Larousse Médical 2006Éd. 2006
H

hépatite virale C

Inflammation du foie due à l'infection par un virus à A.R.N. (type C).

   Le virus de l'hépatite C est très répandu dans le monde et, outre l'inflammation du foie, il est responsable de nombreuses pathologies.

Épidémiologie

Le virus C est présent dans le monde entier : 3 % de la population mondiale en est atteinte. Sa distribution ressemble à celle du virus de l'hépatite B mais ne s'y superpose pas. Certains pays, comme l'Égypte, battent des records de fréquence. En France, environ 1 % de la population est porteuse du virus C, soit quelque 600 000 personnes.

   Il existe plusieurs génotypes (variantes génétiques) du virus. Les principales sont numérotées de 1 à 6. Leur sensibilité au traitement est variable. Les types 1 et 4 résistent beaucoup au traitement, le 2 et le 3 y sont sensibles, le 5 et le 6 sont très rares.

   Parmi les porteurs de virus C, 20 % atteignent le stade de la cirrhose et 5 % développent un carcinome hépatocellulaire.

Modes de contamination

Il y a deux grandes sources de contamination.

— La transfusion sanguine a infecté beaucoup de personnes (chirurgie cardiovasculaire, chirurgie orthopédique). Depuis 1990, les donneurs de sang sont testés et écartés s'ils sont porteurs du virus. Il n'y a donc plus de nouveaux cas, mais beaucoup de patients transfusés sont encore vivants.

— La toxicomanie par injection est une seconde source de contamination. Le virus C se transmet très facilement et peut être contracté après de très brèves expériences d'injection. Le partage des pailles à sniffer la cocaïne est également infectant.

   Plus rares sont les transmissions par endoscopie ou par instruments chirurgicaux mal stérilisés (les normes de stérilisation sont maintenant draconiennes). Dans 10 à 15 % des cas, le mode de contamination est inconnu.

   Il n'y a pratiquement pas de transmission par voie sexuelle. La transmission de la mère à l'enfant est exceptionnelle (femmes enceintes immunodéprimées par le V.I.H.).

Diagnostic de l'infection

Le diagnostic des hépatites C aiguës est rarissime. En général, l'hépatite initiale passe inaperçue. Si elle est diagnostiquée, un traitement antiviral peut être appliqué. La plupart du temps la maladie n'est pas diagnostiquée. Le passage à la chronicité s'établit dans plus de 70 % des cas. L'évolution est très longue et peut s'étendre sur des dizaines d'années. La maladie se traduit par un certain degré de fatigabilité. Les transaminases sont très légèrement élevées.

   Le dépistage se fait sur la découverte d'anticorps antivirus C dans le sang. Ce test ne suffit pas au diagnostic (il peut s'agir d'une immunité ancienne après guérison). Il convient de faire une recherche de l'A.R.N. du virus par PCR (une technique virologique très sensible). On obtient un dosage quantitatif du virus et on établit son génotype (variante génétique du virus).

Diagnostic de cirrhose

La biopsie hépatique est la meilleure mesure de l'évolution de la maladie vers la cirrhose. Cependant, il s'agit d'un examen désagréable et un peu dangereux. On lui a substitué des méthodes non invasives, le fibrotest et le fibroscan. La conclusion de ce bilan permet de mesurer la gravité de la maladie et de porter l'indication d'un traitement.

Manifestations extra-hépatiques

Le virus C entraîne de nombreux troubles en dehors des manifestations hépatiques.

   La fatigue chronique est un symptôme très fréquent et parfois très pénible de l'hépatite. On peut observer des arthralgies et des myalgies (douleurs musculaires). Des maladies de la thyroïde peuvent survenir.

   Quand l'hépatite évolue depuis longtemps, il apparaît dans le sang des cryoglobulines qui, la plupart du temps, ne donnent aucun trouble mais sont parfois responsables de lésions cutanées, de vascularite, de neuropathies, d'atteinte rénale (glomérulonéphrites).

   Peuvent encore survenir, des lymphomes non hodgkiniens (tumeurs malignes développées à partir des lymphocytes), une porphyrie cutanée tardive (maladie bulleuse de la peau), un lichen plan (toujours la peau) ainsi que d'autres maladies auto-immunes.

Traitement

Il n'y a qu'un seul traitement : l'association d'interféron alpha retard (combiné au polyéthylène glycol) injectable une fois par semaine (il existe deux formes commerciales identiques par l'efficacité) et d'un médicament antiviral, la ribavirine.

   Les indications du traitement sont données par la constatation d'une activité sensible du virus (élévation des transaminases) et l'existence d'une fibrose significative. La durée du traitement est variable selon le génotype et la concentration virale. Elle est de 24, 48, ou plus rarement, 72 semaines.

   La réponse des patients est variable. Dans les meilleurs cas, la disparition du virus est rapide et le virus ne réapparaît pas à l'arrêt du traitement (la réponse virologique prolongée est synonyme de guérison). Dans d'autres cas moins heureux, le virus réapparaît à l'arrêt du traitement (répondeur-rechuteur), voire persiste sous traitement. Le taux des succès thérapeutiques varie de 30 à 70 %. Le traitement est plus efficace chez les Asiatiques. En cas d'échec, il faut recommencer après un temps de repos.

   La tolérance du traitement est souvent médiocre et la liste des effets délétères est très longue. Les principaux sont les syndromes dépressifs, les maladies de la thyroïde, l'anémie (manque de globules rouges), la thrombopénie (manque de plaquettes). Une surveillance mensuelle est nécessaire.

Cas particuliers

— Alcool. L'interdiction des boissons alcoolisées est la seule prescription diététique. Mais elle est stricte. Au-delà d'un verre de vin par jour, le pronostic de l'hépatite C est significativement aggravé. La plupart des buveurs ayant contracté le virus C développent une cirrhose.

— Sida. La plupart des patients toxicomanes atteints par le V.I.H. (virus du sida) sont également atteints par le virus C. La coïnfection par les deux virus accélère considérablement l'évolution vers la cirrhose, d'autant plus que beaucoup de ces patients sont en même temps buveurs. Outre la lutte contre la boisson, il convient de les débarrasser du virus C et ce, avant que l'on en vienne à un traitement antiviral V.I.H. En effet, au stade précoce de l'infection par le V.I.H., les patients ont une meilleure immunité. Par ailleurs, les médicaments anti-V.I.H. et la ribavirine ne sont pas toujours compatibles.

Voir : cirrhose, fibroscan, fibrotest/Actitest, sida.