Larousse Médical 2006Éd. 2006
M

mort

Cessation complète et définitive de la vie.

   La mort correspond à l'arrêt de toutes les fonctions vitales, avec cessation définitive de toute activité cérébrale. En fait, avec les progrès de la réanimation et ceux de la transplantation d'organes, la définition de la mort et la constatation de sa réalité sont devenues plus complexes et plus précises.

— La mort clinique, ou mort apparente, avec arrêt respiratoire, arrêt cardiaque et suspension de la conscience, est une phase initiale qui peut éventuellement faire l'objet d'une réanimation cardiorespiratoire et qui est donc, au moins dans certaines situations, potentiellement réversible. Elle doit être distinguée d'autres situations de coma profond (intoxication, par exemple). Un état de mort apparente peut être dû à une hypothermie profonde, notamment lors d'une avalanche ou au cours d'une immersion en eau très froide. Des soins intensifs de réanimation (massage cardiaque, respiration assistée), prolongés durant plusieurs heures, sont alors susceptibles de ranimer la personne, parfois même sans séquelles.

— La mort cardiaque ne peut être affirmée qu'en cas d'insuffisance des contractions du cœur par défaillance ventriculaire (asystolie électrocardiographique persistante) après échec de toutes les manœuvres de réanimation cardiorespiratoire et des thérapeutiques médicamenteuses appropriées.

— La mort cérébrale, ou coma dépassé, correspond à l'arrêt définitif de toute activité cérébrale, tronc cérébral compris, avec suspension de toute activité respiratoire spontanée et électroencéphalogramme plat. Dans un pays comme la France, la mort cérébrale définit la mort légale.

Voir : coma dépassé, mort subite, mort subite du nourrisson.

mort cellulaire

Perte de l'activité coordonnée des organites (éléments constitutifs de la cellule), correspondant à l'altération irréversible d'une cellule.

— La mort cellulaire physiologique, ou apoptose, concerne un grand nombre de cellules dont la durée de vie est limitée. Les cellules de tous les épithéliums et les cellules sanguines vieillissent, meurent et sont renouvelées à un rythme variable.

— La mort cellulaire pathologique, ou nécrose, peut être consécutive à une privation d'oxygène entraînant l'asphyxie de la cellule, à des toxines microbiennes, à des cytokines (substances sécrétées par des lymphocytes), etc.

mort cérébrale

coma dépassé

mort subite

Décès inattendu, inopiné, survenant chez un sujet apparemment en bonne santé.

   La mort subite est à différencier des morts violentes (crimes, etc.) et des morts par accident. Il est nécessaire d'appeler le médecin et de déclarer la mort à la police et à l'état civil.

FRÉQUENCE

La mort subite frapperait plus de 1 000 personnes par an et par million d'habitants, dans les pays développés.

CAUSES

Dans la majorité des cas, un trouble du rythme cardiaque (fibrillation ventriculaire), lié à une maladie des coronaires le plus souvent, est à l'origine de la mort subite. Celle-ci est généralement provoquée par une altération de la fonction ventriculaire, une arythmie ventriculaire, une stimulation trop importante du système sympathique au cours d'un effort ou d'une émotion, etc.

   Quand la cause n'est pas cardiaque, il faut rechercher une hémorragie cérébro-méningée, une embolie pulmonaire, une rupture d'anévrysme, une dissection aortique, une hémorragie digestive, un choc anaphylactique (réaction allergique), une surdose chez le toxicomane, etc.

TRAITEMENT

Si un sujet est en état d'arrêt cardiaque et circulatoire, et de mort apparente récente, il convient d'effectuer un massage cardiaque et d'appeler d'urgence une unité de soins intensifs mobile (en France il faut téléphoner au 15) possédant un défibrillateur afin de pratiquer le plus tôt possible un choc électrique. Le malade est alors transféré en milieu hospitalier, où, une fois la réanimation effectuée, une enquête concernant la cause de cet accident est menée, et un traitement adapté est mis en œuvre. Il est souvent possible de sauver quelqu'un de la mort subite, mais cela dépend de ce qui l'a provoquée, de la rapidité et de la qualité de l'intervention.

PRÉVENTION

Chez les sujets atteints de maladies cardiaques, certains médicaments sont prescrits pour éviter une mort subite. Chez les sujets présentant des facteurs de risque d'athérosclérose ou chez les sportifs, la prévention repose surtout sur le dépistage et le traitement des cardiopathies.

mort subite du nourrisson

Décès brutal et inattendu d'un bébé considéré jusque-là comme bien portant ou ayant présenté des symptômes dont ni la nature ni l'importance ne pouvaient laisser présager une issue rapidement fatale.

   On parle de « mort subite inexpliquée du nourrisson » lorsque l'enquête clinique, bactériologique, biologique et surtout anatomopathologique (autopsie) ne permet pas de trouver une explication médicale au décès.

FRÉQUENCE

La mort subite du nourrisson représente, dans les pays industrialisés, la principale cause de mortalité infantile au cours de la première année de la vie. Sa fréquence est estimée à 0,5 pour 1 000 naissances d'enfants vivants (2005). Elle frappe essentiellement les nourrissons âgés de 2 à 4 mois ; de 80 à 90 % de ces décès se produisent avant l'âge de 6 mois.

FACTEURS DE RISQUE

Les anciens prématurés, les enfants ayant un faible poids de naissance ou ayant présenté des troubles neurologiques ou respiratoires seraient plus exposés que d'autres à la mort subite du nourrisson. Celle-ci semble due à plusieurs facteurs présents dans l'environnement habituel du bébé, qui peuvent, à un moment donné, se conjuguer pour aboutir à l'accident mortel. Parmi les plus fréquents figurent les infections virales et bactériennes (la mortalité est multipliée par quatre ou cinq durant la période hivernale), l'élévation brutale de la température corporelle, qu'elle soit d'origine infectieuse ou extérieure à l'organisme (enfant trop couvert, par exemple), le reflux gastro-œsophagien, les apnées (arrêt de la respiration) provenant d'une inflammation ou d'une malformation des voies aériennes supérieures, le tabagisme passif. La position de sommeil à plat dos est actuellement préconisée chez le nourrisson. Elle a entraîné la diminution de moitié de la fréquence de la mort subite du nourrisson.

   Ces facteurs d'agression sont très fréquents dans la première année de vie, mais la quasi-totalité des enfants y résistent bien.

AIDE AUX PARENTS

La mort subite du nourrisson représente un traumatisme majeur pour l'entourage du bébé, qui éprouve toujours un sentiment de culpabilité. Les parents se reprochent soit de n'avoir pas entendu l'appel de leur enfant, soit d'avoir négligé un symptôme qui, rétrospectivement, peut apparaître comme un signal d'alarme. Ils peuvent être amenés à mettre en cause des personnes chargées de surveiller le bébé (nourrice, grands-parents, etc.). Les parents doivent comprendre que la mort subite du nourrisson est, par définition, immédiate. Elle se distingue par là des malaises graves, « bruyants », qui attirent l'attention et pour lesquels des mesures de surveillance et de traitement sont possibles. C'est un accident imprévisible et l'entourage n'a donc aucune part de responsabilité dans sa survenue.

   Par ailleurs, l'autopsie de l'enfant est nécessaire, même si elle paraît souvent inutilement « agressive » aux yeux des parents. Elle peut, en effet, permettre de connaître les causes de la mort et donc contribuer à une meilleure prise en charge des enfants à venir dans la famille.

EN CAS DE NOUVELLE GROSSESSE

Le risque de récurrence des morts subites du nourrisson n'est pas plus élevé dans une famille ayant subi ce drame que dans la population générale. Cependant, lors des grossesses suivantes, un accompagnement psychologique s'impose. L'enfant suivant du couple peut également faire l'objet d'examens spécialisés. Ainsi, si les facteurs de risque sont connus et traités, il bénéficiera d'une sécurité accrue. Le recours à un moniteur cardiorespiratoire, appareil permettant de contrôler la fréquence cardiaque et respiratoire, ne saurait se justifier que par l'anxiété de parents traumatisés par un précédent drame. L'appareil est, en effet, souvent mal supporté, car les alarmes se déclenchent trop fréquemment.

   Dans tous les cas, une collaboration confiante avec un médecin compétent et expérimenté apparaît souhaitable pour l'accompagnement des enfants à venir. Elle seule permet d'assurer à la famille une assistance médicopsychologique efficace.