Larousse Médical 2006Éd. 2006
R

radius

Os constituant, avec le cubitus, le squelette de l'avant-bras.

STRUCTURE

Le radius se situe à la partie externe de l'avant-bras, dans le prolongement du pouce. C'est un os long de forme légèrement spiralée, ce qui permet sa rotation autour du cubitus lors des mouvements de prono-supination (permettant l'orientation de la paume de la main vers le haut ou le bas, l'arrière ou l'avant, l'intérieur ou l'extérieur). L'extrémité inférieure du radius (apophyse styloïde), triangulaire, s'articule avec le cubitus et le carpe. Son extrémité supérieure (tête radiale), moins volumineuse, dessine une petite tête de forme discoïde articulée avec l'humérus et le cubitus. Le radius et le cubitus sont de plus reliés sur presque toute leur longueur par une membrane interosseuse les solidarisant.

PATHOLOGIE

Outre les maladies osseuses (tumeurs et infections), le radius est le plus souvent le siège de fractures ; en effet, en cas de chute sur le poignet ou sur la paume de la main, c'est lui qui supporte l'essentiel du choc.

— Les fractures en « bois vert », spécifiques de l'enfant, n'atteignent pas le radius sur la totalité de son diamètre. Leur traitement est orthopédique : immobilisation plâtrée pendant une durée de 3 semaines à 3 mois suivant l'âge de l'enfant.

— Les fractures de la diaphyse radiale (partie médiane du radius) peuvent être isolées ou associées à une fracture du cubitus. Le déplacement osseux est souvent important, rendant nécessaire une fixation chirurgicale des fragments osseux par ostéosynthèse (à l'aide d'une plaque vissée, par exemple).

— Les fractures de l'extrémité inférieure du radius sont plus fréquentes chez le sujet âgé (fracture de Pouteau-Colles) et favorisées par l'ostéoporose (raréfaction osseuse). Leur traitement est le plus souvent chirurgical (ostéosynthèse).

— Les fractures de l'extrémité supérieure du radius, fréquentes chez les sportifs, atteignent souvent la cupule radiale (articulation avec l'humérus) ; leur traitement est en général orthopédique (plâtre immobilisant, le moins longtemps possible – de 8 à 15 jours au maximum –, le coude à angle droit) mais, si la tête du radius s'est brisée en plusieurs fragments ou en cas de déplacement important, une intervention chirurgicale peut être nécessaire.

— Les fractures en « motte de beurre », spécifiques de l'enfant, sont caractérisées par un simple tassement de l'os sans déplacement. Elles peuvent atteindre les cartilages de conjugaison (zones situées aux extrémités de l'os, permettant sa croissance en longueur). Leur traitement est orthopédique : immobilisation plâtrée pendant une durée de 3 semaines à 3 mois suivant l'âge de l'enfant.

Voir : avant-bras, pronation.

radon

Gaz naturel inerte et radioactif, dépourvu d'odeur, de couleur et de goût.

   Le radon est issu du radium qui fait partie de la chaîne de désintégration de l'uranium. En France, les régions riches en radon sont la Bretagne, le Massif central, les Vosges et la Corse. Le sol libère facilement le radon dans l'air extérieur où il se dilue et se désintègre. En revanche, les teneurs en radon peuvent être élevées dans les mines, les grottes ou les usines de traitement des eaux. Dans les régions où l'uranium est en forte concentration dans les roches, le radon peut être présent dans les habitations mal ventilées ou construites sur des sols à fort dégagement de radon.

   La pénétration du radon se fait par voie respiratoire et ses métabolites radioactifs se fixent dans les bronches en émettant des particules α d'énergie élevée, irradiant les tissus et altérant l'A.D.N. Une forte exposition au radon augmente le risque de cancer bronchique. On estime que 10 % des cancers bronchiques seraient en partie imputables au radon, surtout chez les fumeurs de tabac.

Voir : cancer bronchopulmonaire.

rage

Maladie infectieuse mortelle transmise des animaux vertébrés à l'homme et due à un virus à A.R.N. de la famille des Rhabdoviridæ du genre Lyssavirus.

   La rage est une zoonose (maladie atteignant l'homme ou l'animal). Le virus, transmis à l'homme par la morsure d'un animal malade ou, plus rarement, simple réservoir de ce virus (chauve-souris), est neurotrope (se fixant sur le système nerveux) et atteint directement les cellules cérébrales, créant une méningoencéphalite irréversible, fatale en 5 à 20 jours. La vaccination antirabique, découverte par L. Pasteur en 1885, a permis de réduire presque complètement le risque de développer la maladie après exposition. Cependant, la maladie déclarée reste mortelle.

CAUSES

Le véhicule de la contamination est la salive, très infectante chez l'animal enragé dès la période d'incubation ; aussi la maladie est-elle parfois contractée par simple léchage d'une plaie. Les animaux responsables sont principalement le loup (Iran), le chien errant (« rage des rues » en Asie [Inde], en Afrique et en Amérique du Sud), le renard (Europe de l'Ouest), les chauves-souris insectivores (monde entier), mais tous les mammifères peuvent être eux-mêmes victimes de la maladie et devenir ainsi dangereux pour l'homme (cheval, mouton, chat et chien domestiques, etc.).

SYMPTÔMES ET SIGNES

La maladie débute, après une incubation d'environ 3 semaines – mais parfois beaucoup plus longue –, par des douleurs localisées à la zone de la plaie d'inoculation, suivies de troubles de l'humeur : un sentiment d'angoisse et, de manière plus particulière, une hydrophobie (peur de l'eau, le malade rejetant celle que l'on tente de lui faire boire) et une aérophobie (peur des mouvements de l'air). Elle se manifeste également par des accès de fièvre, des tremblements, des contractures, par l'apparition de spasmes douloureux à la moindre excitation, par une modification de la voix et une intense salivation.

   La maladie nerveuse débute peu après ; elle peut survenir sous la forme d'une encéphalite rapidement comateuse, consistant en des troubles de la conscience et en des paralysies flasques, qui sont dues à un déficit moteur associé à des troubles du tonus musculaire (rage paralytique) ; elle peut aussi se présenter comme un état d'excitation furieuse (rage furieuse), où les contractures sont exacerbées en crises généralisées précédant la mort ; celle-ci survient dans un délai de 8 jours du fait de troubles respiratoires ou d'une atteinte du myocarde (myocardite virale). Ces signes s'associent à une fièvre généralement très élevée (41 °C) et à une hypersalivation caractéristique.

DIAGNOSTIC

Il est assuré par la recherche du virus ou des antigènes viraux dans la salive, le liquide cérébrospinal ou une biopsie cutanée ou encore par la sérologie sanguine, comparée à celle du liquide cérébrospinal. Un prélèvement d'encéphale peut être réalisé chez l'animal, ou, post mortem, chez l'homme.

TRAITEMENT PRÉVENTIF

En cas de morsure suspecte, il faut d'abord nettoyer la plaie avec de l'eau savonneuse ou des solutions antiseptiques.

   L'animal supposé atteint de la rage doit être mis en observation vétérinaire pendant 15 jours. S'il a été abattu, son cerveau doit être examiné pour déterminer à l'examen microscopique s'il y a présence ou non de corps de Negri (formations arrondies siégeant dans les neurones des sujets atteints de la rage). Si l'animal s'est enfui, il doit être considéré a priori comme suspect de rage : il faut alors s'adresser au centre antirabique le plus proche, qui décide d'effectuer ou non une vaccination antirabique (3 ou 6 doses injectées sur une période de 3 mois), accompagnée, en cas de morsure grave (à la face), d'une sérothérapie spécifique injectée dans la plaie (sérum antirabique ou immunoglobulines spécifiques humaines antirabiques).

    Le vaccin actuellement utilisé est obtenu sur cultures cellulaires et n'entraîne plus aucune complication nerveuse.

VACCINATION PRÉVENTIVE

Le vaccin antirabique est utilisé à titre préventif dans les professions exposées : vétérinaires, agriculteurs, gardes forestiers, etc. Il est par ailleurs hautement recommandé avant un voyage dans un pays à risque. Il s'administre en 2 doses à 1 mois d'intervalle avec rappel 1 et 3 ans après. Il n'y a pas de contre-indication à cette vaccination, même pendant la grossesse.

   La rage animale se traduit par des modifications du comportement habituel de l'animal : s'il est domestique, il devient anormalement et sans raisons agressif ; s'il est sauvage, il vient vers l'homme. De telles modifications doivent donc attirer l'attention, surtout si elles s'accompagnent de troubles de la marche et d'hypersalivation. La prévention de la rage animale passe par la vaccination de tous les animaux domestiques. Celle des renards, maintenant possible par vaccin oral (boulettes distribuées dans les aires d'activité de ces animaux), a permis de repousser la rage vulpine à l'est de la Pologne et de la Slovaquie. Quelques foyers isolés persistent en Europe de l'Ouest. Cette prévention est renforcée par le contrôle sanitaire vétérinaire aux frontières, par l'isolement des bêtes mordues et par le ramassage des animaux errants.

Voir : encéphalite, hydrophobie, pronation, zoonose.