sida (suite)
Prévention et dépistage
Le dépistage du V.I.H. par un test sanguin, réalisé de manière anonyme ou non (dans un centre de dépistage anonyme et gratuit [C.D.A.G.], par exemple), est un élément fondamental de la prévention. En outre, la prise en charge précoce, en cas d'une forte suspicion de contamination, est essentielle.
— La prévention de la transmission par voie sexuelle consiste, lors des rapports sexuels entre partenaires de statuts sérologiques inconnus, à utiliser le préservatif masculin. Celui-ci constitue la seule protection efficace contre le sida et contre les maladies sexuellement transmissibles en général. L'utilisation du préservatif doit respecter son mode d'emploi (mise en place avant toute pénétration, pas de lubrification à la vaseline, retrait avant la détumescence). Toute personne infectée qui a des relations sexuelles non protégées, hétérosexuelles ou homosexuelles, doit être consciente des risques qu'elle fait courir à ses partenaires. Le préservatif féminin (sorte de petit tunnel souple et transparent fermé à une extrémité) permet une protection de 95 % contre les maladies sexuellement transmissibles, dont le V.I.H. L'utilisation de gelées spermicides ou de microbicides vaginaux n'est pas efficace.
Le traitement antirétroviral chez la personne infectée réduit considérablement le risque de transmettre l'infection, car ce risque est très dépendant de la charge virale. Ce fait ne doit pas conduire pour le moment à relâcher les pratiques préventives dans les couples dits sérodifférents (dont l'un est infecté et l'autre non).
— La prévention de l'infection par contamination sanguine repose sur l'analyse systématique des produits sanguins avant leur utilisation. Un risque résiduel de transmission persiste, du fait de l'existence d'une « fenêtre sérologique », période durant laquelle les résultats de dépistages sérologiques sont négatifs alors que le sang du donneur, récemment infecté, est potentiellement infectieux. Une technique de détection de l'A.R.N. viral a cependant permis de restreindre la durée de cette fenêtre sérologique, réduisant ainsi le risque de transmission résiduel, de 1 sur 1,7 million de dons (estimé sur la période 1997-1999) à 1 pour 3,5 millions.
Les piqûres et les coupures accidentelles faites avec des matériels contaminés ou soupçonnés de l'être doivent être immédiatement désinfectées. Les précautions standards (port de gant, emballage des déchets médicaux dans des récipients étanches, etc.) doivent être respectées. En cas de blessure ou de piqûre contaminante, un nettoyage à l'eau courante ou au savon puis un rinçage doivent être réalisés, ainsi qu'une antisepsie (5 minutes au moins) par du dakin ou de l'eau de Javel à 12° diluée au 1/10, ou, à défaut, par de l'alcool à 70° ou du polyvidone iodé. La prise en charge doit être poursuivie rapidement dans un service d'urgence hospitalier.
La prévention chez l'usager de drogue injectable par voie intraveineuse est basée sur une politique de réduction des risques : sevrage avec ou sans substitution, accès aux seringues à usage unique, etc.
— La prévention de la contamination de la mère à l'enfant consiste en premier lieu à proposer un dépistage du V.I.H. à toute femme enceinte. Si la femme enceinte est séropositive, le type et la date de commencement du traitement antirétroviral sont fonction de la charge virale, éventuellement du stade de la maladie. En France, le risque résiduel moyen de transmission virale durant la grossesse est inférieur à 2 %. Le risque de transmission virale par le lait maternel étant de 6 %, l'allaitement est contre-indiqué dans les pays industrialisés.
— Après exposition à une situation à risque (relation sexuelle, partage du matériel d'injection de drogue, blessure avec du sang possiblement contaminé, etc.), un traitement antirétroviral peut être proposé. Son objectif est d'inhiber précocement la réplication du virus ayant pu pénétrer dans l'organisme, et donc d'empêcher l'infection de s'installer. L'opportunité de cette prescription est fonction de l'importance du risque de transmission, estimée par le médecin, et du délai écoulé entre la consultation et la contamination éventuelle : celui-ci doit être inférieur à 48 heures pour que le traitement soit efficace. On parle maintenant de traitement post-exposition.
Perspectives
Il n'existe pas encore, à l'heure actuelle, de médicament permettant d'interrompre totalement et définitivement la progression de la maladie.
Des vaccins sont en cours d'étude chez l'animal et chez l'homme, mais, pour le moment, on ne dispose pas d'un candidat-vaccin fiable. En dehors des modes de contamination mentionnés (sang, rapports sexuels, grossesse, allaitement), il n'existe pas de possibilité de transmission du virus du sida d'une personne séropositive à son entourage. C'est donc la prévention qui, à l'heure actuelle, demeure la meilleure arme contre cette infection redoutable.
Les réactions d'exclusion vis-à-vis des personnes séropositives et des malades du sida tendent à disparaître lorsqu'une information correcte est diffusée dans la population générale, même si les malades du sida se heurtent encore régulièrement à l'incompréhension.
Voir : immunodéficience, réaction de Western-Blot.
Ce qui ne transmet pas le virus du sida
La plupart des actes de la vie quotidienne ne comportent absolument aucun risque d'infection par le virus du sida ; il est donc parfaitement injustifié de craindre ou d'éviter la fréquentation de personnes porteuses de ce virus. Une poignée de main, un baiser sur la joue sont inoffensifs, de même que la fréquentation de lieux publics (locaux de travail, école, piscine, transport en commun, cinéma), le contact avec des objets tels que poignée de porte, toilettes publiques ou téléphone, ou encore une piqûre d'insecte (moustique, pou). Seuls les ustensiles pouvant couper la peau (aiguilles pour acupuncture, injections, perçage d'oreilles, tatouages, lames de rasoir, matériel de soins dentaires et de manucure) doivent faire l'objet d'une stérilisation soigneuse avant chaque utilisation.
Par ailleurs, les donneurs de sang ne courent rigoureusement aucun risque de contracter la maladie, le matériel utilisé étant stérile et à usage unique.