Larousse Médical 2006Éd. 2006
D

décollement épiphysaire

Traumatisme osseux, spécifique à l'enfant et à l'adolescent, atteignant le cartilage de conjugaison (zone de croissance de l'os).

   Les épiphyses (extrémités des os longs) sont séparées de la diaphyse (corps de l'os) par une mince lame cartilagineuse, le cartilage de conjugaison, également appelé cartilage de croissance, qui constitue la zone d'accroissement actif de l'os. Un accident peut provoquer une séparation, appelée décollement, entre ce cartilage et le reste de l'os, laquelle peut s'associer ou non à une fracture. À l'examen, la région est douloureuse et parfois déformée ; le diagnostic nécessite une radiographie.

TRAITEMENT

Le plus souvent, le traitement est orthopédique : il consiste en une manipulation externe faite sous anesthésie et destinée à remettre en position normale la région traumatisée, puis en un plâtrage laissé en place jusqu'à la consolidation. Les résultats sont en général bons ; cependant, des anomalies peuvent apparaître par la suite sans qu'on puisse les prévoir, et une surveillance sérieuse de cette zone est nécessaire jusqu'à la fin de la croissance de l'enfant.

décollement postérieur du vitré

Détachement du corps vitré de l'œil, normalement lié à la rétine.

Abréviation : D.P.V.

   Le corps vitré est une masse gélatineuse, transparente, remplissant l'œil et attachée par endroits à la rétine. Il s'en détache avec l'âge, ce qui conduit à un décollement postérieur du vitré (D.P.V.), phénomène normal après 50 ans, plus fréquent chez le myope et chez les personnes opérées de la cataracte.

   Le plus souvent asymptomatique, ce phénomène s'accompagne parfois de myodésopsies (vision de mouches volantes) ou de phosphènes lumineux (éclairs) nécessitant un examen ophtalmologique en urgence afin de s'assurer de l'absence de complications (hémorragies, déchirures ou décollement rétiniens).

décompensation

Rupture de l'équilibre physiologique de la fonction d'un organe.

   Une cardiopathie valvulaire est dite décompensée, par exemple, lorsque la lésion de la valvule est telle qu'elle entraîne un déficit de la fonction circulatoire que le cœur ne peut compenser par un travail supplémentaire (insuffisance cardiaque).

décompression

Diminution de la pression qui s'exerce sur l'organisme d'un sujet après que celui-ci a été soumis à une pression supérieure à la pression atmosphérique.

ACCIDENTS DE DÉCOMPRESSION

Les accidents de décompression affectent principalement les plongeurs en scaphandre autonome et les ouvriers travaillant dans des caissons pressurisés (on parle alors de maladie des caissons), mais aussi les aviateurs et les astronautes.

   La décompression, lorsqu'elle est trop rapide, entraîne la formation de bulles dans les vaisseaux et les tissus de l'organisme du fait de la diminution brutale de la pression qui s'exerce sur lui. Les manifestations de ce type d'accident sont multiples. Des symptômes, comme un emphysème sous-cutané (infiltration gazeuse sous-cutanée) et des démangeaisons, peuvent précéder des douleurs articulaires violentes, en particulier aux épaules et aux genoux. Les atteintes du système nerveux se traduisent, notamment, par une faiblesse des jambes et des troubles de la vision et de l'équilibre, mais elles peuvent aussi se signaler par une paraplégie, liée à la présence de bulles d'azote dans les tissus nerveux, ainsi que par des hémiplégies et des crises d'épilepsie par embolie gazeuse.

   Dès l'apparition des premiers troubles, le sujet doit être conduit de toute urgence vers un centre spécialisé, où une recompression dans un caisson hyperbare s'impose. La prévention repose sur le respect des paliers de décompression, par exemple lors de la remontée, pour les plongeurs.

Voir : barotraumatisme, maladie des caissons.

décontamination

Action visant à éliminer une dispersion involontaire de matières radioactives.

   La décontamination porte essentiellement sur des liquides radioactifs. En dépit des mesures de sécurité préconisées, ceux-ci peuvent se répandre accidentellement sur le sol, sur les surfaces de travail, voire atteindre les personnes (contamination externe) ; ils peuvent même pénétrer à l'intérieur de l'organisme par les voies respiratoires, digestives ou cutanées.

   Les techniques de décontamination varient selon la nature des éléments radioactifs en cause. En général, un lavage soigneux à l'aide de détergents spécifiques permet de réduire la contamination externe. En cas de contamination interne, le transit de la substance active dans l'organisme sera accéléré pour favoriser l'élimination de celle-ci (diurèse forcée, administration du même élément non radioactif). Le degré de la décontamination doit être vérifié par des détecteurs de rayonnement adaptés.

décortication

Intervention chirurgicale consistant à séparer un organe de son enveloppe fibreuse, normale ou pathologique.

   Selon la technique utilisée, mais surtout selon l'organe concerné, on distingue différents types de décortication.

   Une des plus importantes est la décortication pulmonaire, pratiquée notamment dans les pleurésies purulentes, au cours desquelles des membranes fibreuses épaississent et durcissent la plèvre, qui empêche alors le poumon de bouger normalement. La décortication consiste à retirer ces membranes, éventuellement après avoir pratiqué l'ablation d'une côte pour accéder plus facilement à la zone opérée.

   Certaines interventions supposent une décortication du rein ou du cœur.

décubitus

Attitude du corps allongé sur un plan horizontal.

   Le décubitus peut être dorsal, ventral ou latéral droit ou gauche.

   Dans un cadre pathologique, le décubitus latéral en chien de fusil est caractéristique des patients atteints de méningite. Lors d'une pleurésie, le décubitus latéral sur le côté malade soulage la respiration.

   Le décubitus prolongé provoque des escarres aux points de pression, dits escarres de décubitus. On les prévient par l'usage de matelas spéciaux et par des massages.

dédoublement de la personnalité

Trouble de l'unité de la conscience de soi, caractérisé par l'apparition en alternance d'une personnalité première et d'une ou de plusieurs personnalités secondaires chez un même sujet.

   Le dédoublement de la personnalité peut avoir diverses causes et se manifester sous différentes formes.

— Le syndrome des personnalités multiples se manifeste par la succession, chez un même patient, de plusieurs personnalités imaginaires, revêtues par le jeu d'une substitution de l'expérience rêvée à l'expérience réelle. Cet état peut se rencontrer au cours de certaines névroses ainsi que chez les sujets hyperimaginatifs qui supportent mal les frustrations et fuient la réalité.

— Le dédoublement manichéen se traduit par la conviction du sujet que deux personnages à la fois complémentaires et opposés existent en lui et vivent à tour de rôle, ou même simultanément, une vie totalement différente. Un tel état, proche de celui que l'écrivain britannique Robert Stevenson a décrit dans Docteur Jekyll et Mister Hyde (1886), peut être dû au délire chronique, à la schizophrénie, à l'automatisme mental ou à l'épilepsie.

— D'autres formes, plus atténuées, de dédoublement de la personnalité se rencontrent dans les cas de confusion mentale, de dépersonnalisation ou dans certains cas inexpliqués d'affaiblissement transitoire du sentiment d'identité. L'une de ces formes est l'héautoscopie, qui peut aussi être considérée comme une hallucination dans laquelle le sujet perçoit l'image de son propre corps comme si elle était projetée en dehors de lui. Elle peut résulter d'une atteinte cérébrale diffuse (encéphalite infectieuse, tumeur, intoxication chimique, épilepsie). Elle peut également s'observer au cours du sommeil (hallucination hypnagogique, à l'endormissement, ou hypnopompique, au réveil), sous hypnose, lors d'une relaxation, et plus généralement dans tous les états où la vigilance est amoindrie, pour quelque raison que ce soit (accident, deuil, traumatisme).

   Le trouble schizophrénique n'est pas un dédoublement de la personnalité.