Rebatet (Lucien)
Écrivain français (Moras-en-Valloire, 1903 – id. 1972).
Journaliste à l'Action française et à Je suis partout, il se rapproche continûment du fascisme et rompra avec Maurras pour rejoindre Doriot et le Cri du peuple. Dans les Décombres (1942), livre énorme et torrentiel qui sera un best-seller, il raconte la débâcle de l'armée française et la fin de la République, qui l'enchante ; il termine en proposant ses mains pour les premiers chantiers de la nouvelle Europe. Condamné à mort, gracié, il reste en prison jusqu'en 1952. Mémoires d'un fasciste (1976) provoquent encore une vive polémique. Il a aussi écrit Une histoire de la musique (1969).
Rebell (Georges Grassal, dit Hugues)
Écrivain français (Nantes 1867 – Paris 1905).
Collaborateur, à partir de 1892, de la revue l'Ermitage fondée en 1890 par H. Mazel, membre de l'école romane, il mêle sa fascination pour Nietzsche à son admiration pour Walt Whitman dans des poèmes en vers libres (Chants de la pluie et du soleil, 1894) et dans des romans (la Femme qui a connu l'Empereur, 1898 ; la Câlineuse ; l'Espionne impériale, 1899), marqués par sa haine pour la démocratie et empreints d'un érotisme audacieux. Ce sont les Nuits chaudes du Cap français (1902) qui révèlent le plus crûment cette sensualité provocante, parfois cruelle, dans la frénésie des dernières années en tant que colonie française de l'île de Saint-Domingue. Le Diable à table, moins roman que confession, paraîtra deux mois après sa mort (1905).
Rebora (Clemente)
Écrivain italien (Milan 1885 – Stresa, Novare, 1957).
Accueillis dans la Voce, ses premiers poèmes attestent déjà la crise spirituelle qui, accentuée par l'expérience de la guerre, entraîna sa conversion au catholicisme et son entrée dans les ordres (1936) : Fragments lyriques (1913), Chants anonymes (1922). Son œuvre postérieure (Curriculum vitae, 1955 ; Chants de l'infirmité, 1957 ; Manie de l'éternel, 1968) se caractérise par la sublimation du sentiment religieux.
Reboul (Georges)
Écrivain français de langue d'oc (Marseille 1901 – id. 1993).
Né dans un milieu populaire de Marseille, il est l'héritier du provençalisme rouge d'Auguste Marin et des poètes ouvriers. Engagé dans son temps, qui est celui du surréalisme, du Front populaire, des auberges de la jeunesse, il fonda en 1934 le parti fédéraliste provençal soutenu par Paul Ricard et C. Camproux, la revue Occitania et le Calen (1925), foyer d'éducation provençale populaire. Après À cœur ouvert (1928), il publie deux recueils, Sans répit (1932) et Terroir neuf (1937), dans la revue Marsyas. Le modernisme de ses thèmes et de sa forme poétique, le dépouillement et l'injonction à vivre qui se dégagent de ses compositions l'ont placé en rupture avec l'esthétisme provençal traditionnel.
Reboul (Jean)
Poète français (Nîmes 1796 – id. 1864).
S'il vécut par son métier de boulanger jusqu'à l'âge de 54 ans et devint pour ses contemporains « le Boulanger de Nîmes », cet autodidacte s'affirma dans le monde littéraire : Lamartine, conquis par le poème l'Ange et l'Enfant, paru en 1828 dans la Quotidienne, lui adressa l'une de ses Harmonies, le « Génie dans l'obscurité ». Il fit éditer ensuite un poème biblique (le Dernier Jour, 1839), quelques recueils poétiques (les Traditionnelles, 1857) et des tragédies. Contribuant au renouveau de l'occitan, il encouragea Mistral et soutint le félibrige.
Reboux (Henri Amillet, dit Paul)
Écrivain français (Paris 1877 – Nice 1963).
Outre des romans (Maisons de danses, 1904 ; Romulus Coucou, 1921), des études plus ou moins historiques (Madame se meurt, Madame est morte, 1932 ; la Belle Gabrielle, 1954) et des essais humoristiques (le Nouveau Savoir-Vivre, 1930), il est surtout connu pour ses pastiches (À la manière de..., 1908-1950) dont les premiers furent écrits en collaboration avec Charles Muller. Il a expliqué sa recette, qui se résume en trois points : choisir un écrivain connu du grand public ; repérer ses tics, ses thèmes récurrents, ses particularismes et en exagérer l'importance ; à l'aide des ingrédients ainsi obtenus, composer un morceau qui soit aussi divertissant que possible. Il laisse un recueil de souvenirs (Mes Mémoires, 1956).
Rebreanu (Liviu)
Écrivain roumain (Tarlisua, Transylvanie, 1885 – Valea Mare 1944).
Un style objectif, au réalisme dur et aux accents parfois naturalistes, caractérise ses romans : Ion (1920), la Forêt des pendus (1922) et la Révolte (1932) ont respectivement pour thème l'ancestrale passion de la terre chez le paysan, le refus d'un officier roumain de Transylvanie de se battre contre ses concitoyens, entraînant sa désertion et sa pendaison et, enfin, dans une vaste fresque des mouvements paysans de 1907, la réaction violente des masses. Constructions épiques monumentales, témoignant d'un art subtil de la composition, ces trois romans comptent parmi les chefs-d'œuvre de la littérature roumaine.
Récamier (Julie Bernard, Mme)
Femme de lettres française (Lyon 1777 – Paris 1849).
Amie de Mme de Staël, elle attire dans son salon de nombreux admirateurs : Adrien et Mathieu de Montmorency, Lucien Bonaparte, Moreau, Bernadotte. En 1814, elle rencontre Benjamin Constant. En 1819, elle se retire à l'Abbaye-aux-Bois, où commence sa liaison avec Chateaubriand. Pendant de longues années, elle fit de son salon un foyer intellectuel dont celui-ci fut l'animateur. Ses Souvenirs et une Correspondance ont été publiés (1859).
recherche des racines (littérature de)
Courant littéraire chinois.
Né en 1985, à l'initiative de Han Shaogong, il a regroupé plusieurs écrivains aujourd'hui importants. Ceux-ci avaient pour objectif déclaré de redonner vie au régionalisme en littérature et de reconquérir ainsi l'identité chinoise vraie, dont les multiples composantes culturelles ont été niées par l'histoire officielle. Chacun d'entre eux, Han ou non-Han, athée, bouddhiste ou musulman, se fait la voix soit de sa région, soit de sa ville natale, ou bien d'un lieu où la Révolution culturelle l'a contraint à vivre : Han Shaogong évoque le Hunan, A Cheng, le Yunnan, Jia Pingwa, la ville de Shangzhou, Zhaxi Dawa, le Tibet, Zhang Chengzhi, le Grand Nord mongol, Wang Anyi, le Jiangsu, Mo Yan, le Shandong... Ce courant ne renie pas le réalisme mais tend à le dépasser : l'inconscient, la sexualité, le sentiment religieux, la violence extrême des rapports entre les êtres, les résurgences du surnaturel, tout l'humain y a désormais droit de cité.