Larousse Médical 2006Éd. 2006
G

greffe de conjonctive

Transfert chirurgical d'un morceau de conjonctive.

   Une greffe de conjonctive est pratiquée en cas de perte de substance de la conjonctive, que celle-ci soit due à un traumatisme (plaie ou brûlure ayant entraîné une importante nécrose ou une adhérence des deux feuillets de la conjonctive) ou à une intervention chirurgicale (ablation d'une tumeur importante ou de toute autre lésion). Le greffon utilisé peut être soit de la conjonctive prélevée à un autre endroit sur l'œil lésé ou sur l'œil intact, soit de la muqueuse buccale.

   L'intervention est pratiquée sous anesthésie générale ou locale. Un pansement oculaire est ensuite laissé en place pendant 24 heures ; l'instillation de collyres et l'application d'une pommade antibiotique et anti-inflammatoire sont nécessaires pendant un laps de temps variable (de 2 à 4 semaines).

   Une greffe de conjonctive n'a aucun retentissement sur la vision. La surveillance porte sur la vitalité du greffon, qui peut être rejeté du fait d'une mauvaise vascularisation ; une nouvelle greffe peut alors être tentée ultérieurement. En revanche, le greffon étant pratiquement toujours prélevé sur le sujet lui-même, le risque de rejet immunitaire est pratiquement nul.

greffe de cornée

Transplantation chirurgicale d'un morceau de cornée.

Synonyme : kératoplastie.

   Les principales indications d'une greffe de cornée sont les œdèmes (dystrophie bulleuse) ou les abcès de la cornée, les taies (opacités de la cornée résultant d'une lésion inflammatoire ou accidentelle), le kératocône (déformation de la cornée) et diverses affections dégénératives de la cornée.

TECHNIQUE

La greffe de cornée consiste à remplacer une partie de cornée malade ou opaficiée par une même portion de cornée saine ou transparente, prélevée sur un sujet décédé ou, beaucoup plus rarement, sur le malade lui-même. Les techniques actuelles permettent de conserver le greffon de cinq jours à une semaine et donc de vérifier l'absence de risque de transmission d'une maladie virale. On distingue les greffes de cornée transfixiantes ou perforantes, les plus fréquentes, dans lesquelles le fragment prélevé correspond à toute l'épaisseur de la cornée, et les greffes de cornée lamellaires, où l'on n'enlève qu'une partie superficielle de celle-ci.

PRONOSTIC

Habituellement bon, il dépend surtout de l'affection en cause. Les risques de rejet sont limités, car la cornée est un tissu dépourvu de vaisseaux, donc relativement isolé du système immunitaire. La surveillance et le traitement sont prolongés et la récupération fonctionnelle est lente.

greffe de foie

Transfert d'une partie ou de la totalité du foie d'un donneur sur un malade receveur.

Synonyme : transplantation du foie.

   C'est, après celle de rein, la greffe d'organe la plus fréquente. La première greffe chez l'homme a été réalisée en 1963 à Denver, États-Unis, par Thomas Starzl.

Indications

— Chez l'adulte, où la limite d'âge peut aller jusqu'à 70 ans, les indications sont nombreuses : hépatopathies chroniques, cirrhoses biliaires primitives ou postvirales, alcoolisme, maladies métaboliques, tumeurs malignes trop étendues pour une exérèse localisée.

— Chez l'enfant, les atrésies des voies biliaires, les maladies métaboliques sont au premier rang. L'indication d'une greffe peut être soulevée en présence d'une insuffisance hépatique aiguë, qui, au même titre qu'un besoin de retransplantation, constitue une priorité.

Différentes techniques

Après décision d'une greffe et détermination des caractéristiques immunologiques (groupe sanguin, groupe HLA) des patients, ceux-ci sont mis sur une liste d'attente selon un ordre de priorité qui varie en fonction de la gravité de leur cas.

   Le foie de remplacement provient d'un sujet en état de mort cérébrale. Après ablation du foie pathologique, le foie sain, préservé par un liquide adapté refroidi à 4 °C pour une durée maximale de 12 à 16 heures, est mis en place et la circulation sanguine rétablie par les anastomoses cave sus-hépatique, artérielle hépatique, portale et cave sous-hépatique. Le rétablissement de la voie biliaire par anastomose directe du canal cholédoque ou par dérivation dans le tube digestif termine l'opération, qui nécessite une large voie d'abord. C'est une opération très importante, parmi les plus lourdes en chirurgie.

   Dans certains cas, afin de faire bénéficier deux receveurs d'un même foie, la greffon hépatique est divisé en deux parties. C'est le principe de la bipartition.

   Enfin, on parle de greffe en domino lorsque le foie d'un sujet atteint d'une maladie métabolique spécifique peut être transplanté chez un autre patient sans dommage tandis que lui-même reçoit un nouveau greffon.

   Dans de rares cas, en raison du nombre insuffisant d'organes disponibles, une partie du foie provenant d'un donneur vivant apparenté peut être utilisé dans des conditions très réglementées. Lorsque le bénéficiaire est un enfant, le prélèvement chez le donneur n'intéresse que le lobe gauche du foie et peut être réalisé par vidéo-endoscopie.

Suites opératoires

La mortalité opératoire est comprise entre 5 et 10 % selon l'état du receveur. Sous couvert d'un traitement immunosuppresseur à vie et d'une surveillance rigoureuse, la survie à 5 ans varie entre 70 et 80 % avec une qualité de vie satisfaisante. En cas d'insuffisance primaire ou secondaire du greffon, une nouvelle transplantation peut être réalisée.

Greffe de main

Transplantation chirurgicale d'une ou des deux mains, voire d'une partie du ou des avant-bras.

   La première greffe de main, qui comprend également une partie de l'avant-bras, a été réalisée à Lyon en 1998 par J.-M. Dubernard et son équipe. Cette greffe peut affecter un seul ou les deux côtés en cas d'amputation bilatérale. Le nombre de tentatives reste limité mais les premiers résultats sont prometteurs. La technique est complexe, comportant dans l'ordre : la reconstruction des tendons et des muscles, les anastomoses artérielles veineuses ou nerveuses, et la suture des tendons et des muscles de la peau. Elle nécessite un traitement immunosupresseur intense. La récupération fonctionnelle est progressive. La faisabilité de cette greffe est désormais démontrée.