T4
lymphocyte, réponse immunitaire, système immunitaire
tabacologie
Science de l'étude du tabac, du tabagisme et de l'aide au sevrage tabagique, faisant partie du champ de l'addictologie.
La tabacologie est une discipline récente, qui a pour objet de former des médecins, infirmiers, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, psychologues à l'aide au sevrage tabagique et à la recherche en science du tabac et de ses conséquences sanitaires. Le tabacologue a un rôle dans les domaines de la prévention primaire ou secondaire du tabagisme. Il aide le fumeur à renforcer sa motivation à l'arrêt du tabac. Il l'accompagne dans sa démarche de sevrage tabagique, par exemple par des thérapies comportementales et cognitives, ou à l'aide de substituts nicotiniques en cas de signes de sevrage tabagique, ou de nouveaux médicaments comme la varénicline. Il a aussi un rôle dans la prévention primaire auprès des non-fumeurs et dans la formation et l'information des autres professionnels de santé et du public. Des consultations de tabacologie sont disponibles pour les fumeurs qui peuvent venir directement ou sur les conseils de leur médecin traitant.
tabagisme
Intoxication par le tabac.
Le tabac est principalement consommé sous forme de cigarettes, mais aussi de cigares ; il est également prisé, chiqué ou fumé à la pipe. La fumée de tabac contient de la nicotine (alcaloïde toxique pour l'appareil cardiovasculaire et surtout responsable du phénomène de dépendance) et aussi d'autres substances dangereuses pour la santé, notamment celles qui résultent de la combustion du tabac, du papier et des additifs incorporés à la cigarette. Les plus dangereuses sont les goudrons cancérigènes et l'oxyde de carbone.
Au moins un tiers des cancers et 80 % des broncho-pneumopathies chroniques obstructives (B.P.C.O.) conduisant à l'insuffisance respiratoire chronique sont liés au tabac. En association avec les autres facteurs de risque, le tabac est un des responsables des maladies cardiovasculaires. On estime qu'il est la cause de 3 millions de morts par an dans les pays industrialisés, dont environ la moitié avant 65 ans. En France, le nombre de décès était de 60 000 en 1990, de près de 80 000 en 2000 et la prévision est de 160 000 par an en 2020-2025. Autrefois essentiellement masculine, la consommation de tabac tend à gagner la population féminine et à toucher des sujets de plus en plus jeunes (50 % des adolescents sont fumeurs entre 16 et 18 ans, avec un pourcentage pratiquement égal dans les deux sexes). Le pourcentage de fumeurs à forte consommation a progressivement augmenté ; les fumeurs non ou peu dépendants ont réussi à arrêter sans trop de difficultés (depuis 1975 en France, les lois Veil et Évin ainsi que les campagnes d'information ont eu un impact certain), mais les fumeurs dépendants ont le plus souvent échoué ou rechuté.
PATHOLOGIE
— Les affections respiratoires touchant les fumeurs sont principalement représentées par la bronchite chronique, obstructive ou non. Celle-ci peut évoluer vers l'emphysème et l'insuffisance respiratoire chronique.
— Les cancers du fumeur sont représentés avant tout par le cancer bronchique, dont l'apparition suit l'évolution de la consommation de tabac avec un décalage d'une vingtaine d'années. Le risque de cancer bronchique croît avec l'intensité du tabagisme, la durée en années du tabagisme étant cependant plus déterminante encore que la quantité fumée par jour dans l'apparition de cette maladie : plus le début d'un tabagisme a été précoce, plus le risque de développer un cancer bronchique apparaît tôt. La notion répandue de « petit fumeur ne courant aucun risque » est donc erronée : il n'existe pas de seuil au-dessous duquel le risque d'être atteint par un cancer bronchique serait nul. Les cancers de la bouche (cigarettes, fumeurs de pipe, chiqueurs), du rhinopharynx, du larynx et de l'œsophage sont également, dans de très nombreux cas, provoqués par la consommation de tabac, le risque étant renforcé par l'alcool. De très nombreux autres cancers (cancer de la vessie, cancer du col utérin, cancer du sein, cancer du rein, cancer du pancréas, cancer du côlon) sont associés au tabagisme.
— Les maladies cardiovasculaires sont dues à l'oxyde de carbone, qui perturbe l'oxygénation des tissus, entraînant une élévation du risque de maladies coronariennes (angor, infarctus du myocarde), d'athérosclérose de l'aorte (anévrysme) et d'artérite des membres inférieurs. Le risque cardiaque augmente si le tabagisme s'associe à d'autres facteurs de risque vasculaire tels que l'hypertension artérielle, l'hypercholestérolémie ou les contraceptifs oraux (pilule). Le risque d'artérite est plus élevé chez les diabétiques. Lorsque la sclérose vasculaire touche le cerveau, elle peut entraîner un accident vasculaire cérébral.
— Les autres affections aggravées par la consommation de tabac sont principalement l'ulcère duodénal, l'ulcère gastrique, la maladie de Crohn, l'ostéoporose et les hernies (liées à la toux du fumeur). Il est par ailleurs à noter que le poids corporel des fumeurs est inférieur à celui des non-fumeurs mais avec une répartition différente des graisses. Le tabagisme diminue la fertilité ; il est toxique au cours de la grossesse pour le fœtus et pour le nourrisson.
La dépendance au tabac
La connaissance des risques encourus ne suffit pas à convaincre un fumeur d'arrêter le tabac ; même les victimes d'intoxication tabagique sont encore nombreuses à continuer à fumer : les patients ayant eu un infarctus du myocarde et ayant alors arrêté rechutent dans plus de 50 % des cas dans les semaines ou les mois qui suivent la sortie de l'hôpital ; près de 80 % des personnes atteintes de bronchopneumopathies chroniques obstructives fument toujours. Ces attitudes apparaissent incompréhensibles aux non-fumeurs. On a cru pendant longtemps que l'usage du tabac était une simple habitude accompagnée de fortes composantes psychologiques et sociales ; la volonté devait alors suffire pour obtenir l'arrêt du tabac ; on sait maintenant qu'il n'en est rien. Le tabac induit une véritable dépendance.
— Les effets de la nicotine. La nicotine est la principale substance responsable de cette dépendance. La molécule de nicotine ressemble à celle de l'acétylcholine, un neurotransmetteur très important. Elle exerce ses fonctions en se fixant sur les récepteurs spécifiques (structures chimiques se trouvant à la surface des cellules) de l'acétylcholine. Ces récepteurs sont présents dans plusieurs zones cérébrales, notamment dans celle où se situe le « système de récompense », source de la sensation de plaisir, sur lequel agissent toutes les drogues. La nicotine est absorbée de façon différente suivant le mode de consommation du tabac ; avec la cigarette, en particulier, il y a inhalation de la fumée, absorption très rapide de la nicotine dans les alvéoles pulmonaires et fixation en moins de 10 secondes sur les récepteurs de l'acétylcholine, avec apparition des signes qu'elle provoque : accélération du pouls, élévation de la tension artérielle et surtout effets psychologiques responsables de la dépendance.
— L'effet renforçateur. Tout comportement est d'abord appris, puis peut être renforcé par deux types de mécanismes. Il y a un renforcement positif si le comportement s'accompagne de sensations ressenties comme positives et gratifiantes par l'individu, ce qui est le cas avec la nicotine : plaisir, détente dans les moments agréables, stimulation lors d'un travail intellectuel difficile à réaliser, effet tranquillisant et antidépresseur dans les moments de stress. En outre, l'effet renforçateur est d'autant plus grand que l'intervalle entre le geste et la sensation est plus court et plus souvent renouvelé, ce qui se passe avec la cigarette. Chaque bouffée réalise un « shoot » de nicotine et exerce un effet renforçateur maximal ; cela explique que la cigarette soit devenue le mode quasi exclusif de l'usage du tabac ; c'est également le plus dangereux, car toutes les substances toxiques arrivent jusqu'aux poumons et pénètrent massivement dans l'organisme.
— La dépendance physique. Dans une seconde période, après plusieurs années de tabagisme, survient la dépendance physique. Le fumeur fume non seulement pour obtenir les sensations agréables liées à la nicotine, mais aussi pour éviter les sensations désagréables dues au manque, avec une pensée obsédante de la cigarette, une pulsion irrésistible de refumer. C'est le renforcement négatif du comportement.