Larousse Médical 2006Éd. 2006
E

érythème polymorphe

Affection cutanée caractérisée par des lésions en forme de cocarde et témoignant d'un état d'hypersensibilité.

Synonymes : ectodermose pluri-orificielle, érythème exsudatif multiforme.

   Parmi les causes de l'érythème polymorphe, on retrouve essentiellement des infections virales (herpès, varicelle, zona, grippe, mononucléose infectieuse, hépatite B), microbiennes (tuberculose, lèpre) ou des prises médicamenteuses (pénicilline, tétracyclines, sulfamides, œstrogènes, anti-inflammatoires). Parfois, l'érythème polymorphe accompagne une maladie de système (connectivite), une sarcoïdose, une colite inflammatoire, un lymphome, un cancer profond. Cependant, son origine reste inconnue dans 30 à 40 % des cas. Il affecte plutôt les hommes jeunes et se manifeste par l'apparition, le plus souvent sur les membres, de plaques rouges qui s'étendent et prennent en général un aspect typique : une bulle centrale entourée d'une première couronne de peau déprimée et blanche, puis d'une deuxième couronne avec plusieurs bulles. Une fièvre et des douleurs articulaires s'y associent. Il peut se compliquer de conjonctivite ou de kératite. Le traitement est surtout celui de l'affection responsable, si elle est identifiée, auquel s'ajoute l'antisepsie des bulles ; la prise de corticostéroïdes par voie orale reste très discutée. Une variété particulièrement sévère d'érythème polymorphe, le syndrome de Stevens-Johnson, où les lésions atteignent les muqueuses de la bouche, gênant l'alimentation, peut nécessiter une réanimation et une alimentation par perfusions.

érythème solaire

Réaction de l'épiderme dû à une exposition solaire excessive.

Synonyme : coup de soleil.

   Après une exposition trop intense ou trop prolongée au soleil, la peau devient érythémateuse (rougeâtre), voire bulleuse (formation de cloques), et le patient ressent une douleur cuisante. Dans un second temps, la peau desquame en lambeaux et se pigmente irrégulièrement. L'érythème solaire correspond à une brûlure du premier ou du second degré. Il survient soit chez des personnes au teint clair, à la peau pauvre en mélanine (celle-ci favorisant la protection contre les rayons du soleil), soit après une exposition insuffisamment protégée.

   Le traitement consiste à appliquer localement des crèmes contre les brûlures et à prendre des antalgiques (calmants) par voie générale. En cas de coup de chaleur associé, une réhydratation en milieu hospitalier est parfois nécessaire.

   Pour prévenir les coups de soleil, l'exposition solaire doit être progressive et la peau, protégée par des crèmes photoprotectrices « écran total », filtrant les rayons brûlants (ultraviolets B). L'application doit être renouvelée toutes les deux heures, surtout après transpiration ou baignade.

   Les expositions solaires favorisent par ailleurs le développement, à long terme, de cancers de la peau : mélanomes malins pour les expositions excessives donnant lieu à des coups de soleil, carcinomes pour celles prolongées tout au long de l'année (marins, agriculteurs). 

érythermalgie

Trouble vasomoteur des extrémités (mains, pieds), qui se manifeste par accès.

Synonyme : érythromélalgie.

   Très rare, l'érythermalgie peut être consécutive à la prise de médicaments (inhibiteurs calciques), à une maladie hématologique (polyglobulie) ou systémique (lupus érythémateux disséminé). Lorsque aucune cause n'est retrouvée, on parle d'érythermalgie primitive. Les crises sont déclenchées par la chaleur ou par un effort physique. Les extrémités, surtout les pieds, deviennent brusquement rouges, chaudes et douloureuses. Le traitement repose sur la prise d'aspirine, voire, en cas d'échec, sur les bêtabloquants ; il vise en outre à traiter la cause de l'érythermalgie si elle est retrouvée.

erythrasma

Infection cutanée bactérienne prédominant aux aisselles et à la face interne des cuisses.

   L'erythrasma est dû à une bactérie, Corynebacterium minutissimum. Il se manifeste par des plaques rosées symétriques nettement délimitées. Le traitement fait appel aux antiseptiques locaux : désinfection avec un savon liquide, application de dérivés imidazolés ou d'érythromycine en solution. Par voie générale, l'érythromycine donne habituellement de bons résultats ; des récidives sont cependant possibles.

érythroblaste

Cellule de la moelle osseuse, spécialisée dans la synthèse de l'hémoglobine et donnant naissance au globule rouge.

   Les érythroblastes constituent entre 10 et 30 % des cellules de la moelle osseuse. Selon leur degré de maturité, on distingue le proérythroblaste, l'érythroblaste basophile, l'érythroblaste polychromatophile et l'érythroblaste acidophile, qui donne naissance à l'érythrocyte, ou globule rouge. Les différents stades sont caractérisés par l'évolution du noyau et du cytoplasme de la cellule : condensation puis expulsion du noyau, enrichissement du cytoplasme en hémoglobine et réduction progressive de la taille des cellules.

   À l'état normal, seuls les globules rouges matures sont présents dans le sang : la présence de cellules à des stades plus précoces (érythroblastose) s'observe lors de certaines anémies et dans certains cancers du sang.

Voir : érythroblastose, érythropoïèse.

érythroblastopénie

Anomalie sanguine caractérisée par la diminution ou la disparition des érythroblastes (cellules de la moelle osseuse spécialisées dans la synthèse de l'hémoglobine) et entraînant une anémie.

   L'érythroblastopénie, anomalie rare, n'entraîne pas de modification des autres cellules sanguines, plaquettes et globules blancs. Elle se traduit par une anémie causant pâleur, essoufflement, fatigue et vertiges. On distingue des formes aiguës et des formes chroniques d'érythroblastopénie.

— Les formes aiguës compliquent souvent une anémie hémolytique (destruction des globules rouges) mais surviennent aussi chez le sujet sain. Souvent, la cause en est alors virale. Le parvovirus humain B19 est capable d'entraîner la destruction des érythroblastes qu'il infecte. D'autres virus peuvent aussi être incriminés : celui de l'hépatite, celui de la mononucléose infectieuse. Enfin, on observe également des érythroblastopénies aiguës transitoires chez l'enfant (d'origine immunologique probable) et des érythroblastopénies d'origine toxique, causées par des médicaments tels que le chloramphénicol et ses dérivés (antibiotiques). Ces mêmes formes guérissent en quelques semaines, spontanément ou après arrêt du toxique en cause.

— Les formes chroniques touchent l'enfant et l'adulte. Chez l'enfant, l'érythroblastopénie chronique, ou maladie de Blackfan-Diamond, est une anomalie rare qui survient dans les premiers mois de la vie. Chez l'adulte, l'érythroblastopénie est parfois associée à d'autres pathologies : tumeur du thymus, myasthénie, lupus érythémateux disséminé, leucémie lymphoïde chronique. De rares cas ont été observés lors du traitement d'une anémie par érythropoïétine recombinante. Mais, dans un grand nombre de cas, elle est isolée et semble alors d'origine auto-immune ou, plus rarement, due à une anomalie des cellules souches de la moelle. La plupart des traitements utilisés dans ces formes sont (en dehors de l'ablation du thymus, en cas de tumeur) des immunosuppresseurs, qui donnent souvent des résultats satisfaisants.