Larousse Médical 2006Éd. 2006
F

foie

Volumineuse glande annexe du tube digestif, aux fonctions multiples et complexes de synthèse et de transformation de diverses substances.

DESCRIPTION

Le foie est situé en haut et à droite de l'abdomen, sous la coupole droite du diaphragme, qui le sépare du poumon correspondant. Il est masqué, en arrière et sur les côtés, par les côtes. Il est en rapport anatomique avec plusieurs éléments. Vers le haut et en arrière, il est fixé au diaphragme par un épais ligament. Sous sa face inférieure, la vésicule biliaire lui est accolée avec, à sa gauche, le pédicule hépatique ; celui-ci est formé de l'artère hépatique (allant de l'aorte vers le foie), de la veine porte (drainant le tube digestif et allant vers le foie) et de la voie biliaire (allant du foie vers la vésicule biliaire et l'intestin).

   Le foie pèse 1,5 kilogramme chez l'adulte. Il présente quatre lobes (les lobes droit et gauche, le lobe médian et celui de Spiegel), chacun étant divisé en un ou plusieurs segments. Le foie est ainsi constitué en tout de 8 segments, chacun étant l'objet d'une vascularisation propre. Cette segmentation permet de réaliser des hépatectomies partielles, dites encore réglées, où l'ablation se limite à un ou quelques segments, 5 au plus.

FONCTIONNEMENT

Le foie reçoit, par l'artère hépatique et la veine porte, des substances chimiques, qu'il transforme et rejette soit dans la bile, par laquelle elles passent dans la vésicule biliaire puis dans l'intestin, soit dans les veines sus-hépatiques, d'où elles passent dans la veine cave puis dans l'ensemble de la circulation sanguine. De plus, il peut synthétiser des substances et en stocker. C'est le physiologiste français Claude Bernard qui le premier a mis en évidence, par des expériences de « lavage » du foie, la fonction glycogénique de cet organe, laquelle consiste à stocker le glucose sous forme de glycogène ; en cas de déficit en glucose, le foie en libère pour maintenir constante la glycémie (taux sanguin de glucose). Ce fonctionnement s'applique à des glucides, à des lipides, à des protéines (le foie synthétise en particulier plusieurs protéines facteurs de la coagulation : le facteur I [fibrinogène], le facteur II [prothrombine] et les facteurs V, VII, VIII et X, dont les taux sont diminués lors des insuffisances hépatocellulaires [destruction massive des cellules du foie]), à des hormones, à des vitamines et aussi à des toxiques, ainsi transformés et rendus inoffensifs ; ces substances sont d'origine interne (venant des organes, des tissus) ou externe (aliments, médicaments). La survie sans foie ne peut durer que quelques heures. En cas d'insuffisance hépatique grave et irréversible, le seul traitement possible est la greffe.

EXAMENS

L'exploration fonctionnelle du foie repose sur les dosages sanguins. Ainsi, une insuffisance hépatique se traduit par une diminution du taux de certaines protéines (albumine), révélée par une altération des tests de coagulation (surtout le temps de Quick). Une cholestase (insuffisance de l'excrétion biliaire) provoque une augmentation du taux sanguin de bilirubine et des phosphatases alcalines. Une cytolyse (destruction des cellules hépatiques) s'accompagne d'une augmentation du taux sanguin des transaminases. Le taux de gamma-glutamyl-transpeptidase sanguine s'élève au cours de toutes les affections du foie. La ponction-biopsie hépatique, pratiquée par voie transcutanée, permet l'examen histologique du fragment de parenchyme hépatique prélevé. Les examens complémentaires radiologiques du foie sont l'échographie, le scanner et l'imagerie par résonance magnétique (I.R.M.). Le fibroscan permet de mesurer l'ampleur de la fibrose par voie externe.

PATHOLOGIE

Le foie peut être atteint par une inflammation (hépatite, d'origine virale, alcoolique, toxique), par une infection bactérienne globale ou localisée (abcès), par un parasite (amibiase, kyste hydatique), par une cirrhose, par une tumeur bénigne ou maligne (carcinome hépatocellulaire, métastases), par certaines maladies de stockage (hémochromatose, amylose) ou encore par des affections congénitales (anomalies du métabolisme, atrésie des voies biliaires).

Voir : cirrhose, hépatite, hépatocyte, insuffisance hépatocellulaire, stéatose.

foie (abcès du)

Collection de pus dans le foie.

   Un abcès du foie est dû à une infection localisée, d'origine bactérienne ou parasitaire (amibe), venant soit de l'intestin, soit des voies biliaires, soit du sang. Il se manifeste par une fièvre, un amaigrissement, une fatigue et parfois des douleurs intermittentes de la région sous-costale droite. Le diagnostic est fait par l'échographie et par le scanner.

   Le traitement repose sur la prise d'antibiotiques ou d'antiamibiens. S'il est insuffisant, l'abcès est drainé par ponction (une aiguille, guidée par échographie, traverse la paroi de l'abdomen) ou par une intervention chirurgicale.

foie (cancer du)

Tumeur maligne du foie.

   Un cancer du foie peut être primitif ou secondaire (métastases provenant d'un autre cancer).

Cancer primitif du foie

C'est une tumeur maligne développée aux dépens soit des cellules hépatiques (carcinome hépatocellulaire), soit des cellules des canaux biliaires (cholangiocarcinome) ou des vaisseaux (angiosarcome). Le cancer primitif du foie était rare en Europe et en Amérique, mais sa fréquence augmente rapidement (5 000 cas par an en France) en raison de l'épidémie d'hépatite C ; il est encore plus fréquent en Afrique et en Asie.

— L'hépatocarcinome, ou carcinome hépatocellulaire (C.H.C.), est la plus répandue des tumeurs hépatiques ; il survient dans 20 % des cas sur un foie sain, plus fréquemment sur un foie atteint d'une maladie hépatique préexistante (cirrhose, hépatite chronique). À la différence de l'Europe, où la cirrhose alcoolique reste la principale cause de ce type de tumeur, dans les pays d'Afrique et d'Asie, le C.H.C. est souvent lié aux virus des hépatites B et C, parfois à la pollution des aliments, notamment par l'aflatoxine (champignon des tourteaux d'arachide).

— Le cholangiocarcinome, beaucoup plus rare, est surtout commun en Asie du Sud-Est, où l'on incrimine le rôle de certaines parasitoses.

— L'angiosarcome, la plus rare des tumeurs primitives du foie, est quelquefois lié à des intoxications chroniques (chlorure de vinyle, arsenic).

SYMPTÔMES ET SIGNES

Le carcinome hépatocellulaire se traduit par un gros foie repérable à la palpation et par un état fébrile pseudo-infectieux. Il provoque une douleur modérée, localisée dans la partie supérieure de l'abdomen, qui constitue souvent le premier symptôme de la maladie. Il peut également se traduire par l'aggravation d'une cirrhose déjà connue. Il est d'ailleurs de plus en plus souvent découvert en surveillant systématiquement une cirrhose ou une hépatite chronique.

DIAGNOSTIC ET ÉVOLUTION

Le diagnostic repose sur l'échographie, le scanner, l'I.R.M. La biopsie hépatique guidée comporte un risque de dissémination de la tumeur. La mise en évidence d'alpha-fœto-protéine dans le sang affirme le diagnostic : cette protéine, absente du sérum des adultes sains ou atteints d'autres maladies hépatiques, est présente chez deux sur trois des malades atteints d'un C.H.C. Le risque de métastases, essentiellement pulmonaires et osseuses, est important.

TRAITEMENT

Il comporte l'ablation chirurgicale de la tumeur quand cela est possible, par hépatectomie partielle. Exceptionnellement, une transplantation hépatique peut être envisagée. Dans les formes ne relevant pas de la chirurgie, le traitement fait appel à la chimiothérapie générale ou locale (injection du produit directement dans la tumeur par un cathéter introduit dans l'artère hépatique) ou à la destruction de la tumeur par la chaleur (radiofréquence).

PRÉVENTION ET PRONOSTIC

La prévention des tumeurs primitives du foie repose sur la lutte contre l'alcoolisme, sur la vaccination précoce contre le virus de l'hépatite B, sur le traitement des hépatites chroniques B et C et sur l'éviction des donneurs de sang contaminés. Le diagnostic précoce des carcinomes hépatocellulaires survenant sur une maladie cirrhotique doit permettre l'amélioration du pronostic, qui demeure actuellement sévère.