Larousse Médical 2006Éd. 2006
M

médicament (suite)

Formes médicamenteuses

La forme sous laquelle se présente le médicament est différente selon le mode d'administration : voie orale, rectale ou parentérale (par injection).

VOIE ORALE

Les médicaments que l'on avale sont préparés soit sous une forme liquide, d'absorption facile, soit sous une forme solide, de meilleure conservation. Ils se présentent en doses multiples (sirops, poudres), à mesurer lors de la prise, ou en doses unitaires (comprimés, ampoules).

— Les ampoules de soluté buvable contiennent le plus souvent des fortifiants, ou antianémiques. Le soluté doit être bu dès l'ouverture de l'ampoule, car sa conservation n'est plus alors assurée.

— Les cachets, au sens strict, sont composés de deux cupules de pain azyme contenant un médicament en poudre. Ils sont maintenant rarement utilisés. Le langage courant use volontiers du mot « cachet » pour désigner un comprimé. Cet emploi non technique n'est pas admis par les spécialistes.

— Les comprimés sont des préparations solides de substances médicamenteuses et d'excipients (base neutre dans laquelle sont incorporés les principes actifs), additionnées ou non d'adjuvants (base active qui accroît l'efficacité du médicament). La moitié des médicaments actuellement administrés le sont sous la forme de comprimés, d'emploi facile et de dosage précis.

   Le comprimé à sucer, ou tablette, a une action locale (par exemple antiseptique ou anesthésique, contre les maux de gorge).

   Il existe des comprimés à sucer, des comprimés effervescents, des comprimés multicouches, ce qui permet d'inclure plusieurs principes actifs, autrement incompatibles, dans le même comprimé ou de ne les libérer qu'à des vitesses ou à des moments différents ; des comprimés à libération modifiée, fabriqués de façon à retarder ou à prolonger dans le tube digestif la libération des substances médicamenteuses ; enfin, des comprimés sublinguaux, maintenus sous la langue afin de permettre la libération du principe actif et son absorption directe grâce à la vascularisation dense de la muqueuse locale, ce qui lui épargne l'action des sucs gastriques.

— La dragée est un comprimé enrobé ; on l'appelle aussi comprimé dragéifié. L'enrobage peut avoir une action thérapeutique propre, servir à masquer un goût ou une odeur désagréable ou servir à protéger le principe actif, par exemple contre sa destruction par les sucs gastriques.

— L'élixir est une préparation liquide de substances médicamenteuses (calmant de la toux ou des douleurs de l'estomac, par exemple) dissoutes dans l'alcool (20 % d'alcool et 20 % de sucre ou de glycérine).

— Une émulsion est un liquide contenant en suspension des gouttelettes très fines d'un autre corps, avec lequel il ne peut pas se mélanger (à la différence des solutés).

— Les essences, ou huiles essentielles, sont des produits volatils et aromatiques extraits, le plus souvent par distillation, des plantes. Leur administration par voie orale se fait en général en solution dans l'alcool (eau de mélisse, alcool de menthe).

— Les extraits se préparent par dissolution d'une substance – végétale ou animale – puis par évaporation du solvant jusqu'à obtention de la consistance recherchée (extrait fluide, mou ou sec). Ils servent à confectionner divers médicaments, par exemple l'extrait concentré d'orange amère pour sirop.

— Les gélules ou les capsules sont de petits récipients de gélatine contenant un médicament liquide ou en poudre. Leur forme permet l'absorption de médicaments au goût ou à l'odeur désagréable (essences végétales). Certaines sont conçues pour libérer leur contenu dans l'estomac, d'autres pour le libérer seulement dans l'intestin grêle. Les capsules à action prolongée contiennent en général un médicament sous la forme de plusieurs grains dont les enrobages sont de nature différente, ce qui permet une durée de libération prolongée et/ou programmée dans le tube digestif.

— Les granulés sont des préparations solides constituées principalement par du sucre et renfermant divers principes médicamenteux. Ils peuvent être absorbés après dissolution ou désagrégation dans l'eau ou pris à la cuillère et avalés directement.

— Les pilules sont des préparations ayant la forme de petites masses sphériques. Elles sont rarement utilisées de nos jours.

— La potion est un médicament aqueux et sucré qui s'administre à la cuillère. Elle doit être consommée dans les jours qui suivent sa préparation par le pharmacien – de préférence dans les 24 heures.

— Les poudres peuvent être simples ou composées, les principes actifs (antibiotiques, levures, pansements gastriques) étant répartis ou non dans une poudre inerte (lactose, par exemple). Elles sont, en général, absorbées après dissolution ou mises en suspension dans de l'eau.

— Les sirops composés peuvent renfermer des principes actifs variés (sirops contre la toux, sirops sédatifs ou hypnotiques). La forte concentration en sucre du sirop assure sa conservation. Il existe aussi des sirops sans sucre pour les diabétiques.

— Les solutés sont toutes les solutions médicamenteuses homogènes. Ils proviennent de produits extraits des végétaux et dilués (dans de l'alcool, par exemple) ou de produits naturels (plantes, etc.) que l'on dissout dans un solvant. L'alcoolat est une forme de soluté.

— Une suspension médicamenteuse est un liquide contenant un principe actif sous la forme de particules solides non dissoutes. Cette forme est choisie quand le principe actif est insoluble dans l'eau (antibiotiques destinés aux enfants). Les suspensions doivent être agitées manuellement juste avant d'être administrées pour que toutes les cuillerées contiennent la même quantité de principe actif.

— La teinture est un soluté alcoolique résultant de l'action dissolvante de l'alcool sur des substances végétales, animales ou chimiques (teinture d'iode, par exemple). Les teintures sont des produits stables et facilement dosables.

VOIE RECTALE

La vascularisation de la muqueuse rectale permet l'absorption et le transfert rapide dans la circulation sanguine des principes actifs. Par ailleurs, les médicaments pris par voie rectale ne subissent pas l'action des sucs digestifs. Enfin, dans certains cas (personnes ayant des difficultés à s'alimenter, enfants), la voie rectale est plus pratique que la voie orale.

   Cependant, la perméabilité de la muqueuse rectale doit inciter à la prudence dans l'utilisation de médicaments très actifs, surtout chez l'enfant.

— La pommade a une action principalement locale.

— Le suppositoire est une préparation, molle ou solide, de beurre de cacao, de gélatine glycérinée ou d'une autre substance ad hoc contenant un ou plusieurs principes actifs ou bien constituant le principe actif. Les suppositoires peuvent avoir une action locale (suppositoires à la glycérine utilisés comme laxatif) ou une action générale (antibiotiques, sédatifs, hypnotiques).

— Le lavement est utilisé pour une action évacuatrice ou pour l'administration locale de médicaments.

FORMES INJECTABLES

Les préparations injectables sont des liquides purs, des solutions, des suspensions ou des émulsions liquides destinés à être administrés par voie parentérale. La nature des solvants varie : eau pour préparations injectables, huiles végétales, hydrocarbures (huile de vaseline), alcools (éthanol), lanoline, etc. Ces préparations doivent être stériles. En général, elles sont neutres quant à l'équilibre acidobasique et ont la même tension osmotique que le plasma sanguin (isotonie), bien que des préparations hypertoniques puissent être administrées dans certaines conditions par voie intraveineuse. Elles sont apyrogènes, c'est-à-dire qu'elles ne provoquent pas de réaction fébrile.

   Les préparations injectables sont contenues dans des ampoules, en verre ou en P.V.C., ou dans des flacons de tailles diverses allant jusqu'aux grands flacons à perfusion d'un litre. Il existe aussi des seringues auto-injectables. Tous ces récipients sont hermétiques, inertes et stériles ; ils doivent assurer la conservation de leur contenu sans altération.

   Les voies d'administration des préparations injectables sont la voie intraveineuse, la voie intramusculaire, la voie intradermique (dans la peau, entre l'épiderme et le derme), la voie sous-cutanée (sous la peau, dans le tissu conjonctif), la voie intra-artérielle, la voie intracardiaque, la voie intrarachidienne (entre la moelle épinière et la colonne vertébrale : le médicament se mélange au liquide cérébrospinal) et la voie épidurale (dans le canal sacré).

   L'implant n'est pas une injection ; c'est un comprimé introduit sous la peau (disulfirame, etc.), libérant le produit actif en plusieurs jours ou plusieurs semaines.