Larousse Médical 2006Éd. 2006
A

allergie

Réaction anormale et spécifique de l'organisme au contact d'une substance étrangère (allergène) qui n'entraîne pas de trouble chez la plupart des sujets.

   Pour que se développe une allergie, il est indispensable qu'un premier contact ait eu lieu entre l'allergène et l'organisme du sujet. C'est cette sensibilisation qui est anormale, car la manifestation allergique qui lui succède n'en est que la conséquence.

MÉCANISME

Le rôle du système immunitaire est de reconnaître les antigènes qui se trouvent à la surface des particules ou des micro-organismes et, en réponse, de produire des anticorps (immunoglobulines) et des globules blancs (lymphocytes). Ceux-ci entreront en contact avec ces antigènes afin de détruire les micro-organismes qui les portent. Un processus semblable se déclenche dans le mécanisme de l'allergie, mais le système immunitaire produit alors des anticorps et des lymphocytes sensibilisés à des substances inoffensives, les allergènes, qui sont considérés comme des antigènes particuliers et, de ce fait, dangereux. Mais ce n'est pas le cas : c'est la réaction à ces antigènes qui est particulière et, possiblement, dangereuse.

CAUSES

Les allergies surviennent chez des sujets génétiquement prédisposés : il est fréquent que des manifestations allergiques aussi diverses que l'asthme, l'eczéma atopique, la rhinite allergique ou l'urticaire touchent plusieurs membres d'une même famille. Le mode de transmission de cette prédisposition est complexe car il n'y a pas qu'un seul gène en cause. D'autres facteurs favorisent le développement des réactions allergiques : l'environnement (présence d'un animal ou de pollens), les infections virales et les facteurs émotionnels.

DIFFÉRENTS TYPES D'ALLERGIE

Les réactions inappropriées ou exagérées qui se manifestent dans les allergies sont appelées réactions d'hypersensibilité.

— L'hypersensibilité de type I, ou hypersensibilité immédiate, est la plus fréquente. Les allergènes en cause proviennent des pollens (graminées, arbres, herbes), des acariens contenus dans la poussière domestique et les squames d'animaux (infimes particules de peau ou de poil), des moisissures atmosphériques, de certains médicaments (par exemple, pénicilline) et aliments (œufs, lait, poissons, crustacés, fruits secs), du venin d'insectes (abeille, guêpe), de colorants alimentaires (tartrazine). Certaines réactions succédant à l'ingestion de fraises ne relèvent pas obligatoirement de l'allergie mais sont dues à une substance qui favorise la libération d'histamine, sans qu'il y ait pour autant d'anticorps contre cette substance. Lorsqu'il y a contact avec l'un de ces allergènes, les anticorps, immunoglobulines E (IgE), élaborés se fixent sur les mastocytes, cellules de la peau et des muqueuses dont les granulations contiennent de l'histamine (substance responsable des symptômes de l'inflammation et qui provoque également la contraction des muscles bronchiques). Lors d'un second contact, l'allergène s'unit aux IgE, ce qui entraîne la dégranulation des mastocytes, c'est-à-dire la libération de l'histamine et, par là, les divers symptômes de l'allergie : éruption, démangeaisons, gonflement, écoulement nasal, obstruction nasale, éternuements, toux spasmodique, conjonctivite, difficulté respiratoire, diarrhée. Il en résulte des manifestations comme l'asthme, le rhume des foins, l'urticaire, l'œdème de Quincke, le choc anaphylactique et de nombreux types d'allergie alimentaire.

— L'hypersensibilité de type II, moins fréquente, est de nature cytotoxique ; elle fait intervenir les anticorps IgG et IgM et est responsable des réactions transfusionnelles, de l'incompatibilité fœto-maternelle et d'anémies hémolytiques. Cette réaction contre d'autres présentations du même antigène s'appelle une allo-immunisation. Certains médicaments peuvent se fixer à un antigène (de groupe sanguin par exemple) et le transformer en un allo-antigène artificiel.

— L'hypersensibilité de type III fait intervenir les anticorps IgG. Elle est responsable de glomérulonéphrites, du lupus érythémateux disséminé et d'une forme de maladie pulmonaire, la pneumopathie d'hypersensibilité (alvéolite allergique extrinsèque, poumon de fermier, maladie des éleveurs d'oiseaux), ainsi que du gonflement de la peau lors des rappels de vaccination. Ces anticorps se fixent à leurs antigènes pour constituer des complexes immuns qui, en se déposant, vont provoquer les lésions de la maladie.

— L'hypersensibilité de type IV est une réaction cellulaire retardée responsable de dermatoses allergiques consécutives au contact de la peau avec certaines matières (nickel, caoutchouc, détergents, cosmétiques) et de granulomes (tuberculose, sarcoïdose), ainsi que du rejet d'un organe greffé.

DIAGNOSTIC

Évoqué à partir des antécédents personnels et familiaux du sujet, de ses habitudes de vie, des signes cliniques (eczéma, urticaire, conjonctivite, rhume des foins, rhinite, asthme, diarrhée, etc.), le diagnostic est étayé par des tests cutanés, et, dans certains cas, confirmé par des examens de laboratoire.

TRAITEMENT

Le meilleur traitement consiste à éviter, dans la mesure du possible, tout contact avec l'allergène en cause. La désensibilisation est utile pour les allergies aux venins d'insectes, aux acariens et à certains pollens : en administrant, sous une surveillance médicale stricte, des doses infinitésimales et très progressivement croissantes d'allergène, on favorise la formation d'anticorps, qui bloqueront par la suite les réactions allergiques. Ce traitement réussit dans environ 2 cas sur 3 mais doit être poursuivi pendant 3 ans au moins. Il peut provoquer des effets indésirables (démangeaisons, œdèmes, éruptions), rarement sérieux (asthme, choc anaphylactique). Les antihistaminiques soulagent les symptômes (démangeaisons dues à une piqûre d'insecte, par exemple).

Voir : toxidermie, pollinose, rhume.

allergie alimentaire

Réaction immunitaire anormale (allergie) induite par un aliment.

   Ce terme est à différencier de l'intolérance alimentaire, où le système immunitaire ne joue aucun rôle. La fréquence et la sévérité des allergies alimentaires ne cessent d'augmenter, et certaines allergies, comme celles à l'arachide, représentent un problème de santé publique mondial. Les autres aliments le plus souvent incriminés sont l'œuf, le lait, le poisson, les crustacés, le soja et la noisette.

SYMPTÔMES ET SIGNES

Ils sont ceux de toute allergie : éruption cutanée, réaction asthmatique, voire choc anaphylactique.

TRAITEMENT

Une allergie alimentaire se traite de la même façon que tout phénomène allergique. La prévention consiste à exclure absolument de l'alimentation l'aliment responsable.

Voir : allergie.