Larousse Médical 2006Éd. 2006
H

hépatite virale

Inflammation du foie liée à une infection virale.

   Les lésions du foie au cours des hépatites virales sont dues à 2 types d'atteinte qui se conjuguent : une atteinte directe par le virus et une atteinte indirecte par réaction immunitaire, les anticorps du patient, produits pour défendre l'organisme contre le virus, attaquant également son foie.

VIRUS RESPONSABLES

Deux sortes de virus sont en cause : les virus hépatotropes, qui atteignent presque exclusivement le foie, et ceux pour lesquels l'atteinte hépatique ne constitue qu'un élément de la maladie. Parmi les premiers, on distingue les virus A, B, C, D et E.

— Le virus A cause l'hépatite A, la plus anodine, qui n'évolue pas vers la chronicité. La contamination se fait par voie digestive par l'eau, les matières fécales et la consommation de fruits de mer.
— Le virus B cause l'hépatite B, qui évolue aussi le plus souvent de façon favorable, le passage à la chronicité ne s'observant que dans 3 à 5 % des cas. Le mode de transmission est sexuel, sanguin (lors de transfusions ou de l'utilisation de seringues usagées par des toxicomanes notamment) ou fœtomaternel (de la mère au fœtus).
— Le virus C est responsable de l'hépatite C, qui semble plus grave que les formes A et B, avec passage à la chronicité dans près de 90 % des cas. La transmission se fait surtout par les transfusions, mais aussi par les seringues (toxicomanie, tatouage, piercing), ou du matériel médicochirurgical, non stériles.
— Le virus D s'associe exclusivement au virus B dont il aggrave le pronostic.
— Le virus E ressemble dans ses effets au virus A.
— Les autres virus atteignant le foie l'hépatite n'étant alors qu'un des pôles de l'infection – sont le virus d'Epstein-Barr, agent de la mononucléose infectieuse, et le cytomégalovirus, qui infecte les cellules sanguines. Divers virus (grippe, rubéole ou arbovirus) peuvent aussi entraîner, entre autres atteintes, des hépatites. Le virus du sida n'est pas responsable d'atteintes directes du foie, mais il favorise la survenue d'hépatites à germes opportunistes (Cryptococcus neoformans, mycobactéries).

SYMPTÔMES ET SIGNES

— Les hépatites aiguës présentent des périodes d'incubation variables : de 15 à 45 jours pour l'hépatite A et de 45 à 160 jours pour l'hépatite B. La période dite d'invasion, qui dure de 2 à 6 jours, se caractérise par un syndrome pseudogrippal : fièvre, douleurs articulaires et musculaires, parfois éruption cutanée et souvent grande sensation de fatigue. La phase dite ictérique se traduit par l'apparition d'une jaunisse d'intensité variable avec urines foncées et selles décolorées, fatigue persistante, perte d'appétit, nausées. La majorité des hépatites virales passent totalement inaperçues ; le risque, dans ces cas, est que les sujets infectés contaminent leur entourage à leur insu.

— Les hépatites chroniques perdurent au-delà de 6 mois. Cliniquement, la maladie est totalement inapparente. Tout au plus, on peut noter un certain degré de fatigabilité.

DIAGNOSTIC

Le diagnostic repose sur la constatation d'une élévation des transaminases du sang qui témoigne de la destruction des cellules hépatiques. C'est une anomalie commune à toutes les hépatites. La reconnaissance du virus en cause est faite à l'aide des sérologies spécifiques des virus : anticorps antivirus A de type IgG, antigène HBs, sérologie des virus C et D. Pour certains virus (virus C), le virage de la sérologie est tardif et la recherche du génome du virus par PCR (technique de diagnostic moléculaire) est nécessaire.

ÉVOLUTION

Un grand nombre d'hépatites aiguës guérissent spontanément : toutes les hépatites A et E, 95 % des hépatites B. En revanche plus de 90 % des hépatites C passent à la chronicité.

— Les formes fulminantes peuvent être dues à tous les virus. Leur fréquence est faible : moins de 1 pour mille. En quelques heures apparaît une insuffisance hépato-cellulaire grave qui conduit à la mort en l'absence d'une transplantation hépatique.

— Le passage à la chronicité est l'apanage des hépatites B et C. Si, cliniquement, la maladie est inapparente, sur le plan biologique on constate la persistance d'une élévation des transaminases et d'une réplication virale au-delà de 6 mois. L'évolution est longue, étalée sur des années avec un risque d'apparition d'une cirrhose et d'un carcinome hépatocellulaire.

TRAITEMENT

Aucun traitement antiviral n'est nécessaire pour les hépatites aiguës A, B et BD. Dans le cas de l'hépatite C, la forte probabilité du passage à la chronicité peut justifier un traitement.

   Au cours des hépatites chroniques B et C, il existe des critères précis, biologiques et histologiques, justifiant un traitement. Pour l'hépatite B, on utilise l'interféron alpha, la lamivudine ou l'adéfovir dipivoxil. Pour l'hépatite C, on associe l'interféron alpha et la ribavirine. Certains cas ne justifient pas de traitement mais une simple surveillance.

   Si une cirrhose grave survient, la transplantation hépatique est justifiée, mais il est parfois difficile de maîtriser l'infection virale qui peut se développer sur le foie greffé.

PRÉVENTION

Deux vaccins sont disponibles, respectivement contre les hépatites A et B. La vaccination contre l'hépatite A est recommandée au personnel des établissements accueillant des enfants (crèches notamment) ou de jeunes handicapés, aux personnes travaillant dans le traitement des eaux usées, et celles impliquées dans la préparation alimentaire en restauration collective. Elle est aussi conseillée aux voyageurs se rendant dans un pays où l'hygiène alimentaire est précaire. La vaccination contre l'hépatite B est recommandée chez les nourrissons, les adolescents, chez les personnes exposées à un risque particulier de contamination, soit dans le cadre de leur activité professionnelle (personnel de santé, étudiants des filières médicales et paramédicales, etc.), soit du fait d'un comportement exposant (partenaires multiples, ou toxicomanie par voie intra-veineuse). Elle est également recommandée avant un séjour dans un pays jugé à risque. Les allégations accusant le vaccin contre l'hépatite B de donner la sclérose en plaques se sont révélées fausses.

   Le dépistage de l'hépatite B est devenu obligatoire chez la femme enceinte à 6 mois de grossesse à cause du risque de transmission à l'enfant : au besoin, celui-ci pourra ainsi être pris en charge dès la naissance (administration de gammaglobulines spécifiques, vaccination). Les progrès de l'hygiène permettent de prévenir la transmission des hépatites virales : hygiène des eaux usées, lavage des mains, utilisation exclusive de matériel à usage unique (notamment les seringues chez les toxicomanes), inactivation des virus dans les produits dérivés du sang.