Larousse Médical 2006Éd. 2006
D

dépression (suite)

Dépression de l'enfant et de l'adolescent

La dépression de l'adolescent, tout en se rapprochant de celle de l'adulte (anxiété, sentiment d'infériorité, humeur triste), en diffère par une moindre inhibition, une attitude plus distante qu'accablée, un sentiment de vide ou d'abandon plutôt que de déchéance. Par ailleurs, un état dépressif peut se cacher sous des symptômes trompeurs (dépression masquée) : troubles du comportement (fugue, colère, goût morbide pour le risque), anorexie, boulimie ; l'adolescent se plaint de douleurs (courbatures, maux de tête, d'estomac), a des problèmes scolaires. La principale complication des dépressions d'adolescent est le passage à l'acte (délinquance, toxicomanie, suicide).

TRAITEMENT

Il ne saurait se limiter à l'administration de psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques), qui risquent de provoquer une dépendance et des passages à l'acte, et dont l'utilisation doit être la moins fréquente possible, réfléchie et de courte durée. Dans la plupart des cas, la psychothérapie apportera à l'adolescent ce qu'il recherche, l'aidant efficacement à mûrir et à mieux s'accepter. L'abord familial est indispensable.

Dépression de la personne âgée

La dépression de la personne âgée revêt des formes très diverses. La forme la plus grave en est la mélancolie, qui se traduit par une douleur morale intense avec idées de préjudice et de persécution, une hypocondrie (peur non justifiée d'être malade), une détérioration de l'état général. D'autres formes se manifestent par de l'insomnie, des troubles du caractère, un repli sur soi, des affections psychosomatiques diverses, parfois une pseudodétérioration intellectuelle pouvant simuler une démence (dépression pseudodémentielle).

TRAITEMENT

Il faut d'abord bien comprendre de quel type de dépression il s'agit, évaluer les possibilités de réaction, repérer les possibles pathologies médicales en cours d'évolution. La prescription de psychotropes doit être régulièrement réévaluée, les effets secondaires mesurés périodiquement en fonction de la symptomatologie mais aussi en fonction de la vie quotidienne de la personne malade. Les antidépresseurs sont privilégiés, les anxiolytiques et les hypnotiques indiqués avec prudence pour une brève période. La sismotherapie est parfois utile et demeure sans danger. Enfin, l'ecoute médicale est indispensable (maintien du statut social, retour de l'anticipation, stabilité de l'état physique).

Voir : antidépresseur, mélancolie, psychose maniacodépressive, troubles du sommeil, suicide.

Aider un dépressif

C'est aussi à l'entourage d'engager le malade à prendre conscience de son état et à se soigner. En effet, l'une des caractéristiques de la dépression est d'être difficile à identifier, surtout quand le malade se plaint essentiellement de troubles physiques, d'où le qualificatif de dépression « masquée » : il a le plus grand mal à prendre lui-même conscience de son état, est réticent à l'idée d'aller voir un médecin ou un psychiatre et se culpabilise pour expliquer ses troubles. L'engager à rencontrer le médecin de famille est alors la meilleure solution. Le recours à une association d'usagers est souvent une aide précieuse. En revanche, demander au malade de faire preuve de bonne volonté, de se changer les idées en prenant des vacances, etc. va à contresens de la guérison.

Le mécanisme d'action des antidépresseurs

Les travaux scientifiques s'appuient sur l'hypothèse selon laquelle les neurotransmetteurs, molécules dont le rôle est de transmettre les informations entre les cellules nerveuses (neurones), jouent un rôle important dans le déclenchement des dépressions mais aussi dans leur traitement. En effet, les antidépresseurs ont en commun de maintenir un taux élevé de neurotransmetteurs dans le système nerveux en empêchant leur destruction physiologique. Les antidépresseurs tricycliques agissent globalement sur la dopamine, la noradrénaline et la sérotonine ; les antidépresseurs sérotoninergiques, plus électivement sur la sérotonine ; les antidépresseurs mixtes sur la sérotonine et la noradrénaline. Les I.M.A.O. freinent l'activité de la M.A.O., enzyme de dégradation de la dopamine et de la noradrénaline. La sismothérapie modifie aussi le métabolisme des neuromédiateurs.

dérivation

Intervention chirurgicale qui consiste à créer une voie artificielle pour l'écoulement de matières ou de liquides, en remplacement de la voie naturelle (tube digestif, voie urinaire, etc.) où siège un obstacle.

   Par extension, le terme de dérivation désigne aussi la voie artificielle ainsi créée.

   Les dérivations comprennent différents types d'opération. On distingue les dérivations définitives, destinées à court-circuiter un obstacle inopérable situé sur la voie naturelle, des dérivations provisoires, pratiquées en attendant qu'une nouvelle intervention puisse être effectuée. On classe aussi les dérivations en deux catégories selon qu'elles sont externes ou internes. Une dérivation externe se termine soit à l'extérieur du corps (abouchement du côlon à la peau pour créer un anus artificiel), soit dans une cavité détournée de son rôle normal (cavité cardiaque, cavité péritonéale). Une dérivation interne permet de court-circuiter un obstacle. Après que celui-ci a été franchi, les matières et les liquides sont ramenés dans leur voie naturelle.

   Les indications de dérivation les plus fréquentes sont les tumeurs, éventuellement cancéreuses, comprimant ou détruisant la voie naturelle, ou encore les rétrécissements d'une telle voie, dus à une malformation ou à une inflammation. L'intervention sert alors à la fois à rétablir une fonction vitale (par exemple l'écoulement des urines) et à empêcher les complications dues à l'accumulation des liquides en amont de l'obstacle (par exemple l'insuffisance rénale). Le pronostic est variable : la maladie initiale peut continuer à évoluer (la dérivation n'étant qu'un geste palliatif pour atténuer momentanément les symptômes) ou être guérie, hormis un éventuel handicap définitif.

— Les dérivations biliaires sont parmi les plus fréquemment pratiquées. Elles sont indiquées lorsque le canal cholédoque, amenant normalement la bile du foie et de la vésicule biliaire vers l'intestin grêle, est obstrué par un obstacle, par exemple par un cancer du pancréas. Les dérivations biliaires sont essentiellement internes, réalisées par l'abouchement du segment d'amont du canal cholédoque dans l'intestin grêle, qui court-circuite le segment comprimé.

— Les dérivations digestives se pratiquent le plus souvent lorsque des tumeurs rétrécissent le diamètre du tube digestif. La colostomie est une dérivation externe abouchant le côlon à la peau de l'abdomen afin de créer un anus artificiel.

— Les dérivations urinaires sont indiquées quand le segment inférieur d'un uretère (conduisant normalement l'urine du rein à la vessie) est comprimé par une tumeur d'un organe voisin ou quand il est lui-même le siège d'une tumeur ou d'une inflammation. Les dérivations urinaires internes consistent le plus souvent à remplacer un segment d'uretère, voire la vessie, par un segment d'intestin. Elles permettent de respecter les mictions par les voies naturelles. Les dérivations urinaires externes (urétérostomies) abouchent l'uretère à la peau.

— Les dérivations vasculaires se pratiquent essentiellement chez les malades atteints de cirrhose. En effet, une cirrhose gêne la circulation sanguine à l'intérieur du foie, ce qui provoque une hypertension portale (augmentation de la pression sanguine dans la veine porte et dans les veines qu'elle reçoit), susceptible d'occasionner des hémorragies graves du tube digestif. La principale dérivation vasculaire est l'anastomose portocave. Celle-ci consiste à aboucher la veine porte, qui ramène normalement le sang du tube digestif vers le foie, à la veine cave inférieure, qui ramène le sang des organes abdominaux vers le cœur et dont le trajet est voisin. En court-circuitant le foie, cette dérivation permet de diminuer les pressions.

— Les dérivations ventriculaires sont indiquées dans les hydrocéphalies, caractérisées par une accumulation de liquide cérébrospinal dans les ventricules cérébraux, due à un obstacle en aval (tumeur, séquelles de méningite, malformation). Elles consistent à placer un cathéter dans un ventricule dilaté, à travers le crâne. Le cathéter court ensuite habituellement sous la peau et se termine dans la cavité péritonéale ou dans l'oreillette droite du cœur. Lorsque le sujet est un enfant, le cathéter doit être changé à plusieurs reprises pendant sa croissance.