Matthey (Pierre-Louis)
Poète suisse de langue française (Nyon 1893 – Genève 1970).
Ses premiers vers, Seize à vingt, datent de 1914, mais ce sont Semaines de passion (1919) et Même Sang (1920) qui firent figure d'événement, à la fois par l'affirmation d'une sensualité passionnée, inhabituelle sous les cieux romands, et par une langue complexe, hermétique, incessamment travaillée. Après vingt années de silence, Matthey donna trois recueils (dont Alcyonée à Pallène, 1941) : le vers, toujours régulier et lisse, y est moins violent, mais parfois trop élaboré. Il en va de même de ses traductions (du domaine anglais surtout).
Matthieu (Pierre)
Écrivain français (Pesmes 1563 – Montauban 1621).
Juriste, avocat au présidial de Lyon (1586), il fut ligueur, avant de se rallier à Henri IV et de devenir l'historiographe d'Henri IV et de Louis XIII. On lui doit, outre de nombreux ouvrages historiques (Histoire des derniers troubles de France, 1594-1595 ; Histoire de Saint Louis, 1618), cinq tragédies politiques (Esther, Vasthi, Clytemnestre, Guisade et la Magicienne étrangère, qui traite de l'affaire Concini), composées entre 1585 et 1617, ainsi que des romans (Aelius Sejanus, 1617 ; Histoire des prospérités malheureuses d'une femme carthaginoise, 1617).
Matthis (les frères)
Écrivains français d'expression dialectale alsacienne, Adolphe (Val-de-Villé 1874 – Strasbourg 1944) et Albert (Val-de-Villé 1874 – Strasbourg 1930).
Leur lyrisme pittoresque, attaché à la transposition poétique du parler local et des coutumes strasbourgeoises, a marqué, au début du XXe s., le renouveau de la littérature dialectale à travers l'évocation du « Ried » et de ses paysages (Bois d'oignon, 1901 ; Sève des Saules, 1911 ; les Pissenlits, 1923 ; Colchiques d'automne, 1937).
Mattioni (Stelio)
Écrivain italien (Trieste 1921 – id. 1997).
Poète (Poésies, 1970) et romancier, il décrit les mille facettes de sa ville (la Plus Belle du royaume, 1968 ; les Métamorphoses d'Alma, 1980).
Maturin (Charles Robert)
Écrivain irlandais (Dublin 1782 – id. 1824).
Pasteur excentrique, recommandé à Byron par Scott, il écrit des romans « gothiques » (la Vengeance fatale, 1817 ; Women, 1818) qui poussent l'horrible à la limite du révoltant. La frénésie comme style de vie inspire Melmoth ou l'Homme errant (1820) qui relance le mythe du Juif errant et auquel Balzac répondra avec Melmoth réconcilié (1835) : Malmoth a vendu son âme au diable pour prolonger sa vie, mais il échappera à la damnation s'il trouve quelqu'un qui acceptera de signer le même pacte. La figure de l'homme voué au mal et au pouvoir, solitaire et attaché à asservir autrui, y est identifiée au choix de la négation absolue, qui contraint au désespoir et équivaut à l'impuissance.
Matute (Ana María)
Romancière espagnole (Barcelone 1926).
Ses romans évoquent un monde vu à travers les fantasmes d'enfants ou d'adolescents aux prises avec les bouleversements de la guerre civile (les Brûlures du matin, 1959 ; Les soldats pleurent la nuit, 1964 ; la Trappe, 1968) ou des mutations économiques modernes (les Abel, 1948 ; Marionnettes, 1954 ; Plaignez les loups !, 1958). Depuis la Tour de guet (1971), roman de chevalerie, elle se consacre exclusivement à la littérature pour enfants.
Matvejevic (Predrag)
Écrivain bosniaque (Mostar 1932).
Grand écrivain, essayiste et professeur de littérature en France et en Italie, où il vit actuellement, Predrag Matvejevic publie, en 1992, son Bréviaire méditerranéen et, en 1993, Épistolaire de l'autre Europe. Son œuvre occupe une place exceptionnelle dans la littérature contemporaine, interroge les concepts en jeu dans la définition d'une identité culturelle, telle que celle attachée au bassin méditerranéen, et souligne les mythologies dont elle peut être l'objet.
Matzneff (Gabriel)
Écrivain français (Neuilly-sur-Seine 1936).
Essayiste (le Défi, 1965), il est aussi chroniqueur à Combat et au Monde. Son œuvre romanesque peut être vue comme un autoportrait. « Archange aux pieds fourchus » (c'est le titre, en 1983, du troisième tome de son Journal intime), le regard fixé sur son adolescence et sur celle des autres (les Moins de seize ans, 1974 ; Isaïe, réjouis-toi, 1974), il unit une nostalgie pour l'Église orthodoxe à une célébration de toutes les Passions schismatiques (1977) : le Défi (1965), Ivre du vin perdu (1981). Son essai sur la Diététique de lord Byron (1984) n'est qu'un moyen de recomposer sa propre image dans le miroir du héros romantique. La suite de son journal, la Passion Francesca, Journal 1974-1976, est parue en 1998.
Maubert de Gouvest (Jean-Henri)
Écrivain français (Rouen 1721 – Altona 1767).
Capucin défroqué, il fut la plupart du temps poursuivi par les autorités. Il publia un roman épistolaire, les Lettres iroquoises (1752), dont il donna une nouvelle version en 1769 sous le titre de Lettres chérakéesiennes, par Jean-Jacques Rufus, sauvage européen, mais son œuvre reste essentiellement politique et historique avec le Testament politique du cardinal Alberoni (1753), celui du chevalier de Walpole (1767) et une Histoire politique du siècle qui n'eut que deux volumes (1754-1755).
Maugham (William Somerset)
Écrivain anglais (Paris 1874 – Saint-Jean-Cap-Ferrat 1965).
Orphelin à 10 ans, il fit des études à Canterbury et à Heidelberg et découvrit comme médecin la misère à Londres. Installé en France, il aborda le théâtre. Après la Première Guerre mondiale, où il servit dans l'Intelligence Service, la critique dans ses pièces se fit plus cinglante (le Cercle, 1921 ; À l'est de Suez, 1921 ; Pour services rendus, 1932) et il s'en prit aux institutions sociales (la Flamme sacrée, 1928), créant des personnages fortement typés. Il reste surtout comme un maître du roman : l'autobiographique Servitudes humaines (1915), la Lune et six pence (1919), le Fil du rasoir (1944) sont des chants de la désillusion, évoquant la vanité des aspirations humaines et les pièges de l'amour. Dans ses nouvelles, il prend, à travers la peinture de la haute société ou de l'Extrême-Orient, une distance de plus en plus nette avec son siècle.