux-guerres. Ancien cow-boy de rodéo, il est catapulté au firmament des stars en 1917, quand il devient vedette des Ziegfeld Follies et impose sa philosophie de bon sens populaire à travers son personnage de provincial honnête et faussement naïf. Toujours près de la vie politique, il fut un temps maire de Beverly Hills, avant de jouer un rôle important dans l'élection de Roosevelt à la présidence en 1932. Dès 1918, il donne à sa célébrité un prolongement immense en devenant acteur de cinéma, dans des westerns ou dans des comédies rurales. Mais c'est avec le parlant qu'il atteint son sommet, son personnage étant devenu, dans le contexte de la crise, un véritable symbole national d'intégrité et d'optimisme. C'est un excellent comédien, sobre et spontané, auquel Frank Borzage (They Had to See Paris, 1929 ; Young as You Feel, 1931), John Ford (Doctor Bull, 1933 ; Judge Priest, 1934 ; Steamboat Round the Bend, 1935) et Henry King (Lightnin ', 1930, et, surtout, ce grand film rural qu'est la Foire aux illusions, 1933) tressent une somptueuse couronne de lauriers. Son dernier film, posthume, In Old Kentucky (G. Marshall, 1935), eut un retentissant succès. Son fils, Will Rogers Jr., l'incarna dans The Story of Will Rogers (M. Curtiz, 1952).