Larousse Médical 2006Éd. 2006
I

immunoglobuline (suite)

UTILISATION THÉRAPEUTIQUE

Les immunoglobulines, d'origine animale ou humaine, sont l'un des médicaments utilisés en immunothérapie. Elles sont indiquées dans la prévention et le traitement de maladies infectieuses (coqueluche, hépatites A et B, oreillons, rage, rubéole, tétanos, varicelle, zona ; dans ce cas, les immunoglobulines sont extraites du sérum d'un sujet convalescent), dans les cas de déficit immunitaire global (immunoglobulines non spécifiques, provenant d'un grand nombre de donneurs) et dans la prévention de l'incompatibilité Rhésus. Administrées par voie sous-cutanée, intramusculaire ou intraveineuse lente, elles offrent une protection rapide mais de durée limitée. Elles participent également au traitement de certaines maladies auto-immunes.

Voir : anticorps, gammaglobuline.

immunoglobuline monoclonale

Anticorps issu d'une seule lignée de cellules (clones), ce qui leur confère une homogénéité anormale.

   La quantité d'immunoglobuline monoclonale est faible quand elle est bénigne, mais élevée quand elle est maligne.

   Les immunoglobulines monoclonales sont mises en évidence par électrophorèse (technique permettant de séparer diverses substances en fonction de leur différence de charge électrique). Elles sont retrouvées au cours du myélome multiple, de la maladie de Waldenström, des hémopathies lymphoïdes, des maladies des chaînes lourdes, et elles contribuent à établir le diagnostic de ces affections. Elles peuvent accompagner un état infectieux (hépatite virale), ou une maladie auto-immune (lupus érythémateux disséminé) : on parle, en cette occurrence, d'immunoglobulines monoclonales bénignes.

   Elles sont également présentes de façon isolée, en particulier chez le sujet âgé témoignant d'une gammapathie monoclonale d'origine indéterminée. Cette maladie sans symptôme requiert seulement une surveillance régulière car, si elle peut rester stable ou même disparaître, elle peut aussi précéder de plusieurs années l'apparition d'un myélome multiple.

immunohistochimie

Technique de l'histologie (étude de la morphologie des cellules) destinée à mettre en évidence certains constituants cellulaires et tissulaires ayant des propriétés antigéniques (contribuant à la formation d'anticorps).

Synonyme : immunocytochimie.

   Les anticorps, obtenus par immunisation d'un animal ou par la technique des hybridomes (fusion de cellules génétiquement différentes), sont marqués par un traceur fluorescent puis observés en lumière ultraviolette ou marqués par une enzyme, la peroxydase, révélée par l'ajout d'un substrat coloré lors de l'observation.

immunologie

Spécialité biologique et médicale qui étudie l'ensemble des mécanismes de défense de l'organisme contre les antigènes (agents pathogènes extérieurs), et les maladies résultant de leurs dysfonctionnements.

   L'immunologie est née avec les travaux du médecin anglais Edward Jenner, qui réalisa, en 1796, les premières vaccinations contre le virus de la variole. Elle connut des développements importants avec le chimiste français Louis Pasteur et ses recherches sur les agents infectieux et la vaccination. Cette science procède du double constat que tout être vivant est équipé de manière à reconnaître et à tolérer ce qui lui appartient en propre, à reconnaître et à rejeter ce qui lui est étranger. La reconnaissance, la tolérance et le rejet font appel à des mécanismes complexes où interviennent des organes (thymus, moelle osseuse), des cellules (lymphocytes, macrophages) et des molécules (cytokines, anticorps). L'immunologie a pour objet la description de ces organes, cellules et molécules assurant le fonctionnement normal du système immunitaire ainsi que l'étude de ses dérèglements.

Voir : réponse immunitaire, système immunitaire.

immunostimulant

Substance stimulant le système immunitaire qui assure les défenses de l'organisme.

— Les immunostimulants spécifiques sont les vaccins. Destinés à la prévention des maladies infectieuses, chacun d'eux n'est efficace que contre un germe précis.

— Les immunostimulants non spécifiques comprennent des substances identiques à des substances de l'organisme (interleukines, interférons), des substances d'origine bactérienne et des substances diverses (lévamisole). Employés pour traiter les cancers, les infections (respiratoires, etc.), les déficits immunitaires, les maladies auto-immunes (dans lesquelles le système immunitaire attaque l'organisme lui-même), ils stimulent globalement les défenses, mais leur efficacité est souvent partielle.

Voir : immunothérapie anticancéreuse, vaccin.

immunosuppresseur

Médicament qui atténue ou supprime les réactions immunitaires de l'organisme.

   Les immunosuppresseurs se prescrivent essentiellement lors d'une greffe, dans le dessein de limiter les phénomènes de rejet, et dans les maladies auto-immunes.

TRAITEMENT DU REJET DE GREFFE

Les phénomènes de rejet sont provoqués par les antigènes des groupes HLA, appelés aussi antigènes d'histocompatibilité.

— Les corticostéroïdes ont été les premiers immunosuppresseurs utilisés et sont indispensables au traitement du rejet.

— L'azathioprine est aujourd'hui l'immunosuppresseur le plus utilisé. Il a pour effet de diminuer la prolifération des cellules responsables des phénomènes de rejet (lymphocytes T notamment).

— La ciclosporine A, le plus puissant des immunosuppresseurs, est utilisée dans les cas de rejet aigu de greffe et en traitement d'entretien (leur cible exclusive est constituée par les lymphocytes TCD4).

— Les sérums antilymphocytes détruisent les lymphocytes T directement dans le sang. Ils sont d'une efficacité variable.

— Les anticorps monoclonaux, d'utilisation récente, ont une action très sélective. Ils s'opposent à une famille déterminée de lymphocytes (ou à ceux qui sont activés), dont ils bloquent une fonction bien précise.

   Les immunosuppresseurs s'administrent le jour même de la greffe, à des doses d'abord importantes puis décroissantes. Ils doivent être ensuite prescrits indéfiniment, à de faibles doses, dans un but protecteur.

TRAITEMENT DES MALADIES AUTO-IMMUNES

Les maladies auto-immunes sont des affections déclenchées par les propres anticorps du malade. Parmi les plus connues, on peut citer le lupus érythémateux aigu (affection générale grave), le syndrome de Goodpasture (affection du rein accompagnée d'une atteinte pulmonaire), la myasthénie (maladie neuromusculaire) et certaines glomérulonéphrites (affections caractérisées par une atteinte des glomérules rénaux). Les immunosuppresseurs utilisés sont les corticostéroïdes, plus rarement l'azathioprine et la ciclosporine A. Ils se prescrivent uniquement dans les formes les plus graves de maladies auto-immunes, pour des périodes limitées, en association avec d'autres médicaments.

   Les anticorps monoclonaux sont utilisés avec succès dans les traitements du lupus érythémateux disséminé et de la polyarthrite rhumatoïde.

EFFETS INDÉSIRABLES

En diminuant les réponses immunitaires de l'organisme, les immunosuppresseurs exposent celui-ci à des complications infectieuses virales ou bactériennes et, à plus long terme, au développement d'affections malignes (lymphomes surtout).

— Les corticostéroïdes sont responsables d'effets indésirables graves : infections bactériennes ou fongiques, ostéonécrose aseptique (mort d'une zone limitée de tissu osseux, souvent dans la tête d'un humérus ou dans celle d'un fémur), hypertension artérielle, troubles psychologiques, diabète, fragilité de la peau.

— L'azathioprine favorise les infections virales et les insuffisances de la moelle osseuse. De plus, ce médicament augmente à long terme les risques de cancer.

— La ciclosporine A provoque des lésions du rein avec risque d'insuffisance rénale, une hypertension artérielle, un développement exagéré du système pileux, une hypertrophie des gencives, une hyperkaliémie (excès de potassium dans le sang), etc.

— Les sérums antilymphocytes et les anticorps monoclonaux déclenchent, en particulier, de la fièvre et des accès de douleurs articulaires. Des maladies infectieuses, comme la tuberculose ou des lymphomes, sont également observées chez les malades traités par anticorps anti-TNF-α.

   Une surveillance très régulière des malades traités par immunosuppresseurs est donc indispensable. En cas d'effets indésirables, on peut diminuer les doses, traiter l'affection en cause ou, si ce n'est pas possible, changer d'immunosuppresseur.

Voir : immunodépresseur, maladie auto-immune.