Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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GAUMONT (Léon) (suite)

Considérée comme une des trois majors du cinéma français avec U.G.C. et Pathé à cause de ses activités dans les trois branches du cinéma et quelques intérêts périphériques (production TV par exemple), Gaumont connaîtra un certain déclin économique au cours des années 1990, malgré son important circuit de salles et le succès commercial des films de J.-M. Poiré et de L. Besson. Son département de la distribution fusionnera avec Disney-France, puis à la fin de l'année 2000, son circuit de salles avec celui de Pathé.

GAUP (Nils)

cinéaste norvégien (Kautokeino, 1955).

Né dans la petite communauté des Lapons de Norvège, il fait des études théâtrales à Oslo et entame une carrière d'acteur et d'auteur dramatique. Après quelques apparitions sur le grand écran, il se fait connaître internationalement – jusqu'aux États-Unis – grâce à l'adaptation cinématographique d'une légende traditionnelle de son peuple, le Passeur (Veiveseren, 1988 – Ofelas dans la langue des Lapons, langue originale du film). Relevant de la tradition du grand western, ce film présente un intérêt qui dépasse largement l'ethnographie et témoigne d'une maîtrise cinématographique remarquable pour un auteur débutant.

Son deuxième long métrage est un film d'aventures dans les mers du Sud, dans le style de l'Île au trésor – il s'agit de l'adaptation d'un roman scandinave célèbre auprès des enfants depuis plus d'un siècle : Hakon Hakonsen (1990). Il réalise ensuite une comédie noire qui remporte un grand succès, Hodet over vannet (la Tête hors de l'eau, 1993), puis un film d'aventures en anglais, North Star, ou Tashunga (Grand Nord), une coproduction internationale sans saveur en langue anglaise destinée à mettre en valeur l'acteur (et coproducteur) Christophe Lambert. En 1999, il tourne en anglais un film inspiré de la vie et de l'œuvre du romancier danois non conformiste Axel Sandemose, Misery Harbour.

GAVALDÓN (Roberto)

cinéaste mexicain (Ciudad Jiménez, Chihuahua, 1909 - Mexico 1986).

Ancien acteur, sa première mise en scène remarquée, La Barraca (1944), est un cas presque unique de film tourné par un nombre significatif d'exilés espagnols. Il s'impose à partir de Double Destinée (La Otra, 1946) comme un artisan prolixe et appliqué, qui alterne productions médiocres et films ambitieux. D'une cinquantaine de titres se détachent La Diosa arrodillada (1947), la Maison de l'amour perdu (La casa chica, 1949), Rosauro Castro (1950), Mains criminelles (En la palma de tu mano, id.), La noche avanza (1951), Las tres perfectas casadas (1952) — les sept titres précédemment énumérés étant écrits par le romancier José Revueltas. Viennent ensuite le Révolté de Santa Cruz (El rebozo de Soledad, 1952), El niño y la niebla (1953), La escondida (1956, mélodrame de la révolution mexicaine qui ne manque pas de charme), Miércoles de ceniza (1958), le Destin (Macario, 1959), d'un indigénisme naïf, El gallo de oro (1964). Rosa blanca (tourné en 1961) aborde, sur le mode mélodramatique habituel, la période où Cárdenas nationalisa l'industrie du pétrole ; il est néanmoins interdit et ne sort qu'en 1972.

GAVIN (John)

acteur américain (Los Angeles, Ca., 1928).

Grand, athlétique, le cheveu noir-bleu, il fut choisi par l'Universal pour prendre la suite de Rock Hudson. C'est donc naturellement qu'il remplaça celui-ci dans l'univers de Douglas Sirk. Il faisait preuve de sensibilité en soldat permissionnaire voué à l'amour et à la mort dans le Temps d'aimer, le temps de mourir (1958), mais le cinéaste ne l'a voulu que décoratif dans Mirages de la vie (1959). Sa carrière débuta ainsi dans la production de prestige, même s'il n'y jouait que les utilités séduisantes : amant de Janet Leigh dans Psychose (A. Hitchcock, 1960) ou Jules César juvénile dans Spartacus (S. Kubrick, id.), face à quelques acteurs redoutables. Il mangea ainsi son pain blanc et ne figura plus ensuite que dans des productions sans intérêt ou dans des comédies sympathiques où sa présence se remarquait à peine (Millie, G. Roy-Hill, 1967). Il a arrêté de tourner en 1981 et s'est orienté avec succès vers une carrière diplomatique : il fut pendant cinq ans ambassadeur des États-Unis au Mexique.

GAYNOR (Laura Gainor, dite Janet)

actrice américaine (Philadelphie, Pa., 1906 - Palm Springs, Ca., 1984).

Figurante chez Hal Roach, puis sous contrat à la Fox, elle a la chance de jouer dans trois grands films : l'Aurore de Murnau (1927), l'Heure suprême (id.) et l'Ange de la rue (1928), tous deux de Borzage, qui lui valent le premier Oscar décerné à une actrice. Ingénue dramatique très attendrissante, elle est un moment au sommet du box-office hollywoodien (1934) et quitte alors la Fox. Elle interprète deux productions de Selznick, Une étoile est née (W. Wellman, 1937) et The Young in Heart (Richard Wallace, 1938) puis annonce sa retraite, en pleine gloire. Mariée au célèbre couturier hollywoodien Gilbert Adrian (1939), elle s'installe au Brésil. Veuve en 1959, revenue aux États-Unis, elle reparaît parfois à la TV mais se consacre surtout à la peinture.

GAYNOR (Franceska Mitzi Gerber, dite Mitzi)

actrice américaine (Chicago, Ill., 1930).

Danseuse de formation classique, elle a su donner à ses gestes assez de plénitude et de rythme pour réussir au cinéma, animant de petites comédies musicales de la Fox (Une fille en or, L. Bacon, 1951), puis des productions plus ambitieuses (la Joyeuse Parade, W. Lang, 1954 ; le Pantin brisé, Ch. Vidor, 1957). Son talent d'actrice et ses dons chorégraphiques triomphent dans les Girls (Cukor, 1957). Après South Pacific (J. Logan, 1958), elle tentera sans grand succès de revenir à la comédie (Un cadeau pour le patron, S. Donen, 1960).

GAZIADIS (Dimitris)

producteur et cinéaste grec (Athènes 1897 - id. 1961).

Fils de photographe, il fait une partie de ses études à Munich, s'initie à la production, à la prise de vues et à la réalisation auprès de Dupont, Lang, Lubitsch ou Pabst. De retour en Grèce, il part pour l'Asie Mineure, où la guerre gréco-turque fait rage (1919-1922), et en rapporte des actualités (Cinémathèque grecque). En 1921, il réalise une commande gouvernementale, le Miracle grec (To helleniko thauma). Avec ses frères Alexandre, Costas et Michel, il fonde la DAG Films, dont les studios et les activités couvrent les années 30. Influencé à la fois par l'expressionnisme et une formation pratique de documentariste, Gaziadis, entouré de peintres et d'écrivains, s'efforce de promouvoir un cinéma national capable de restituer la culture et les traditions hellènes à la Grèce moderne et dans leur cadre — aussi fait-il appel aux décors naturels comme aux studios. On lui doit, en 1927, Prométhée enchaîné (Prometheus desmotès), qui annonce de futurs recours aux classiques. Son inspiration éclectique donne le coup d'envoi au mélo, dit fustanella, à grand renfort de chevriers de théâtre (Astero, 1928), ou de marins, et de passion malheureuse (le Port des larmes [To limani ton dakryon], 1929 ; l'Amour et les vagues [Eros kai kymata], 1930), comme aux premières comédies musicales grecques au succès également considérable (les Apaches d'Athènes [I apachidès ton Athinon], 1930) avec les vedettes lyriques et dramatiques des théâtres nationaux, film que suivent immédiatement Embrasse-moi, Maritsa (Philise me, Maritsa) et une œuvre mêlant un roman de guerre (contre les Turcs) à des actualités, la Tempête (O thiella). Gaziadis ne cesse d'ailleurs de produire, jusqu'en 1955, des bandes d'actualités d'un intérêt historique reconnu.