Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Pillat (Ion)

Écrivain roumain (Bucarest 1891 – id. 1945).

Associant la sensibilité symboliste à la thématique de la poésie traditionnelle, il évoque, dans une athmosphère de mélancolie crépusculaire, le paradis perdu de l'enfance passée à la campagne (Éternités d'un instant, 1914 ; En amont de l'Argesh, 1923 ; l'Église d'autrefois, 1926). Une autre tendance, d'inspiration parnassienne, nourrit les cycles poétiques inspirés de l'antiquité grecque et orientale (Rêveries payennes, 1912 ; le Bouclier de Minerve, 1933 ; Poèmes en un vers, 1935 ; le Rivage perdu, 1937).

Pilniak (Boris Andreïevitch Vogau, dit Boris)

Écrivain russe (Mojaïsk 1894 – Moscou 1938).

Fils d'Allemands de la Volga, il subit l'influence précoce des recherches formelles du symbolisme (Remizov, Biely, Merejkovski). Peintre de la vie provinciale, dont ses premiers récits évoquent la torpeur (le Dernier Vapeur, 1918 ), il offre dans l'Année nue (1921) une image apocalyptique de la révolution, qu'il perçoit comme un vaste chaos, une tempête provoquée par le heurt de deux mondes dont l'issue est l'effondrement d'un ordre pluriséculaire. Mais, surtout, Pilniak ne raconte pas, il rassemble, « collectionne » (il disait avoir avec les mots le même rapport qu'un numismate avec les pièces de monnaie) des matériaux linguistiques – néologismes, slogans, proverbes, termes dialectaux... – pour évoquer, selon une technique de montage, ou de collage, cette période. Il développe dans ses romans ultérieurs (Tempête, la Troisième Capitale, Machines et Loups, 1922-1925) cette vision de la révolution comme émergence d'énergies longuement refoulées, celles d'une Russie originelle, paysanne et païenne. Mais son goût naturaliste du détail cru (l'acte sexuel est pour lui l'expression de cette force élémentaire) comme sa peinture cruelle de la société nouvelle (Histoire de la lune non éteinte, 1926 ; Acajou, 1929) en font la cible d'une attaque en règle, à l'issue de laquelle il publie son autocritique. Malgré un roman d'édification (La Volga se jette dans la Caspienne, 1930), puis une satire anti-américaine (O. K., 1933), il est arrêté en 1937 et meurt en déportation.

Pindare

Poète grec (Cynoscéphales, près de Thèbes, 518 – Argos ? v. 438 av. J.-C.).

Pindare marque l'apogée du genre choral. Aristocrate thébain, élève du flûtiste Scopélinos et, peut-être, des poétesses Corinne et Myrtis, il compléta son éducation à Athènes, et fut célèbre très jeune, en 498, avec la Xe Pythique. L'historien Polybe l'accuse, peut-être à tort, de sympathies médiques, et, même s'il composa pour les Athéniens, ses dédicataires sont surtout issus de cités tyranniques, dans l'ensemble du monde grec, de Syracuse (Hiéron) à Cyrène (Arcésilas). De ses nombreuses œuvres méliques (Hymnes, Éloges, Dithyrambes,Thrènes, Péans, Hyporchèmes), à part des fragments, il reste 40 Épinicies (Odes triomphales), qui, réparties en 4 livres (Olympiques, Pythiques, Néméennes, Isthmiques), célèbrent les vainqueurs aux jeux panhelléniques. Dans chaque ode, de composition virtuose, à la fois chantée et dansée, en général en triades (strophe, antistrophe, épode), Pindare insère un épisode mythique en rapport avec la famille ou la cité du vainqueur et développe des pensées morales sur la force, l'intelligence, la beauté, la vertu, et les pouvoirs de la poésie, que le poète célèbre en rendant l'athlète glorieux et immortel. Ces éléments mythiques et gnomiques sont intégrés dans un éloge général de la cité et des divinités, Apollon, Zeus, Charites, Muses..., qui, par leur générosité harmonieuse, ont permis la victoire. Son style, majestueux et fulgurant, très imagé et parfois obscur, est considéré par les Anciens comme le type de l'« harmonie austère  » (Denys d'Halicarnasse) et a influencé Horace, Ronsard, Hölderlin ou Saint-John Perse.

Pindemonte (Ippolito)

Écrivain italien (Vérone 1753 – id. 1828).

Auteur de poèmes, de tragédies et de nouvelles historiques, il est surtout célèbre pour sa traduction de l'Odyssée (1822). Les Tombeaux de Foscolo lui sont dédiés, parce que Pindemonte avait déjà projeté un poème, resté inachevé, sur le même thème. Il répondit par la suite à Foscolo avec une lettre en vers (les Tombeaux, 1807).

Pineau (Gisèle)

Écrivain guadeloupéenne (Paris 1956).

Ses romans ont une qualité reconnue tant par leur expression efficace, dense, de plus en plus éloignée des créolismes convenus, tout en intégrant une culture antillaise vivante. Elle y dénonce l'exil en métropole, le préjugé de couleur, les drames domestiques et les désespoirs privés. Elle a publié notamment la Grande Drive des esprits (1993), l'Espérance Macadam (1995), l'Exil selon Julia (1996).

Piñera (Virgilio)

Écrivain cubain (Cárdenas 1912 – La Havane 1979).

Son œuvre, d'une grande perfection formelle, est volontiers hermétique. Fondateur (1942) de la revue Poeta, auteur de recueils lyriques (les Furies, 1941 ; l'Île à bout de bras, 1943), il a cultivé l'humour dans ses nouvelles (Contes froids, 1956) et ses romans (Petites Manœuvres, 1963 ; Pressions et diamants, 1967). Il est considéré comme l'un des initiateurs du théâtre de l'absurde en Amérique latine (Electra Carrigó, 1941 ; Air froid, 1959 ; le Philanthrope, 1960).

Pinero (sir Arthur Wing)

Auteur dramatique anglais d'origine portugaise (Londres 1855 – id. 1934).

Il débuta comme auteur par des farces (le Magistrat, 1885 ; la Maîtresse d'école, 1886 ; Dandy Dick, 1887), acclimata Ibsen et donna des pièces qui hésitent entre le féminisme et le drame de salon (le Débauché, 1889 ; la Seconde Mrs. Tanqueray, 1893 ; le Joyeux Lord Quex, 1899 ; Iris, 1901). Ses dernières œuvres, et notamment la Chaumière enchantée (1922), féerie pour enfants, reprennent le sentimentalisme de son grand succès, Douce Lavande (1888).

Pingaud (Bernard)

Écrivain français (Paris 1923).

Il a collaboré aux Temps modernes et signé le manifeste des 121 en 1960. En 1968, il fonde avec Jean-Pierre Faye, Michel Butor et quelques autres l'Union des écrivains, qu'il anime jusqu'en 1973. De 1990 à 1993, il est président de la Maison des écrivains à Paris. Marquée par la psychanalyse (la Scène primitive, 1965), son œuvre illustre la relation de l'écriture et du monde, par l'analyse du couple (l'Amour triste, 1950), de soi et de l'enfance (la Voix de son maître, 1973 ; l'Imparfait, 1973 ; Adieu Kafka, 1989 ; Bartoldi le comédien, 1996 ; Tu n'es plus là, 1998) et par une recherche sur la forme et l'indifférence (le Prisonnier, 1958). Il est aussi théoricien du roman et critique littéraire (Madame de La Fayette par elle-même, 1959 ; Inventaire I, 1965 ; Comme un chemin en automne, Inventaire II, 1979 ; l'Expérience du romanesque, 1983 ; Écrire, jour et nuit, 2000).