Larousse Médical 2006Éd. 2006
R

radio-immunologie

Technique de laboratoire utilisant des composés radioactifs (radio-analyse) conjugués à des antigènes pour doser des anticorps, ou, inversement, conjugués à des anticorps pour doser des antigènes.

   Initialement développée pour doser les hormones circulantes, la radio-immunologie est utilisée pour dépister les anticorps présents dans le sang d'un malade lors d'une maladie telle que le lupus érythémateux disséminé ou lors d'une allergie. Inversement, elle sert à doser une substance (médicament, marqueur de tumeur, vitamine, etc.) à l'aide d'un anticorps marqué, élaboré spécifiquement à cette fin.

   Le principe du test de Farr consiste à fixer un isotope radioactif (A.D.N. contenant un fragment radioactif) sur un antigène et à mêler cet antigène marqué au sérum du malade censé contenir des anticorps dirigés contre l'A.D.N. Après formation des complexes immuns (anticorps et antigène cible), la radioactivité mesurée indique la quantité d'anticorps présents. Par une technique analogue, il est possible de doser les immunoglobulines de type E soit dans leur ensemble, soit en distinguant celles qui sont spécifiques d'un allergène chez un malade allergique. La technique immunoenzymologique ELISA a largement supplanté la radio-immunologie.

radio-isotope

radioélément

radioactivité

Émission de rayonnements par les noyaux de certains atomes d'un élément chimique, conduisant à la transformation, ou transmutation, de cet élément en un autre.

   La radioactivité est une propriété des corps dont les atomes sont instables du fait d'un déséquilibre entre le nombre de protons (particules lourdes de charge électrique positive) et le nombre de neutrons (particules lourdes de charge nulle) de leur noyau. Celui-ci tend à revenir à la stabilité en libérant de l'énergie. La radioactivité peut être naturelle ou résulter d'une activation des noyaux atomiques par un apport extérieur d'énergie (radioactivité artificielle).

DIFFÉRENTS TYPES DE RAYONNEMENT

Il en existe trois.

— Les rayons alpha sont constitués de particules formées de deux protons et de deux neutrons. Longtemps récusée, leur application à la radiothérapie localisée est maintenant envisagée.

— Les rayons bêta sont constitués d'électrons (particules légères de charge négative) ou de positons (particules analogues aux électrons, mais de charge positive). Ils sont utilisés pour doser en laboratoire certaines molécules biologiques telles que des hormones au moyen de marqueurs radioactifs (radio-immunologie) ; ils sont également utilisés dans les traitements par des médicaments radioactifs (radiothérapie métabolique) ainsi qu'en imagerie médicale (tomographie à positons).

— Les rayons X et gamma sont de nature électromagnétique, comme la lumière visible. Ils sont utilisés en imagerie médicale (scintigraphie, etc.) et en cobaltothérapie (traitement par le cobalt radioactif).

MESURE

L'activité d'une source de rayonnement est mesurée en becquerels (Bq). Cette unité, valable à l'échelle atomique (elle correspond à une désintégration par seconde), n'est pas adaptée à l'évaluation d'un risque pour l'homme. La quantité de rayonnements reçue par un organisme (dose absorbée) se mesure en grays (Gy). Mais l'effet de ces rayonnements sur un organisme dépend aussi de leurs caractéristiques : la notion d'équivalent de dose, mesurée en sieverts (Sv), permet à la fois de prendre en compte ces données quantitatives et qualitatives. Le gray et le sievert ont remplacé des unités plus anciennes comme le rad (100 rads = 1 gray) et le rem (100 rems = 1 sievert).

   Les normes de protection contre les rayonnements ont pour but de limiter leurs risques et de les maintenir à un taux comparable à celui que comporte toute activité humaine. Elles doivent tenir compte du niveau de radioactivité naturelle de l'environnement. Ainsi, en France, le rayonnement cosmique (venant du ciel) et tellurique (venant du sol) correspond à une dose de 2,4 millisieverts par an. À titre d'exemple, l'accident de Tchernobyl d'avril 1986 a augmenté cette dose annuelle de 0,07 millisievert pour la population française (source O.N.U.), ce qui est inférieur à la dose reçue lors d'un cliché radiologique. Les directives Euratom du Conseil de l'Union européenne fixent la dose annuelle admissible pour le public à 1 millisievert pour les irradiations d'origine non naturelle (industries nucléaires, hors domaine médical) et à 20 millisieverts pour le personnel exposé dans un cadre professionnel.

EFFETS DES RAYONNEMENTS

Du fait de leur énergie, les rayonnements radioactifs sont susceptibles d'exercer une action néfaste sur l'organisme. Les rayons alpha et bêta sont peu pénétrants et ne sont dangereux que s'ils sont introduits, par exemple, par ingestion de produits alimentaires contaminés. Les rayons gamma, en revanche, pénètrent profondément et peuvent traverser les organes (irradiation).

   Les effets des rayonnements sont de deux types : ceux qui affectent directement l'être vivant et ceux qui atteignent sa descendance. Tous ces effets varient selon la dose reçue, la durée de l'exposition et l'étendue de la région exposée au rayonnement. Les effets de doses importantes sont bien connus quand celles-ci sont reçues en une seule fois par le corps entier. À l'inverse, l'effet de petites doses est plus difficile à évaluer.

— Les effets précoces surviennent dans les heures, les jours ou les semaines qui suivent l'exposition à de fortes doses. À partir d'une dose de 0,2 sievert, les premières atteintes des rayonnements portent sur les cellules sanguines, surtout les globules blancs (infections) et les plaquettes (hémorragies). De 1 à 2 sieverts, on observe une radiodermite (rougeur de la peau). De 3 à 5 sieverts apparaissent des troubles digestifs (nausées, vomissements). Pour des doses plus importantes viennent s'ajouter des brûlures étendues et des troubles nerveux (paralysies).

— Les effets tardifs ne sont décelables que pour des doses au moins égales à 1 sievert et après un délai moyen de 4 ans pour les leucémies, de 10 ans pour les autres cancers. Si le risque de développer un cancer est accru, la survenue de celui-ci n'est pas inéluctable. Pour des doses plus faibles, comprises entre 0,1 et 1 sievert, les cancers provoqués par des rayonnements sont plus exceptionnels, survenant surtout chez des enfants dont la mère a été irradiée pendant la grossesse. L'autre conséquence de l'irradiation d'un fœtus est le risque de survenue d'une malformation. L'effet de doses inférieures à 0,1 sievert ne s'est pas révélé significatif, comparé à la fréquence naturelle des malformations chez l'homme. Des irradiations plus importantes peuvent amener à proposer une interruption de grossesse, et cela d'autant plus que la grossesse en est à son début. Un autre effet tardif des rayonnements est la survenue d'une cataracte (opacification du cristallin de l'œil) pour des doses locales supérieures à 1 sievert.

   L'uranium appauvri, présent dans de nombreux produits chimiques et dans certains obus, est composé de l'isotope 238, le moins radioactif des 3 isotopes qui composent l'uranium naturel. Il pourrait s'accumuler dans les reins. Utilisé pendant le conflit du Kosovo (1999), il a été accusé d'être responsable de l'apparition de cancers ou de leucémies, ce qui n'est pas démontré.

— Les effets sur la descendance ont été décrits chez certains animaux (mutations) ; en revanche, aucune modification transmissible des gènes n'a été observée dans la descendance des populations irradiées d'Hiroshima ou de Nagasaki.

PROTECTION

Quatre grands principes doivent être observés dans la protection contre la radioactivité : s'éloigner autant que possible de la source radioactive ; réduire le temps de séjour à proximité ; utiliser des écrans de protection (en plomb ou en béton contre les rayonnements gamma) ; s'efforcer d'éviter toute absorption accidentelle. L'utilisation de sources radioactives fait l'objet de mesures légales et réglementaires très strictes.