Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MAROC. (suite)

Outre les réalisations de cinéastes déjà confirmés tels Abdelkader Lagtaa avec les Casablancais (1998), chronique urbaine acide, Farida Benlyazid avec Ruses de femmes (Keid Ensa, 1999), ou Jillali Ferhati avec Tresses (2000), trois nouveaux réalisateurs se sont particulièrement affirmés dans la dernière décennie du XXe siècle, inaugurant un nouveau souffle de la production marocaine en revisitant les marges et les non-dits de la société chérifienne : Daoud Aoulad-Syad, avec Adieu forain (1998), suivant les pérégrinations de danseurs travestis dans le Sud marocain ; Nabil Ayouch avec Mektoub, histoire d'un jeune médecin casablancais qui, de passage à Tanger, voit sa femme être enlevée par des ravisseurs mystérieux, puis avec Ali Zaoua (2000), allant avec grande sensibilité à la rencontre des gamins des rues de Casablanca ; et Fatima Jebli Ouazzani avec Dans la maison de mon père (2000), long métrage documentaire où elle interroge, à travers les générations, la place des femmes dans une société patriarcale.

MARQUAND (Christian)

acteur et cinéaste français (Marseille 1927 - Ivry-sur-Seine 2000).

D'abord comédien de théâtre, il débute au cinéma en 1946 dans la Belle et la Bête de Jean Cocteau. Jeune premier du cinéma français, il s'impose comme acteur après la réussite de Lucrèce Borgia (Christian-Jaque, 1953). Parmi les nombreux films qu'il a tournés, on peut citer : Senso (L. Visconti, 1954) ; Et Dieu créa la femme (R. Vadim, 1956) ; Une vie (A. Astruc, 1958) ; les Parisiennes (M. Boisrond, 1962) ; le Jour le plus long (D. F. Zanuck, id.) ; la Route de Corinthe (C. Chabrol, 1967). Il ne réapparaît ensuite à l'écran qu'en 1977 dans les Apprentis Sorciers (E. Cozarinski). Il a également tourné quelques films en Italie et aux États-Unis (Lord Jim, R. Brooks, 1965 ; Apocalypse Now, F. F. Coppola, 1979). Enfin, il a réalisé deux films : les Grands Chemins (1962) et Candy (1968).

MARQUET (Marie, dite Mary)

actrice française (Saint-Pétersbourg, Russie, 1895 - Paris 1979).

Elle néglige totalement le cinéma (mis à part quelques films muets dont la Voyante de Mercanton et Abrams, film que Sarah Bernhardt tourna avant sa mort en 1923) pour le théâtre. Tragédienne à la Comédie-Française, elle apparaît en 1934 dans Sapho de Léonce Perret, puis attend 1949 pour reparaître à l'écran dans des rôles comiques de femme autoritaire et pétulante, Le 84 prend des vacances (L. Joannon, 1950), Landru (C. Chabrol, 1962), la Vie de château (J.-P. Rappeneau, 1966). On la voit aussi en Mme de Maintenon (Si Versailles m'était conté, S. Guitry, 1954) et en mère de Casanova (Casanova, F. Fellini, 1976).

MARQUINA (Luis)

cinéaste espagnol (Barcelone, Catalogne, 1904 - Madrid 1980).

Il signe sa première mise en scène avec Don Quintín, el amargao (1935), auprès de Luis Buñuel, et tourne ensuite la comédie El bailarín y el trabajador (1936), d'après Benavente. Après la guerre civile, il devient l'un des tâcherons au service d'une production franquiste truffée d'évocations historico-patriotiques et à prétentions littéraires : Malvaloca (1942), Santander, la ciudad en llamas (1944), El capitán Veneno (1950).

MARRO (Alberto)

cinéaste espagnol (Barcelone 1878 - id. 1956).

Pionnier du cinéma à Barcelone, il y fonde Hispano Films dès 1906. Après avoir collaboré avec Ricardo de Baños, il produit et met en scène seul un grand nombre de films, dont Diego Corrientes (1914), La tierra de los naranjos (id.), Los muertos hablan (id.), La tragedia del destino (id.), La pena del talión (1915). Mais son grand succès reste Barcelona y sus misterios (id.), huit épisodes à la manière des sérials, bientôt suivis par El testamento de Diego Rocafort (id.).

MARRON.

Terme argotique qui désignait, au temps du noir et blanc, les contretypes intermédiaires. ( COPIES.)

MARSH (Mary Warne Marsh, dite Mae)

actrice américaine (Madrid, N. Mex., 1895 - Hermosa Beach, Ca., 1968).

Elle est l'un des piliers les plus solides de la troupe de David W. Griffith, chez qui elle débute en 1912, dans des courts métrages. Mais c'est Naissance d'une nation (1915) qui la met définitivement en avant, et surtout Intolérance (1916), qui révèle un talent parfois bouleversant : elle est admirable dans le rôle de « the Dear One », l'épouse de l'ouvrier (Robert Harron) dans l'épisode moderne. Bien sûr, Griffith l'utilise de manière assez semblable à Lillian Gish. Mae Marsh lui ressemble : les traits fins des canons victoriens et le jeu d'une émotion à fleur de peau. Mais il y a en elle quelque chose de plus rustique et de plus tragique à la fois qui est sa personnalité propre. Après quelques films qui, loin de Griffith, essayèrent de l'imposer en vain, elle revient auprès du grand cinéaste en 1922, pour ce qui reste sa création la plus vibrante dans une œuvre à tort oubliée : la Rose blanche (1923). Après quoi elle part pour l'Angleterre, où elle reste jusqu'à la fin des années 20. Revenue à Hollywood, elle sera extrêmement active en composant des silhouettes familières et pathétiques pour Frank Borzage (Et demain ?, 1934), Henry King (Over the Hill, 1931 ; la Cible humaine, 1950) et surtout John Ford (les Raisins de la colère, 1940 ; le Fils du désert, 1949 ; le Sergent noir, 1960 ; les Deux Cavaliers, 1962).

MARSHALL (Garry Marscharelli, dit Garry)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1934).

Comme les artisans hollywoodiens d'antan auxquels il ressemble, Garry Marshall a rempli toutes sortes d'emplois avant de se stabiliser dans la télévision puis le cinéma. Il est à l'aise dans la comédie où, au fil des années, il passe d'une certaine facilité (le Kid de la plage, The Flamingo Kid, 1984) à la belle ouvrage (Pretty Woman, id., 1990) et même à une certaine ambition de propos (Frankie and Johnny, id., 1991 ; jolie mais improbable comédie sociale bénéficiant largement de l'interprétation d'Al Pacino et de Michelle Pfeiffer). Il est depuis, malgré ces succès, inactif. Sa sœur, Penny Marshall (Big, id., 1988 ; l'Éveil, Awakenings, 1990 ; Opération Shakespeare, Renaissance Man, 1994), présente des qualités voisines et le même savoir-faire sans prétention.

MARSHALL (George)

cinéaste américain (Chicago, Ill., 1891 - Los Angeles, Ca., 1975).

Un des vétérans d'Hollywood : il a réalisé près de 150 films entre 1915 et 1970, avec une prédilection affirmée pour le burlesque, la comédie-revue et le western, liant les trois ensemble dans certains cas. Il était entré dans le cinéma par la petite porte : successivement figurant, accessoiriste, maquilleur, monteur, cascadeur, il devient scénariste et cinéaste au lendemain de la Première Guerre mondiale. Il n'a cessé depuis lors d'expédier ses deux ou trois films par an, dirigeant avec la même facilité Ruth Roland, Tom Mix, Laurel et Hardy (les Sans-Soucis [Pack Up Your Troubles], 1932), W. C. Fields (Sans peur et sans reproche [You Can't Cheat an Honest Man], 1939), Bob Hope, Alan Ladd (le Dahlia bleu [The Blue Dahlia], 1946), Betty Hutton (les Exploits de Pearl White [The Perils of Pauline], 1947, bel hommage au sérial), le tandem Dean Martin-Jerry Lewis, Debbie Reynolds ou même Christopher Lee. Il signa quelques musicals intéressants, de Goldwyn Follies, un des premiers du genre en Technicolor (1938), à Hollywood en folie (Variety Girl, 1947) ; une vigoureuse fresque historique : le Sang de la terre (Tap Roots, 1948, avec Van Heflin et Susan Hayward) ; une biographie insolite deHoudini (avec Tony Curtis, 1953) ; un bon film d'aventures avec Jeff Chandler et Dorothy Malone : les Piliers du ciel (Pillars of the Sky, 1954) ; un western gorgé d'humour : la Vallée de la poudre (The Sheepman, 1958, avec Glenn Ford et Shirley McLaine) ; et la séquence ferroviaire de la Conquête de l'Ouest (How the West Was Won, 1962). L'ensemble, toutefois, dépasse rarement le niveau de l'honnête fabrication. À une exception près, peut-être : l'éblouissant Femme ou Démon (Destry Rides Again, 1939), western picaresque mettant aux prises un ineffable James Stewart et une Marlene Dietrich qui retrouvait la gloire. En 1955, Marshall réalisait lui-même le remake de ce film, beaucoup plus conventionnel : le Nettoyeur (Destry), avec Audie Murphy. Il aurait pu devenir un virtuose du mélange des genres, comme en témoignent les Jarretières rouges (Red Garters, 1954), un autre western curieusement stylisé, mâtiné d'opérette, mais il eût fallu pour cela qu'il manifestât un peu plus d'exigence et, en conséquence, fît moins de concessions.