Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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PAGE (Anita Pomares, dite Anita)

actrice américaine (Murray Hill, N. Y., 1910).

Le cinéma américain indécis entre le muet et le parlant s'entiche un court instant d'Anita Page. La MGM en fait la partenaire de Joan Crawford (les Nouvelles Vierges, H. Beaumont, 1928 ; Our Modern Maidens, J. Conway, 1929 ; Our Blushing Brides, Beaumont, 1930) et de Buster Keaton (le Metteur en scène, E. Sedgwick, id.). Mais son grand succès fut le premier musical : The Broadway Melody (Beaumont, 1929). Elle se retire en 1936.

PAGE (Geneviève Bronjean, dite Geneviève)

actrice française (Paris 1927).

Élégante et racée, comédienne sobre et pondérée, au charme parfois étrange, à l'aise en anglais aussi bien qu'en français, Geneviève Page aurait pu, si elle l'avait voulu, être une star internationale. Avare de son talent, elle en décida autrement. Mais quel plaisir dans ces quelques minutes où elle veut bien paraître : la belle marquise de Fanfan la Tulipe (Christian-Jaque, 1952), l'infante du Cid (A. Mann, 1961), la belle bourgeoise de Youngblood Hawke (D. Daves, 1964) ou Mme Anaïs, la tenancière blasée du bordel de Belle de jour (L. Buñuel, 1967) sont en tout point savoureuses. Mais on gardera un souvenir particulièrement ému pour Gabrielle Valadon, espionne de charme pour laquelle Sherlock Holmes perdait la tête dans la Vie privée de Sherlock Holmes (B. Wilder, 1970). On la retrouve ensuite notamment dans Buffet froid (Bertrand Blier, 1979), Mortelle Randonnée (C. Miller, 1983), Beyond Therapy (R. Altman, 1987), Cartes postales d'Italie (Cartoline italiane, Meme Perlini, id.) et les Bois noirs (J. Deray, 1989).

PAGE (Geraldine)

actrice américaine (Kirkswille, Mo., 1924 - New York 1987).

C'est surtout une actrice de théâtre dont les prestations cinématographiques sont occasionnelles. Elle est déjà consacrée à la scène quand John Farrow en fit l'émouvante veuve de Hondo, l'homme du désert (1953). Elle ne réapparaît qu'au début des années 60, dans les adaptations de deux de ses grands succès de théâtre, dus à Tennessee Williams : Été et Fumées (P. Glenville, 1961) et surtout Doux Oiseau de jeunesse (R. Brooks, 1962), où sa création de star de cinéma déclinante et droguée est le grand moment de sa carrière. On l'a beaucoup vue depuis dans de nombreux seconds rôles où son métier est toujours une garantie de qualité (Big Boy, F. Ford Coppola, 1967 ; les Proies, D. Siegel, 1971 ; Peter et Tillie, M. Ritt, 1972 ; Intérieurs, W. Allen, 1978). Mais, en 1985, elle retrouve le vedettariat avec Mémoires du Texas (The Trip to Bountiful) de Peter Masterson en reprenant le rôle où s'était illustrée à la scène Lillian Gish.

PAGE (Louis)

opérateur français (Lyon 1905 - Soucy 1990).

D'abord peintre, il se tourne vers le cinéma et devient, en 1930, assistant réalisateur de Jean Cocteau pour le Sang d'un poète. Attiré par la photo, son talent le porte rapidement au rang de chef opérateur (1935). Grand technicien d'avant-guerre, il a collaboré à un certain nombre d'œuvres importantes dont l'Espoir (A. Malraux, 1945 [ 1939]), Lumière d'été (J. Grémillon, 1943) et Le ciel est à vous (id., 1944), créant des images exceptionnelles, d'une grande force lyrique, dont la tonalité annonce parfois le néoréalisme italien. Plus tard, il a dirigé la photo de nombreux films à vocation plus commerciale : Un revenant (Christian-Jaque, 1946), Maître après Dieu (L. Daquin, 1951), En effeuillant la marguerite (M. Allégret, 1956), Archimède le clochard (G. Grangier, 1959), Un singe en hiver (H. Verneuil, 1962), la Grosse Caisse (A. Joffé, 1965).

PÁGER (Antal)

acteur hongrois (Makó 1899 - Budapest 1986).

Il débute en 1932 et partage très rapidement avec Pál Jávor et Imre Rádai les grands rôles de la production nationale : Bors István (Viktor Bańky, 1939), Földindulás (A. Cserépy, id.), ‘ Huis clos ’ (Zárt tárgyalás, G. Radvanyi, 1940), Fráter Lóránd (László Kalmár, 1942). En 1945, il a déjà à son actif plus de soixante films. Il connaît une nouvelle période faste à la fin des années 50 et au début des années 60 : ‘ la Dernière Aventure de Don Juan ’ (Don Juan legutolsó kalandja, Márton Keleti, 1958), ‘ Crime à l'aube ’ (Merénylet, Zoltán Varkonyi, 1959), ‘ le Paradis perdu ’ (K. Makk, 1962), ‘ Villa Negra ’ (Hattyúdal, M. Keleti, 1964), ‘ Alouette ’ (L. Ranódy, id.) et surtout deux films de Zoltán Fábri : Vingt Heures (1964), où il joue le chef d'une coopérative agricole aux prises avec les vicissitudes de l'histoire et ses conséquences (la désagrégation d'une amitié entre quatre anciens camarades qui avaient été les pionniers de la distribution des terres) et Arrière-saison (1967). Octogénaire il réapparaît en 1980 dans ‘ Deux Histoires d'un passé tout récent ’ de Karoly Makk.

PAGET (Debralee Griffin, dite Debra)

actrice américaine (Denver, Colo., 1933).

Découverte par Robert Siodmak (la Proie, 1948), elle est vouée par la Fox aux emplois « exotiques » : la fiancée italienne de la Maison des étrangers (J. Mankiewicz, 1949), la compagne de Louis Jourdan dans la Flibustière des Antilles (J. Tourneur, 1951), la Cosette dans la Vie de Jean Valjean (L. Milestone, 1952). Elle prête son innocence toute romantique aux émouvantes princesses indigènes des plaidoyers antiracistes de Daves (la Flèche brisée, 1950 ; l'Oiseau de paradis, 1951) et R. Brooks (la Dernière Chasse, 1956). Beaucoup plus charnelles et perverses sont ses créations dans les paraboles d'Allan Dwan (Au bord de la rivière, 1957 ; Most Dangerous Man Alive, 1961). Dans le Tigre du Bengale et le Tombeau hindou (1959), sa beauté fragile, prisonnière d'une passion démesurée, illumine l'inexorable entrelacs langien. Elle quitta le cinéma après deux prestations pour Roger Corman (Tales of Terror, 1962 ; la Malédiction d'Arkham, 1963).

PAGLIERO (Marcello ou Marcel)

acteur, scénariste et cinéaste italien (Londres 1903 - Paris 1980).

Il débute au cinéma en Italie comme spécialiste du doublage, puis collabore à plusieurs scénarios. Il dirige son premier film (07 tassì) en 1943. Dans l'enthousiasme du néoréalisme naissant, Roberto Rossellini lui confie à la fois le rôle de l'ingénieur de Rome ville ouverte (1945) et l'achèvement de la Proie du désir (Desiderio, 1946), un film qu'il avait commencé en 1943. Simultanément, Pagliero participe à la réalisation de Giorni di gloria (1945), un film manifeste de la résistance italienne, et au scénario de Paisà (Rossellini, 1946). En 1946 encore — mais le film ne sort qu'en 1948 —, il réalise La nuit porte conseil (Roma città libera), une comédie acerbe qui sera sa meilleure réussite « transalpine ».