MELVILLE (Jean-Pierre Grumbach, dit Jean-Pierre) (suite)
Melville fait la guerre dans la cavalerie française, puis dans l'armée anglaise, enfin dans les FFL (Melville est son patronyme de clandestin, emprunté à l'auteur de Moby Dick, qu'il admirait). En 1945, il retrouve Paris et crée une firme de production. Seconde singularité : il est un des très rares cinéastes français (avec Pagnol) à s'être doté d'un outil de travail personnel. Il a son entreprise, ses studios, installés rue Jenner à Paris. Il tourne d'abord un court métrage, Vingt-Quatre Heures de la vie d'un clown (1946), où il y a déjà, fugitivement, ces plans de ville nocturne, ces silhouettes incertaines inscrites dans un décor urbain de fin de nuit, qui seront plus tard sa marque d'auteur. Puis, en marge de toutes les règles du cinéma installé, il dirige une adaptation du Silence de la mer de Vercors, texte qu'il aime pour l'avoir découvert à Londres en 1943. Cocteau, qui admire le Silence, lui confie alors l'adaptation des Enfants terribles. Après 1950, Melville est un indépendant que la profession prend au sérieux. Avec Bob le flambeur, un film de gangsters qui ne ressemble pas aux « Série noire » alors réalisés à la chaîne, Melville inaugure une ligne qui lui est personnelle : des films de moraliste désabusé, qui exaltent une image qui serait désuète si elle ne composait une mythologie de la virilité et des sociétés d'hommes. Le Doulos, le Deuxième Souffle, le Samouraï sont, après Deux Hommes dans Manhattan (où éclate la fascination du décor américain), les réussites déjà « classiques » (où la forme même du récit semble sécrétée par la violence et la tension épurées) d'un des auteurs les moins réalistes du cinéma français.
Films :
le Silence de la mer (1949) ; les Enfants terribles (1950) ; Quand tu liras cette lettre (1953) ; Bob le flambeur (1956) ; Deux Hommes dans Manhattan (1959) ; Léon Morin prêtre (1961) ; le Doulos (1963) ; l'Aîné des Ferchaux (id.) ; le Deuxième Souffle (1966) ; le Samouraï (1967) ; l'Armée des ombres (1969) ; le Cercle rouge (1970) ; Un flic (1972).