Larousse Médical 2006Éd. 2006
D

digestion

Ensemble des processus mécaniques et biochimiques assurant la transformation et l'absorption des aliments.

   Après avoir été avalé, le bol alimentaire passe dans le pharynx, puis dans l'œsophage et parvient à l'estomac grâce à un mécanisme involontaire mettant en action les muscles de la paroi œsophagienne (péristaltisme).

— Dans l'estomac, les aliments subissent des modifications permettant leur absorption ultérieure par l'intestin grêle : la digestion gastrique assure leur stockage et leur broyage mécanique, leur stérilisation partielle et la dégradation de certaines protéines. L'estomac peut stocker jusqu'à environ un litre d'aliments qui y sont transformés par les sécrétions gastriques. Ces sécrétions, produites par les glandes gastriques, contiennent de l'acide chlorhydrique et des enzymes digestives (notamment la pepsine, nécessaire à la digestion des protéines). De petites ondes, propagées approximativement toutes les 20 secondes par les couches musculaires, permettent le mixage des aliments avec les sécrétions et poussent le mélange obtenu, le chyme, vers la partie inférieure de l'estomac. Le chyme passe dans la première partie de l'intestin grêle, le duodénum, par un sphincter, le pylore.

— Dans l'intestin grêle (duodénum, jéjunum, iléon), la digestion se poursuit par la réduction des glucides en sucres élémentaires, des lipides en monoglycérides et en acides gras, des protéines en acides aminés ou en peptides. Pour ce faire, l'intestin grêle a besoin des sécrétions du pancréas et de la bile. La sécrétion pancréatique est riche en enzymes nécessaires à la digestion des protéines, des glucides et des lipides, tandis que la sécrétion biliaire joue un rôle important dans la digestion des lipides. L'absorption des substances transformées se fait immédiatement par les entérocytes (cellules intestinales qui permettent le passage des aliments dans le sang) de chacun des segments de l'intestin grêle. Dans le duodénum sont absorbés préférentiellement le fer, le calcium et les vitamines. Les glucides et les lipides sont absorbés dans le duodénum et le jéjunum, et les sels biliaires, dans l'iléon. Les matières qui n'ont pas été absorbées progressent jusqu'au gros intestin par des mouvements péristaltiques. La digestion colique (au niveau du côlon) consiste essentiellement en une dégradation microbienne sans grande utilité pour la nutrition.

digitalique

Médicament parfoisutilisé au cours de l'insuffisance cardiaque et dans certaines arythmies.

Synonyme : glucoside cardiotonique.

   Les digitaliques, d'origine végétale, sont extraits de la digitale pourprée (Digitalis purpurea) et de la digitale laineuse (Digitalis lanata). Les principales substances encore utilisées sont la digitoxine et la digoxine. Elles ralentissent la fréquence cardiaque, augmentent la contractilité du muscle cardiaque, diminuent la vitesse de conduction de l'influx nerveux dans le nœud auriculoventriculaire.

INDICATIONS ET CONTRE-INDICATIONS

L'action essentielle des digitaliques est de ralentir la fréquence cardiaque lorsque le cœur est en fibrillation auriculaire rapide et, en outre, d'augmenter l'intensité des contractions du cœur. L'utilisation des digitaliques dans le traitement de l'insuffisance cardiaque a été réduite par l'apparition d'autres médicaments efficaces.

   Les digitaliques sont contre-indiqués dans plusieurs maladies cardiaques (myocardiopathie obstructive, bloc auriculoventriculaire, tachycardie ventriculaire) et sont incompatibles notamment avec le calcium utilisé par voie veineuse. Lorsqu'ils sont pris avec des diurétiques hypokaliémiants , il convient de compenser la perte de potassium, pour éviter des troubles du rythme cardiaque.

MODE D'ADMINISTRATION ET SURVEILLANCE

Le médicament est pris le plus souvent par voie orale, mais la voie injectable est utilisable en milieu hospitalier et en cas d'urgence. La surveillance du traitement, essentiellement clinique et électrocardiographique, doit être stricte. Elle fait parfois appel aux dosages sanguins pour vérifier la concentration du médicament.

EFFETS INDÉSIRABLES

Les digitaliques sont le plus souvent bien supportés. Mais, en raison d'une marge relativement étroite entre dose thérapeutique et dose toxique, il existe un risque de surdosage. Celui-ci, qui peut être grave, se manifeste par des troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhée), neurologiques (maux de tête, vertiges, vision colorée) et cardiaques (troubles du rythme). Il impose l'hospitalisation et l'arrêt, au moins transitoire, du traitement digitalique, voire d'autres mesures thérapeutiques.

digitoplastie

Opération chirurgicale consistant à réparer par greffe un doigt partiellement ou totalement amputé à la suite d'un accident.

dilacération

Déchirure irrégulière d'un tissu.

   Une dilacération est en général due à un traumatisme, le plus souvent une glissade violente (accident de moto, par exemple). Plus rarement, il peut s'agir d'une forme complexe et grave de déchirure du périnée au moment de l'accouchement. Les signes d'une dilacération sont de multiples petites déchirures irrégulières pouvant atteindre la peau, les muscles, les tissus et les nerfs. Le traitement chirurgical est plus difficile que pour les traumatismes et les plaies, où la section est le plus souvent à bords nets.

dilatation

Augmentation du diamètre ou du volume d'un organe creux, d'un orifice ou d'un canal.

   Une dilatation peut être spontanée, soit physiologique, soit pathologique, ou artificielle.

Dilatations physiologiques

Plusieurs organes ou parties d'organes augmentent naturellement leur diamètre ou leur volume. C'est le cas de la pupille de l'œil, qui permet ainsi la pénétration d'une plus grande quantité de lumière dans l'œil lorsque la luminosité extérieure est moindre.

DILATATION DU COL UTÉRIN

C'est l'augmentation du diamètre du col de l'utérus au début de l'accouchement, qui permet par la suite le passage de l'enfant. La dilatation est souvent très lente au cours de la première naissance (en moyenne 12 heures) et elle se déroule en trois phases. La première dure quelques heures et consiste en l'effacement du col, qui perd son relief, et en une dilatation de 2 centimètres de diamètre ; la seconde dure de 4 à 6 heures, au terme desquelles l'orifice atteint 6 centimètres ; enfin, la dernière dure 2 heures, jusqu'à dilatation complète (10 centimètres). Le col utérin s'aligne alors sur le haut du vagin. Chez la multipare (femme qui a déjà accouché), la phase de dilatation est beaucoup plus rapide. De plus en plus de médications (oxytociques) sont utilisées pour soutenir la dilatation du col qui a lieu sous l'effet des contractions utérines.

Dilatations pathologiques

Plusieurs organes ou parties d'organes augmentent de façon anormale leur diamètre ou leur volume. Certaines dilatations pathologiques sont congénitales, comme la dilatation des ventricules cérébraux, qui entraîne une hydrocéphalie, ou celle du côlon, observée dans la maladie de Hirschsprung. Elles peuvent également être acquises et s'observent dans la plupart des organes creux et des canaux, en général en amont d'un obstacle (rétrécissement ou calcul). C'est le cas dans les voies urinaires (calices rénaux, bassinet, uretère), dans les voies digestives (œsophage, estomac, intestin grêle, côlon, voies biliaires), dans l'appareil cardiovasculaire (cavités cardiaques, artères et veines) et dans l'appareil respiratoire (bronches).

Dilatations artificielles

Il s'agit de manœuvres destinées à élargir un conduit. Elles se pratiquent parfois avec le doigt, plus souvent avec des instruments spéciaux (sondes et bougies de calibres croissants, ballonnets gonflables à pression contrôlée). En gynécologie, la dilatation du col de l'utérus permet la réalisation des curetages utérins ; en urologie, la dilatation est employée dans le cas de rétrécissement urétral et, en gastroentérologie, dans les rétrécissements de la partie inférieure de l'œsophage ou de l'anus. La chirurgie cardiaque fait appel à la dilatation dans le cas de rétrécissements valvulaires (sténoses des valves sigmoïdes aortiques). Une technique particulière, la dilatation endoluminale, est principalement employée en angioplastie, pour dilater les artères coronaires, les artères des membres ou encore la veine porte après une transplantation. Elle est également utilisée pour le traitement des rétrécissements des voies biliaires, de l'œsophage ou des bronches.