Larousse Médical 2006Éd. 2006
A

antibiotique

Substance, d'origine naturelle ou synthétique, utilisée contre les infections causées par les bactéries.

HISTORIQUE

En 1928, le médecin britannique sir Alexander Fleming découvre qu'une moisissure, le Penicillium, empêche les cultures de bactéries de proliférer. La substance bactériostatique sécrétée par la moisissure prend le nom de pénicilline et devient disponible comme médicament dans les années 40 : c'est le premier antibiotique. Depuis, beaucoup d'autres substances actives contre de nombreuses bactéries ont été découvertes. Actuellement, les chercheurs s'efforcent de découvrir de nouvelles molécules actives sur les bactéries les plus résistantes, de diminuer la toxicité de ces médicaments et de simplifier leur mode d'administration.

FORMES PRINCIPALES

On dispose de plusieurs dizaines d'antibiotiques, regroupés en plus de dix familles dont les principales sont les suivantes : aminosides, bêtalactamines (pénicillines et céphalosporines), macrolides, nitro-imidazolés, quinolones, cyclines. Ils inhibent la synthèse de la paroi qui entoure la bactérie, ou bien la synthèse de ses protéines.

CARACTÉRISTIQUES ET ADMINISTRATION

Chaque antibiotique possède plusieurs caractéristiques.

— Le spectre d'activité est la liste des bactéries sur lesquelles l'antibiotique est actif. Il est dit large lorsque l'antibiotique agit à la fois sur des bactéries à Gram positif et à Gram négatif, et étroit lorsqu'il n'est actif que sur l'un de ces deux types de bactéries. Les autres bactéries sont dites « résistantes » (résistance naturelle ou acquise).

   Si besoin, un prélèvement local contenant les bactéries est envoyé dans un laboratoire, qui réalise un antibiogramme (étude de l'efficacité d'un choix d'antibiotiques sur la bactérie en cause) afin de pouvoir adapter le traitement.

— Le caractère bactériostatique ou bactéricide de l'antibiotique correspond à l'arrêt de la multiplication ou à la destruction des bactéries.

— Le devenir dans l'organisme, selon les voies d'administration possibles (locale, orale, injectable), est fonction de la répartition du produit dans les tissus, de son pouvoir de pénétration dans les cellules, de son organe d'élimination (rein ou foie).

— La tolérance dépend de la toxicité du produit et de la fréquence des allergies à ce médicament.

   Le choix d'un antibiotique dépend également de la nature de l'infection (siège, gravité) et de l'état du malade (antécédents d'allergie, maladie rénale ou hépatique). Il est parfois nécessaire d'associer plusieurs produits, par exemple en cas d'infection grave.

EFFETS INDÉSIRABLES

La plupart des antibiotiques peuvent provoquer des nausées, une diarrhée (par modification de la flore intestinale) ou bien des réactions allergiques (cutanées ou plus sévères), qui interdisent l'emploi ultérieur de tout antibiotique de la même famille. Ils peuvent également favoriser l'éclosion d'une mycose (principalement candidose).

   Par ailleurs, il existe un risque plus général : l'apparition chez une bactérie d'une résistance à un antibiotique (résistance acquise), par sécrétion d'une enzyme qui s'oppose à l'action du médicament (par exemple la bêtalactamase s'opposant à l'action des bêtalactamines). Une résistance apparue dans une souche et chez un malade donné peut, dans certains cas, s'étendre d'une façon épidémique au sein des flores bactériennes du malade ou de son entourage. Cet effet est favorisé par une utilisation trop fréquente et inadéquate des antibiotiques. 

anticancéreux

Médicament utilisé dans le traitement chimiothérapique de certains cancers.

Synonymes : antimitotique, antinéoplasique, cytostatique.

   Les anticancéreux visent à détruire le plus grand nombre possible de cellules cancéreuses ou à les empêcher de se multiplier, tout en épargnant la plupart des cellules saines de l'organisme. Chaque variété de cancer est sensible à certains produits et résistante à d'autres. Les médicaments sont souvent associés, ce qui permet de diminuer le risque de résistance et d'en majorer l'efficacité. Des traitements ciblés visant à bloquer l'action des facteurs de croissance ou la vascularisation des tissus cancéreux (néoangiogenèse) sont utilisés dans certains cancers : rein, côlon, bronche, sarcome stromal du tube digestif.

Voir : chimiothérapie anticancéreuse, thérapie ciblée.

anticholinergique

Substance inhibant l'action de l'acétylcholine (neurotransmetteur du système parasympathique) dans le système nerveux végétatif.

Synonyme : parasympatholytique.

   Les anticholinergiques (atropine, benzatropine, trihexiphénidyle, etc.) s'opposent à l'action du système nerveux végétatif parasympathique en se fixant sur les récepteurs des cellules nerveuses à la place de l'acétylcholine. Ils sont prescrits dans le traitement des excès de sécrétion gastrique, des vomissements, de la maladie de Parkinson et administrés par voie orale ou par injection.

   Les effets indésirables sont une rétention d'urine, qui se produit en cas d'adénome de la prostate, une crise aiguë de glaucome (hypertension intraoculaire), une aggravation d'une insuffisance cardiaque ou coronarienne. Les anticholinergiques sont à proscrire en cas de grossesse ou d'allaitement. 

anticoagulant

Substance médicamenteuse ou physiologique inhibant la coagulation du sang.

Anticoagulants médicamenteux

Ils sont utilisés pour rendre le sang plus fluide. Les formes principales sont :

— Les héparines agissant directement sur la coagulation, de façon rapide, et injectées par voie sous-cutanée ou intraveineuse.

— Les antivitamines K, dérivés de la coumarine ou de l'indanedione, inhibant une étape de la synthèse de certains facteurs de la coagulation ; ils sont pris par voie orale et ont un délai d'action plus long que l'héparine.

INDICATIONS

Les anticoagulants médicamenteux sont indiqués pour prévenir ou traiter les thromboses (formation de caillots) des vaisseaux sanguins et leur complication principale, l'embolie. Ils sont prescrits dans les maladies et les situations suivantes : phlébite (thrombose veineuse) et embolie pulmonaire ; thrombose et embolie artérielles ; intervention chirurgicale ; immobilisation du membre inférieur (dans un plâtre ou lors d'un alitement prolongé) ; certaines maladies cardiaques (infarctus, valves artificielles, arythmies). L'héparine, prescrite en premier dans les cas aigus, est relayée par des antivitamines K si le traitement doit se prolonger.

SURVEILLANCE

Les examens sanguins sont indispensables. Les tests sont différents pour l'héparine (temps de céphaline, héparinémie, activité anti-Xa) et pour les antivitamines K (temps de prothrombine, ou temps de Quick, dont les résultats sont maintenant exprimés en INR, ou ratio international de normalisation). Le taux de plaquettes est à surveiller chez les malades recevant de l'héparine.

EFFETS INDÉSIRABLES

Le surdosage provoque des hémorragies (des gencives, des voies digestives ou urinaires, etc.) et la formation d'hématomes. Ce risque est augmenté s'il existe déjà une lésion (ulcère de l'estomac), si le patient prend de l'aspirine ou des anti-inflammatoires. On doit éviter les injections intramusculaires. Les saignements peu abondants ne justifient en général qu'une diminution de la dose. Par ailleurs, les antivitamines K peuvent provoquer des malformations fœtales et sont donc contre-indiqués chez la femme enceinte. Les héparines peuvent provoquer une baisse du taux de plaquettes (thrombopénie).

Risques particuliers liés aux gestes invasifs

   Les traitements anticoagulants et particulièrement les traitements oraux par antivitamines K représentent une contre-indication à certains gestes invasifs comme les injections intramusculaires, les infiltrations, les ponctions (ponction et cathétérisme artériels, ponction lombaire et autres), les biopsies, et a fortiori à des gestes chirurgicaux ou interventionnels. Il y a lieu d'en informer les médecins concernés lors d'une prescription.

anticoagulants physiologiques

On distingue les anticoagulants normaux de ceux qui sont pathologiques.

ANTICOAGULANTS PHYSIOLOGIQUES NORMAUX

Outre l'héparine, présente dans différents tissus, trois protéines sanguines importantes sont connues : l'antithrombine, la protéine C et la protéine S. Ces molécules empêchent la formation de caillots, en inhibant les facteurs de coagulation activés en dehors d'une situation de coagulation normale. Leur déficit, congénital ou acquis, entraîne des thromboses et des embolies.