Larousse Médical 2006Éd. 2006
O

œdème pulmonaire

Envahissement des alvéoles pulmonaires par du plasma sanguin ayant traversé la paroi des capillaires (petits vaisseaux).

   L'œdème pulmonaire est la principale manifestation clinique de l'insuffisance cardiaque gauche.

CAUSES

Normalement, le système circulatoire permet l'échange d'eau et de nutriments entre le sang et les tissus à travers la paroi des vaisseaux, grâce à un équilibre subtil entre les forces de la pression hydrostatique (tendant à faire sortir les liquides hors du vaisseau) et celles de la pression oncotique (liée aux protéines, tendant à retenir les liquides à l'intérieur du vaisseau), s'effectuant en sens opposé. L'insuffisance cardiaque gauche provoque des anomalies de la circulation sanguine (débit, pression, vitesse, etc.), et le cœur défaillant ne peut assurer un débit suffisant pour couvrir, au repos ou à l'effort, les besoins de l'organisme. Le sang s'accumule alors dans la circulation pulmonaire, où il entraîne une augmentation de la pression dans les vaisseaux pulmonaires et une fuite du plasma vers les alvéoles pulmonaires. Ces dernières sont ainsi peu à peu inondées et l'oxygénation normale du sang par les poumons ne peut plus s'effectuer.

   Un œdème pulmonaire est le plus souvent d'origine hémodynamique, lié à une augmentation des pressions dans la circulation pulmonaire. Celle-ci peut être due à un mauvais fonctionnement du cœur, à une poussée d'hypertension artérielle systémique, ou encore à une hypervolémie (augmentation du volume sanguin). Beaucoup plus rarement, l'œdème pulmonaire peut être dû à une altération de la perméabilité des capillaires pulmonaires par des agents infectieux (virus de la grippe, certaines bactéries) ou toxiques.

SYMPTÔMES ET SIGNES

Dans l'œdème pulmonaire aigu, un essoufflement intense apparaît brutalement chez le malade, l'obligeant à se tenir assis ou debout (orthopnée), ainsi qu'une toux, accompagnée parfois de crachats mousseux rosés caractéristiques. L'apparition plus ou moins rapide des signes (œdème subaigu) dépend du mode évolutif de l'insuffisance ventriculaire gauche.

DIAGNOSTIC

L'auscultation du cœur indique une tachycardie (accélération du rythme cardiaque), celle des poumons des râles secs, dits crépitants, prédominant aux bases. D'autres signes d'insuffisance cardiaque périphérique (augmentation de la taille du foie, turgescence des veines jugulaires) sont plus rares, l'œdème pulmonaire se manifestant surtout lorsque l'insuffisance ventriculaire gauche ne s'est pas encore compliquée d'une insuffisance ventriculaire droite.

   La radiographie du thorax montre un gros cœur et une surcharge vasculaire au niveau des poumons, qui se traduit par une augmentation du diamètre des artères pulmonaires et par l'existence d'opacités caractéristiques.

   L'analyse des gaz du sang artériel indique une diminution simultanée de la teneur en oxygène et en gaz carbonique. L'électrocardiographie confirme la tachycardie ; elle peut orienter vers l'origine de la maladie et mettre en évidence un facteur déclenchant, comme un trouble du rythme. Enfin, l'échocardiographie prouve l'existence d'une atteinte cardiaque et en précise le type. Associée au Doppler cardiaque, elle permet de préciser les pressions régnant dans la circulation pulmonaire.

TRAITEMENT

Les diurétiques par voie intraveineuse et/ou les vasodilatateurs, en particulier veineux, traitent les symptômes et entraînent une diminution rapide de la pression dans la circulation pulmonaire. Ils ont remplacé la « saignée » historique. L'amélioration de l'oxygénation se fait par inhalation d'oxygène à l'aide d'une sonde ou d'un masque et la correction de la chute du débit cardiaque se traite par des médicaments cardiotoniques.

   Le traitement de fond est celui de la maladie en cause et doit être entrepris chaque fois que cela est possible (normalisation d'une hypertension artérielle, par exemple).

Œdipe (complexe d')

Stade du développement psychologique de l'enfant, caractérisé par un fort attachement affectif pour le parent de sexe opposé.

Synonyme : période œdipienne.

   Le terme de complexe d'Œdipe est créé par Sigmund Freud en 1910, par analogie avec la tragédie de Sophocle Œdipe Roi, fondée sur le meurtre du père et sur la consommation de l'inceste avec la mère.

   Le complexe d'Œdipe revêt une importance cruciale dans la formation de la personnalité tout entière. Il se situe entre 3 et 6 ans et diffère selon le sexe du sujet.

   Chez le garçon, le père est aimé et craint à la fois (ambivalence), avec peur d'un châtiment (angoisse de la castration).

   Chez la fille, l'absence de pénis entraîne un sentiment de haine envers la mère, avec envie admirative de posséder le phallus du père (complexe d'Électre).

   La sortie du stade du complexe d'Œdipe et le renoncement aux fantasmes qui lui sont liés marquent l'accès au stade génital et à la sexualité adulte. La fixation au stade œdipien serait à la racine de nombreux troubles névrotiques (hystérie, névrose obsessionnelle et phobique) et de troubles graves de la personnalité. Elle expliquerait aussi certains choix amoureux (attachement pour tel type d'homme ou de femme, homosexualité, perversions).

   Ce concept est universellement pris en compte car il constitue un passage obligé du développement psychique.

œil

Organe de la vue contenu dans l'orbite.

Synonyme : globe oculaire.

   Ce terme recouvre souvent aussi les annexes de l'œil : paupières, conjonctive, appareil lacrymal et muscles oculomoteurs.

STRUCTURE

L'œil est un organe sphérique formé d'une coque résistante entourant le contenu proprement dit.

— La coque oculaire, enveloppe externe de l'œil, se compose de 3 tuniques concentriques : une membrane de protection, une membrane nourricière et une membrane sensorielle. La première, la plus externe, est constituée de la sclérotique (blanc de l'œil), traversée en arrière par le nerf optique et se prolongeant en avant par la cornée, transparente et bombée, très innervée. La cornée est le premier et le plus puissant dioptre (surface optique intervenant dans la réfraction) du système optique de l'œil. La zone d'union entre la sclérotique et la cornée est le limbe sclérocornéen. La deuxième membrane, nourricière, appelée uvée, est la tunique moyenne de l'œil, riche en vaisseaux. Elle se compose, en arrière, de la choroïde, membrane mince et vascularisée, et, en avant, du corps ciliaire et de l'iris, celui-ci étant percé au centre par la pupille, dont le diamètre varie suivant l'intensité de la lumière. La tunique la plus profonde est la membrane sensorielle, récepteur visuel proprement dit, composée uniquement de la rétine, membrane fine et translucide contenant les cônes et les bâtonnets, cellules qui captent la lumière.

— Le contenu de l'œil est constitué, d'avant en arrière, par l'humeur aqueuse qui nourrit la cornée et passe dans la chambre antérieure (entre la cornée et l'iris) par la pupille, avant d'être éliminée à l'angle formé par l'iris et la cornée ; par le cristallin (lentille biconvexe transparente de 1 centimètre de diamètre), situé en arrière de l'iris, avec lequel il délimite la chambre postérieure, et relié au muscle ciliaire par un ligament annulaire, appelé zonule, lequel est responsable de l'accommodation ; par le corps vitré, ou vitré, gel transparent qui remplit le globe oculaire entre le cristallin et la rétine, et qui assure le maintien du volume de l'œil.

PHYSIOLOGIE

Les deux yeux travaillent de façon conjuguée sous le contrôle du cerveau, prenant la même direction pour fixer un objet afin qu'une image nette se forme sur chaque rétine. Ils font la mise au point en fonction de la distance de l'objet regardé grâce au processus d'accommodation. Normalement, les mouvements des deux yeux sont parfaitement coordonnés dans toutes les positions du regard, de loin, de près, en convergence. La vision binoculaire permet de percevoir aussi bien les reliefs que les distances.

EXAMENS

L'examen ophtalmologique commence par un examen de la réfraction et de l'acuité visuelle de près et de loin, avec et sans correction. Le spécialiste procède ensuite à une étude de l'oculomotricité et de l'équilibre binoculaire ; il observe les paupières, examine le segment antérieur de l'œil (de la cornée au cristallin) au biomicroscope, mesure la pression intraoculaire et procède à un examen du fond d'œil.

    Les examens complémentaires éventuels permettent d'évaluer le champ visuel et la vision des couleurs. Des examens électrophysiologiques (électrorétinographie, potentiels évoqués, électro-oculographie) explorent également le bon ou le mauvais fonctionnement des yeux. Le bilan orthoptique, éventuellement complété par le test de Lancaster, évalue l'oculomotricité. L'angiographie oculaire et l'échographie examinent les globes oculaires au plan anatomique. On peut recourir à d'autres examens radiologiques tels que les radiographies simples de l'orbite et les radiographies des voies lacrymales après injection d'un produit de contraste (dacryocystorhinographie). Enfin, le scanner et l'imagerie par résonance magnétique (I.R.M.) complètent l'exploration de tout l'appareil optique.