Larousse Médical 2006Éd. 2006
C

carbamate

Médicament utilisé dans le traitement des manifestations de l'anxiété.

   Les carbamates (méprobamate) sont indiqués comme anxiolytiques (actifs contre l'anxiété) et comme myorelaxants (actifs contre les contractures musculaires douloureuses) ; les contre-indications sont la grossesse et certaines maladies (myasthénie, porphyrie). Ils sont incompatibles avec l'alcool et les médicaments qui dépriment le système nerveux (certains antidépresseurs, certains hypnotiques). Ils sont administrés par voie orale. Parmi les effets indésirables, on peut observer une somnolence, des troubles respiratoires, une baisse de la tension artérielle, une réaction allergique, des vertiges. Leur utilisation à long terme est à proscrire.

carbone

Élément chimique (C) caractéristique du monde vivant.

   Dans l'organisme, le carbone entre dans la constitution des molécules des trois composants principaux : glucides, lipides et protéines.

carcinogenèse

Naissance d'un cancer à partir d'une cellule transformée par plusieurs mutations.

Synonymes : cancérogenèse, oncogenèse.

   La carcinogenèse est un phénomène à plusieurs étapes, observé en cancérologie clinique et chez l'animal de laboratoire. La compréhension de son fonctionnement repose sur deux idées majeures : l'une est que la transformation tumorale est un processus cumulatif d'événements mutationnels, l'autre que ces événements sont interdépendants. Ainsi, des tumeurs bénignes montrant une prolifération cellulaire restreinte et contrôlée peuvent dégénérer en tumeurs malignes aux proliférations cellulaires anarchiques, incontrôlées, capables d'envahir les tissus adjacents.

   Au cours de son évolution, une cellule maligne acquiert par mutations successives des propriétés nouvelles qui la rendent de plus en plus résistante et agressive pour l'organisme.

   Le mécanisme essentiel de la carcinogenèse repose sur l'activation de certains oncogènes (gènes intervenant dans le contrôle de la prolifération cellulaire et capables de provoquer un processus de cancérisation) et sur l'inactivation d'antioncogènes (gènes suppresseurs de cancers, contrôlant l'intégrité du génome).

DIFFÉRENTS TYPES D'ACTIVATION DES ONCOGÈNES

L'étude moléculaire des oncogènes a permis de découvrir plusieurs types d'activation pouvant correspondre à plusieurs étapes de la carcinogenèse.

   La survenue d'une ou de plusieurs de ces activations déclenche un cancer.

— La carcinogenèse chimique correspond à une activation par mutation dans un oncogène. Elle se caractérise par deux stades successifs : l'initiation et la promotion. Un oncogène peut être activé par mutation avec une substance chimique « initiatrice » pour former des tumeurs bénignes, qui, elles, sont susceptibles de dégénérer en cancer sous l'action d'une substance « promotrice ».

— La carcinogenèse virale comprend deux sortes d'activation. La première implique des virus lents qui, par insertion, activent un oncogène. La seconde concerne des virus qui portent un gène transformant, capable de transformer la cellule en cellule tumorale.

— L'amplification d'un oncogène correspond à une activation par multiplication du nombre de copies de l'oncogène dans la cellule. Il s'agit souvent d'un événement tardif au cours de la progression tumorale.

   L'amplification de l'A.D.N. ou de l'A.R.N. d'un oncogène conduit à l'augmentation d'une protéine pouvant lutter contre le produit d'un autre gène, un gène suppresseur de la transformation tumorale (antioncogène). La quantité de protéine oncogène l'emporterait sur celle de la protéine suppresseur de tumeur, provoquant ainsi le cancer. D'autres facteurs sont impliqués : activité anormale de gènes contrôlant des enzymes (télomérases) et de gènes bloquant l'apoptose et permettant la formation de nouveaux vaisseaux sanguins qui alimentent le tissu tumoral.

Voir : cancer, mutation.

carcinoïde

Tumeur bénigne ou maligne peu volumineuse qui se développe surtout dans les muqueuses digestives, parfois dans la muqueuse bronchique, aux dépens des cellules endocrines dites argentaffines (colorables par certains sels d'argent).

Synonymes : tumeur argentaffine, tumeur entérochromaffine, tumeur neuroendocrine.

   Les carcinoïdes représentent moins de 1 % des tumeurs digestives et moins de 0,2 % de l'ensemble des tumeurs. Ils apparaissent le plus souvent entre 50 et 60 ans, chez l'homme comme chez la femme.

   Les carcinoïdes sont initialement peu volumineux et multiples dans un tiers des cas. Leur caractère bénin ou malin, parfois difficile à établir, est en rapport avec leur taille et leur siège : les tumeurs de moins de 2 centimètres sont souvent bénignes. Les localisations sont, par ordre de fréquence décroissant, l'appendice (siège de la moitié des carcinoïdes digestifs), le jéjunum et l'iléon (intestin grêle), le rectum et les bronches ; les carcinoïdes de l'estomac ou de l'ovaire sont beaucoup plus rares.

SYMPTÔMES ET ÉVOLUTION

Les carcinoïdes bénins ne se manifestent par aucun symptôme et sont découverts lors d'une intervention ou d'un examen effectué à l'occasion d'une autre maladie (appendicectomie ou endoscopie). Les carcinoïdes malins peuvent obstruer l'intestin et donner des métastases dans le foie et les ganglions abdominaux. Ils peuvent sécréter de nombreuses hormones (sérotonine, histamine, corticotrophine, somathormone, calcitonine, glucagon, gastrine, etc.) qui entraînent des symptômes révélateurs : syndrome de Cushing, acromégalie, syndrome carcinoïde (surtout en cas de carcinoïde de l'intestin grêle compliqué de métastases hépatiques).

DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT

Le diagnostic est établi par la localisation radiologique de la tumeur (digestive ou pulmonaire), par l'examen microscopique de la biopsie et par la mise en évidence de la sécrétion hormonale. Le recueil des urines permet le dosage de l'acide 5-hydroxy-indol-acétique (5 H.I.A.), dérivé de la sérotonine.

   Le traitement des carcinoïdes bénins consiste en l'ablation chirurgicale complète de la tumeur, ou des tumeurs (carcinoïdes de l'appendice, par exemple). En cas de carcinoïde malin, l'évolution très lente de la tumeur justifie des thérapeutiques multiples : radiothérapie, radiothérapie métabolique, ablation chirurgicale étendue aux métastases ou ou destruction des métastases par la chaleur (par radio-fréquence, les tissus étant chauffés à l'aide d'une aiguille liée à un générateur de micro-ondes), exceptionnellement transplantation hépatique.

Voir : tumeur.