Larousse Médical 2006Éd. 2006
I

insuffisance artérielle mésentérique

Déficit de l'apport sanguin dans les artères cœliaque et mésentériques irriguant l'intestin grêle et le côlon (gros intestin).

   Le tube digestif est vascularisé par trois grosses artères : l'artère cœliaque et ses branches, l'artère mésentérique supérieure et l'artère mésentérique inférieure. Elles sont abondamment reliées entre elles, assurent un débit sanguin important (1 litre par minute) et sont capables de suppléer la baisse de débit sanguin en cas d'obstruction de l'une d'elles. L'insuffisance artérielle mésentérique, peu fréquente, ne se manifeste qu'en cas d'obstruction de deux des trois artères et est essentiellement due à la présence de plaques d'athérome sur leurs parois.

— Dans l'intestin grêle, l'insuffisance artérielle se manifeste par un angor abdominal (douleurs intenses survenant lors de la digestion) entraînant rapidement une réduction de l'alimentation. Une mauvaise assimilation des nutriments par l'intestin peut survenir. Dans certains cas, l'insuffisance se révèle d'emblée par un infarctus mésentérique (nécrose de la paroi intestinale).

   Une artériographie des artères abdominales permet d'établir le diagnostic. Le traitement consiste en un rétablissement chirurgical du calibre vasculaire par angioplastie ou intervention directe sur l'artère.

— Dans le côlon, l'insuffisance vasculaire se manifeste par des douleurs abdominales accompagnées de diarrhée sanglante. Il peut s'agir d'une colite ischémique (atteinte de la muqueuse) ou d'une gangrène colique (atteinte de toute l'épaisseur de la paroi). Le diagnostic repose sur l'examen radiologique et sur la coloscopie. La colite ischémique évolue en général favorablement sans traitement ; la gangrène colique, en revanche, nécessite une intervention d'urgence (résection chirurgicale du segment atteint).

Voir : infarctus mésentérique.

insuffisance cardiaque

Incapacité du cœur à assumer sa fonction de pompe et de propulsion du sang.

Synonyme : défaillance cardiaque.

CAUSES

L'insuffisance cardiaque est la complication d'une maladie cardiaque. Elle peut toucher le cœur gauche, le cœur droit ou les deux.

   L'insuffisance cardiaque (ou ventriculaire) gauche peut être consécutive à une hypertension artérielle, à une atteinte valvulaire (rétrécissement ou insuffisance aortique ou mitrale), à une maladie cardiaque congénitale telle que la coarctation aortique (étroitesse de l'isthme de l'aorte), à une cardiopathie ischémique (diminution ou arrêt de la circulation sanguine dans une ou plusieurs artères du cœur), à une myocardiopathie (maladie du muscle cardiaque). Souvent, dans un premier temps, le cœur s'adapte par une dilatation des cavités gauches (essentiellement le ventricule) et/ou un épaississement de leurs parois musculaires ou par une accélération du rythme cardiaque. Mais une fois ces mécanismes compensateurs dépassés, l'insuffisance cardiaque s'installe.

   Un trouble du rythme, une anémie profonde, une hyperthyroïdie peuvent aussi favoriser l'apparition d'une insuffisance cardiaque.

   L'insuffisance cardiaque gauche entraîne une stase du sang dans les poumons (œdème pulmonaire), responsable d'une gêne respiratoire parfois intense à l'effort puis au repos.

   L'insuffisance cardiaque (ou ventriculaire) droite est le plus souvent consécutive à une hypertension artérielle pulmonaire, elle-même causée par une affection pulmonaire (bronchite chronique avec emphysème, embolie pulmonaire). Elle peut également être due à une cardiopathie congénitale (communication interventriculaire ou interauriculaire, rétrécissement pulmonaire).

   Une insuffisance ventriculaire gauche peut se compliquer d'une insuffisance ventriculaire droite et ainsi créer une insuffisance cardiaque globale.

SYMPTÔMES ET SIGNES

L'insuffisance cardiaque gauche provoque une gêne respiratoire (dyspnée). Au début, cette gêne s'observe seulement pendant ou après l'exercice physique (dyspnée d'effort), puis elle s'intensifie et finit par persister même au repos. Le malade dort assis dans son lit pour mieux respirer (dyspnée de décubitus). Il peut être réveillé la nuit par une crise d'œdème aigu pulmonaire (inondation brutale des alvéoles et du tissu interstitiel des poumons par du plasma sanguin) avec gêne respiratoire aiguë, respiration bruyante, sueurs et expectoration mousseuse. Cette crise nécessite un traitement d'urgence.

   L'insuffisance cardiaque droite crée une hyperpression dans le système veineux, responsable d'une dilatation des veines jugulaires au cou, d'une augmentation de volume du foie (foie cardiaque), d'œdèmes des chevilles et des jambes, parfois d'une gêne abdominale et de troubles digestifs.

TRAITEMENT

Le traitement est celui des symptômes et, si possible, celui de la cause. Il comprend le repos au lit en position assise et le strict respect d'un régime alimentaire pauvre en sel. Le malade reçoit des diurétiques, destinés à soulager l'organisme de son excès de rétention d'eau et de sel et qui diminuent le volume de sang circulant. Dans certains cas, des vasodilatateurs (facilitant le travail du cœur) sont administrés : ils entraînent une nette amélioration en quelques heures.

   Une fois l'insuffisance cardiaque contrôlée, il faut s'attaquer à sa cause. Une maladie valvulaire peut être corrigée chirurgicalement, une cardiopathie ischémique traitée par pontage aortocoronaire ou par angioplastie.

   De nombreuses autres causes sont également accessibles au traitement : l'hypertension artérielle et les arythmies sont soignées par des médicaments, tandis que les communications interauriculaires et interventriculaires sont fermées par une intervention chirurgicale à cœur ouvert. La prévention, essentielle, consiste à surveiller toute maladie du cœur avant l'apparition de l'insuffisance cardiaque et à mettre en œuvre un traitement aux premiers stades de celle-ci. Lorsque les médicaments et le traitement de la cause ne sont pas suffisants, la mise en place d'un pacemaker avec plusieurs sondes (multisite) peut diminuer les symptômes en améliorant la synchronisation de la contraction des ventricules. En dernier recours, en cas d'échec de toutes les thérapeutiques, une greffe cardiaque doit parfois être effectuée. Toutefois, lorsque l'insuffisance cardiaque est due à une affection du myocarde évoluant depuis longtemps (myocardiopathie) ou à une maladie pulmonaire chronique, le pronostic est, en général, moins favorable.

Voir : cardiopathie, myocardiopathie, réanimation cardiaque.