Discipline médicale consacrée à l'étude et au traitement des maladies mentales.
La psychiatrie porte, jusque dans sa pratique actuelle, les traces de son évolution historique. Dès l'Antiquité, les médecins grecs et romains, et, plus tard, les médecins arabes, ont tenté de séparer la folie du magique et du surnaturel. Cette conception, plusieurs fois battue en brèche au cours des siècles – les « fous » passant alors pour des possédés du démon ou des sorciers –, débouche à l'époque de la Révolution française sur l'accès de l'aliénisme au rang de véritable science médicale avec Philippe Pinel (1745-1826), qui propose une classification des maladies mentales, décrit des tableaux cliniques, instaure des thérapeutiques. En Allemagne, Emil Kraepelin (1855-1926) érige une monumentale classification des troubles mentaux, qui fait bientôt autorité. À la suite des travaux sur l'hystérie du neurologue Jean-Martin Charcot (1825-1893), le neuropsychiatre autrichien Sigmund Freud (1856-1939) fonde la psychanalyse, première théorie globale du psychisme articulée à une méthode thérapeutique. La découverte des neuroleptiques en 1952, l'apport des sciences fondamentales (psychologie et sociologie), des sciences humaines et de la médecine psychosomatique achèvent de donner à la psychiatrie son visage actuel.
En un demi-siècle, l'efficacité de la psychiatrie s'est considérablement accrue, de même que son champ d'action (médecine psychosomatique, psychiatrie transculturelle), grâce aux psychothérapies individuelles et de groupe, à la psychopharmacologie, aux réformes hospitalières, etc.
La majorité des troubles mentaux (névrose, psychose stabilisée, dépression) peuvent aujourd'hui se soigner en ambulatoire (hors du milieu hospitalier), dans le cabinet du thérapeute, sans rupture avec le milieu familial et professionnel. L'hospitalisation elle-même, grâce à la qualité des soins, a diminué tant en durée qu'en fréquence des séjours. L'architecture et les activités hospitalières tentent de se rapprocher de n'importe quel espace communautaire « normal » : bar, réfectoire, salle de jeux, ateliers d'artisanat, terrain de sport, où les soignés et les soignants (presque toujours en costume civil) se rencontrent, discutent, etc., entre les entretiens médicaux. Ainsi, le malade hospitalisé, rassuré par un cadre de vie habituel, se sent moins exclu de la société. À côté de l'hospitalisation à temps complet existent des modalités moins contraignantes d'hospitalisation : hôpital de jour (permettant au patient de rentrer le soir à son domicile), hôpital de nuit (lui permettant de conserver une activité professionnelle), séjours en famille d'accueil, en communauté ou en appartement thérapeutiques, en C.A.T.T.P. (centre d'accueil thérapeutique à temps partiel) et en clubs d'accueil et d'entraide. Certains établissements ou services s'adressent à des pathologies spécifiques : alcoolisme, toxicomanie, anorexie mentale, etc.
L'objectif est d'assurer la continuité des soins et l'accompagnement social de la personne malade de manière adaptée. Les rapports du patient et de son thérapeute sont essentiels, mais le rôle de l'entourage et des proches, de même que celui du support social, est indispensable.
Voir : psychose, schizophrénie.