Larousse Médical 2006Éd. 2006
H

hépatite virale A

Inflammation du foie due à l'infection par un virus à A.R.N. (type A).

   L'hépatite A est une maladie ubiquitaire, c'est-à-dire qu'on la rencontre partout dans le monde. Elle se transmet par voie orofécale (eaux insalubres). L'incubation est courte (15 à 30 jours). Elle peut être symptomatique : syndrome pseudogrippal, troubles digestifs, jaunisse. La bilirubine et les transaminases sont élevées. Les formes fulminantes sont exceptionnelles. La plupart du temps l'hépatite A est asymptomatique et passe inaperçue.

   Le diagnostic repose sur la sérologie. Les anticorps IgG témoignent d'une maladie ancienne. Seuls des anticorps IgA témoignent d'une maladie en activité.

   La guérison est spontanée, sans passage à la chronicité. Il existe un vaccin dont l'usage est recommandé aux voyageurs se rendant dans les pays où l'hygiène n'est pas rigoureuse.

hépatite virale B

Inflammation du foie due à une infection par un virus à A.D.N. (type B).

   Le virus de l'hépatite B est un virus extrêmement répandu dans le monde : 5 % de la population mondiale (soit 350 millions de personnes) sont porteurs du virus, particulièrement présent dans les pays en développement. En France, cette fréquence est de 0,6 % de la population (350 000 personnes).

Mode de contamination

Le virus B est présent dans toutes les sécrétions de l'organisme (sang, salive, sueur, sperme, sécrétions vaginales, etc.). La contamination se fait par des modalités variées : de la mère à l'enfant, au moment de l'accouchement, par injection avec du matériel infecté (toxicomanies), par voie sexuelle, par simple proximité sans rapports sexuels. Il faut rappeler que, de nos jours, la transfusion sanguine ne transmet pas le virus B.

Hépatite aiguë

L'incubation (phase inapparente) dure 1 à 3 mois après la contamination. Dans 30 % des cas survient une maladie cliniquement perçue, avec une fatigue, un ictère (jaunisse), une élévation de la bilirubine et des transaminases. La guérison survient spontanément en quelques jours. Dans 70 % des cas, la maladie est inapparente. Dans 1 % des cas survient une hépatite fulminante qui peut être mortelle.

Évolution

Plus de 95 % des hépatites B aiguës guérissent spontanément et 2 à 5 % passent à la chronicité. Dans ce cas, le virus B persiste dans le sang et les transaminases sanguines peuvent être augmentées. On peut observer des phases d'activité et des phases d'accalmie. Un très petit nombre d'hépatites B chroniques guérissent spontanément. La plupart évoluent de façon indéfinie. 20 % des hépatites constituent une cirrhose, 20 % des cirrhotiques (soit 5 % du total) souffrent d'un cancer primitif du foie.

Diagnostic de l'infection

Le diagnostic de l'hépatite B est biologique. La nuisance envers le foie se manifeste par l'élévation des transaminases sanguines.

   Le virus B lui-même est recherché de diverses façons. L'antigène HBs (HBsAg) témoigne de la présence du virus dans l'organisme. L'anticorps antiHBs (HBsAc) témoigne de l'éradication du virus si le sujet a été malade, ou de la protection par des anticorps en cas de vaccination. L'anticorps antiHBc (HBcAc) témoigne d'une maladie ancienne. L'antigène HBe (HBeAg) indique la phase de réplication du virus.

   L'examen fondamental est la recherche et le dosage du virus B par la PCR (Polymerase Chain Reaction, une technique d'amplification génique très performante). Selon les niveaux de virémie (teneur du sang en virus) on peut prendre la décision de traiter la maladie.

Diagnostic de cirrhose

L'existence d'une cirrhose marque une étape redoutable dans l'évolution de la maladie, notamment avec l'apparition d'un risque d'hémorragie digestive par rupture des varices œsophagiennes et la possibilité d'évolution vers un cancer primitif du foie.

   Le diagnostic de cirrhose peut être évoqué par l'examen clinique, l'échographie ou le scanner. Mais c'est la ponction-biopsie hépatique qui demeure l'indicateur le plus précis. Cependant, il s'agit d'un examen désagréable et légèrement risqué. C'est la raison pour laquelle on a développé des techniques non agressives (fibrotest et fibroscan) pour mesurer la fibrose.

Traitement

Quand les transaminases sont normales et la virémie basse ou nulle, le traitement n'est pas nécessaire. Dans le cas contraire, il faut traiter. Deux types de traitement s'offrent au patient.

— L'interféron agit sur les défenses immunitaires. Il est délivré par voie injectable et n'est pas très bien toléré. Le taux des succès est de 30 à 40 %, mais ces succès sont définitifs. Le virus disparaît.

— Les autres traitements reposent sur des médicaments (Lamivudine, Adefovir dipivoxil, Entécavir, Ténofovir) qui stoppent la réplication du virus. Pendant le traitement, les transaminases se normalisent, la maladie ne progresse pas et le virus devient indétectable par la PCR. Des résistances peuvent apparaître. L'arrêt du médicament s'accompagne d'une reprise de la multiplication du virus.

Surveillance

Un patient atteint d'hépatite chronique B doit faire l'objet d'une surveillance régulière, au moins une fois tous les six mois, avec un dosage des transaminases, et éventuellement la détermination des marqueurs viraux, un dosage de l'alpha-fœto-protéine et une échographie du foie, ces deux derniers examens visant à guetter l'apparition d'un carcinome hépatocellulaire.

Prévention

Parmi les règles d'hygiène générale, l'utilisation de matériel à usage unique est indispensable. Le virus n'étant détruit qu'à 170 °C, il ne faut pas compter sur la stérilisation courante. Le sang et les produits d'origine sanguine sont tous vérifiés pour écarter la présence de virus B.

Vaccination

On utilise comme vaccin l'antigène HBs fabriqué par génie génétique (pas de risque de contagion). On réalise 3 injections à 0, à 1 et à 6 mois. L'injection de rappel est en général inutile. L'immunité est forte.

   Les complications postvaccinales sont comparables à celles des autres vaccins. Le vaccin contre l'hépatite B a été accusé de provoquer des encéphalopathies démyélinisantes et notamment la sclérose en plaques. Cette accusation a été démentie par plusieurs études incontestables. Cependant, en France, les pouvoirs publics ont supprimé le caractère obligatoire de la vaccination, donnant du crédit à la rumeur. Il en a résulté une dangereuse désaffection du public vis-à-vis de cette vaccination.

   La vaccination est recommandée particulièrement pour les personnes présentant un risque de contamination élevée : les usagers de drogues, les candidats au tatouage ou au piercing, les sujets à partenaires sexuels multiples, les porteurs d'infections sexuellement transmissibles, les détenus, les voyageurs en pays d'endémie, les proches des sujets infectés, les patients atteints du V.I.H. (virus du sida) et du V.H.C. (virus de l'hépatite C), les hémodialysés, les transfusés chroniques, les candidats à la transplantation d'organe.

Voir : cirrhose, fibroscan, fibrotest/Actitest, interféron.

Hépatite B et grossesse

Le virus de l'hépatite B ne traverse pas le placenta. La contamination se fait au moment de l'accouchement et dans les premiers jours de la vie. Elle est quasi constante, ce qui explique le taux élevé d'infection dans les pays pauvres. Cependant, la parade existe : les mères porteuses du virus sont dépistées avant l'accouchement. À la naissance, on injecte au bébé une dose d'anticorps anti VHB et on pratique une vaccination. L'efficacité de cette technique appelée sérovaccination est totale.