Larousse Médical 2006Éd. 2006
V

vieillesse (suite)

Vieillissement des sociétés et des individus

Dans les pays industrialisés, la part des plus de 65 ans, actuellement d'environ 14 % de la population totale, est estimée pour l'année 2040 (selon les taux actuels de mortalité) à 22 %. Ce bouleversement de la pyramide des âges est davantage dû à la diminution de la fécondité qu'à l'espérance de vie moyenne à la naissance. Par ailleurs, un nombre croissant de personnes atteint un âge très avancé. Ainsi, en France, le nombre de centenaires, de 300 dans les années 1960, est passé à 3 000 en 1989, 6 000 en l'an 2000 et pourrait atteindre 150 000 en 2040.

vieillissement

Affaiblissement naturel des facultés physiques et psychiques dû à l'âge.

Synonyme : sénescence.

Vieillissement physique

C'est un processus continu, présent dès le début de l'existence et commun à tous les êtres vivants. Il concerne toutes les structures de l'organisme : molécules, cellules, tissus et organes spécialisés.

   Le vieillissement physique est probablement déterminé par des facteurs génétiques et influencé par des facteurs extérieurs. Il en existe deux approches théoriques.

— Les théories dites stochastiques admettent pour principe que le mécanisme du vieillissement serait lié au hasard. Parmi elles, on distingue notamment la théorie des quotas (chaque organisme disposerait à la naissance d'un stock d'énergie à consommer et mourrait une fois celui-ci épuisé), la théorie des radicaux libres (le vieillissement serait dû aux effets nocifs des radicaux libres, substances toxiques élaborées par le métabolisme cellulaire normal), la « théorie des erreurs catastrophiques » (qui explique le vieillissement par une accumulation d'erreurs successives dans la synthèse des protéines, aboutissant à la mort des cellules) et la théorie des horloges biologiques (fondée sur l'idée d'un vieillissement des organes sous contrôle d'un système hormonal ou immunitaire). Cependant, aucune de ces hypothèses n'a été confirmée à ce jour.

— Les théories génétiques admettent l'existence de gènes de longévité conditionnant la durée de vie maximale dans une espèce donnée (120 ans chez l'homme). Bien que deux gènes de longévité aient été récemment identifiés, le profil génétique de la longévité humaine est encore loin d'être défini : les mécanismes et les conséquences du vieillissement biologique restent pour une grande part mystérieux.

VIEILLISSEMENT NATUREL ET VIEILLISSEMENT PATHOLOGIQUE

Le dogme du déclin inéluctable des grandes fonctions de l'organisme avec l'âge (débit cardiaque, fonctionnement cérébral, etc.) est actuellement remis en cause : la baisse des performances physiologiques constatée chez les sujets âgés ne relève pas uniquement du vieillissement normal, mais aussi de pathologies surajoutées (vieillissement pathologique, ou sénilité). Ainsi, pour un organe donné, les études de « populations propres » (panel de sujets âgés n'incluant aucun individu suspect d'être atteint d'une maladie de l'organe étudié) révèlent qu'il n'y a pas toujours baisse de performance avec l'âge. Les travaux de Lakatta au National Institute on Aging (Bethesda, États-Unis) ont notamment montré que le débit cardiaque de sujets âgés indemnes de maladies cardiaques n'est pas plus faible que celui d'adultes jeunes, même si les mécanismes permettant le maintien d'un débit cardiaque normal varient avec l'âge.

Vieillissement psychologique

Les modifications du corps et de l'environnement familial, l'atteinte de l'identité sociale qu'impose la retraite fragilisent le sujet âgé, qui doit en même temps faire un véritable « travail de deuil » et trouver la force de s'investir sur de nouveaux pôles d'intérêt. Toute nouvelle difficulté (décès du conjoint, problème financier, maladie) survenant dans ce contexte peut entraîner une perte d'estime de soi insupportable.

Prévention du vieillissement

En dehors du traitement hormonal de la ménopause, qui agit efficacement sur le vieillissement osseux, le vieillissement ne peut être interrompu : ni l'utilisation de substances piégeant les radicaux libres (vitamine E, notamment), ni la prise de vitamines et d'oligo-éléments, ni l'exercice physique, ni le suivi d'un régime hypocalorique n'ont montré de façon formelle leur efficacité. La prévention doit donc commencer le plus tôt possible. Elle consiste avant tout à corriger les facteurs de risque connus qui accélèrent le vieillissement : savoir se protéger du stress, limiter la consommation d'alcool et de tabac, éviter toute exposition excessive au rayonnement solaire, etc.

Voir : sénilité, vieillesse.

vieillissement précoce (syndrome de)

Toute affection se caractérisant par des manifestations de vieillissement cutané survenant très tôt dans la vie.

DIFFÉRENTS TYPES DE VIEILLISSEMENT PRÉCOCE

Les syndromes de vieillissement précoce sont très rares et, le plus souvent, d'origine héréditaire. On en distingue trois types.

— L'acrogeria, ou maladie de Gottron, touche essentiellement les filles, dès le plus jeune âge ; elle se traduit par une peau atrophique, associée à des télangiectasies et à une hyperpigmentation.

— La pangeria, ou syndrome de Werner, se transmet sur le mode autosomique récessif : le gène responsable doit être reçu du père et de la mère pour que l'enfant développe la maladie. Celle-ci débute à la puberté par un grisonnement des cheveux, associé à un arrêt de la croissance ; dans un second temps apparaissent une atrophie cutanée diffuse, accompagnée par une sclérose des extrémités, des kératoses et une hyperpigmentation, une raucité de la voix et une cataracte des deux yeux.

— La progeria, ou maladie de Hutchinson-Gilford, ressemble à la pangeria, avec un début plus précoce : elle se traduit par un retard de croissance débutant dans la première année, associé à des malformations du crâne, du visage et des ongles, à une chute des cheveux dès l'âge de 2 ans et à une peau sèche pigmentée, atrophique et scléreuse.

TRAITEMENT

Il n'existe pas de traitement de ces affections en dehors de celui de leurs complications (ulcérations fréquentes).

V.I.H.

virus de l'immunodéficience humaine