Garrett (João Baptista da Silva Leitão, vicomte de Almeida)
Écrivain et homme politique portugais (Porto 1799 – Lisbonne 1854).
Gagné aux idées libérales dès la révolution de 1820, il dut s'exiler à deux reprises (1823-1826 et 1828-1836) en France et en Angleterre. Il introduisit et reformula au Portugal l'idéal romantique européen, par ses romans (Voyages dans mon pays, 1846), ses poèmes (Fleurs sans fruits, 1845 ; Feuilles tombées, 1853) et, surtout, son théâtre (Frère Luis de Sousa, 1843).
Garrick (David)
Acteur et auteur dramatique anglais (Hereford 1717 – Londres 1779).
Petit-fils d'un Français réfugié en Angleterre après la révocation de l'édit de Nantes, il débuta, en 1741, dans le rôle de Richard III avec un immense succès, et joua par la suite tous les grands drames de Shakespeare, qu'il n'hésita pas à remanier. Directeur du théâtre de Drury Lane (1747-1776), il a laissé des comédies originales (Miss in her Teens, 1747 ; le Mariage clandestin, 1766). C'est au cours de conversations avec lui que Diderot conçut la thèse exposée dans le Paradoxe sur le comédien.
Garros (Pey)
Poète français de langue d'oc (Lectoure entre 1525 et 1530 – Pau 1585).
D'une famille de petite noblesse, il fit à Toulouse des études de droit qui lui ouvrirent une carrière dans la magistrature. Son œuvre littéraire (Psaumes de David viratz en rythme gascon, 1565 ; Poesias gascounas, 1567) est celle d'un patriote gascon lié à la monarchie navarraise et guidé par une idée de rédemption linguistique. Ses Églogues et un Cant novial (Chant nuptial) constituent un contrepoint éclatant à la Renaissance française.
Gary (Romain Kacew, dit Romain)
Écrivain français d'origine russe (Vilna 1914 – Paris 1980).
Arrivé en France à 14 ans, Romain Gary est élevé par sa mère, actrice russe d'origine juive. Après des études de droit, il s'engage dans l'aviation et rejoint la France libre pendant la guerre (compagnon de la Libération en 1944). De 1945 à 1961, il mène de front une carrière diplomatique et une œuvre romanesque centrée sur des thèmes puisés dans l'actualité, qu'il s'agisse de la guerre, du racisme ou des problèmes écologiques (Éducation européenne, 1945 ; les Racines du ciel, prix Goncourt, 1956 ; les Cerfs-Volants, 1980). Animé par des préoccupations humanistes, Gary raconte son adolescence et sa vocation dans la Promesse de l'aube (1960). Ses récits des années 1960 portent l'empreinte de sa rencontre avec l'actrice américaine Jean Seberg, qu'il épouse en 1963 et qu'il fait jouer dans un film tiré d'un recueil de nouvelles, Les oiseaux vont mourir au Pérou. En 1965, Gary publie Pour Sganarelle, premier volet du cycle Frère Océan. Dans cet essai sur l'art romanesque, il défend ce qu'il appelle « le roman total », une création imaginaire capable de subvertir les règles et les codes pour modifier les structures mentales. En 1970, il évoque le problème racial aux États-Unis dans Chien blanc. Hanté par les effets du vieillissement (Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable, 1975), il renouvelle profondément son inspiration et son style en signant quatre romans du nom d'Émile Ajar, pseudonyme mystérieux que les journalistes parisiens ont pris à l'époque pour celui de Paul Pavlowitch, le neveu de Romain Gary. Après Gros-Câlin (1974), histoire d'un homme dont le meilleur ami est un python, la Vie devant soi (1975) est couronnée par le prix Goncourt : ce roman d'amour filial entre un petit orphelin, Mohamed, et Madame Rosa, une ancienne prostituée, obtient un succès immédiat. Servi par une écriture foisonnante, pétrie de traits empruntés à la langue orale, ce plaidoyer en faveur des exclus est rehaussé par une voix narrative qui concourt à une subversion des codes linguistique et idéologique en mêlant les registres énonciatifs de l'enfant et de l'adulte. Gary se réjouit autant d'abuser critiques et jurés par cette supercherie littéraire que de connaître une nouvelle jeunesse. Deux autres livres suivent : Pseudo (1976), fausse autobiographie de Pavlowitch, et les Angoisses du roi Salomon (1978). Par-delà leurs spécificités, les récits de Gary et d'Ajar sont portés par « la recherche de l'humain fondamental ». Mais, profondément affecté par les épreuves de la vie, Gary prépare minutieusement son départ et se suicide en décembre 1980. La parution coup sur coup, l'année suivante, de son testament, Vie et mort d'Émile Ajar, et du récit de Paul Pavlowitch, l'Homme que l'on croyait, dévoilera toute la mystification.
Gascoigne (George)
Écrivain anglais (Cardington, Bedfordshire, v. 1525 – Bernack, Stamford, 1577).
On lui doit la première comédie anglaise en prose (les Prétendus, 1566), le premier art poétique anglais, la première satire anglaise en vers blancs (le Miroir de fer, 1576), une tragédie (Jocaste, 1566). Homme politique (le Miroir du gouvernement, 1575), il « nationalise » les genres étrangers et s'oppose à l'italianisation des mœurs et de la culture pour célébrer les vertus féodales.
Gascoyne (David)
Poète anglais (Harrow, Middlesex, 1916 – ? 2001).
Introducteur du mouvement surréaliste en Angleterre (1935), il chante la guerre d'Espagne et un univers angoissé et dérisoire (La vie de l'homme est cette viande, 1936 ; la Folie d'Hölderlin, 1938 ; Journal de Paris et d'ailleurs, 1936-1942, publié en 1980), avant d'approfondir son inspiration religieuse (Miserere. Poèmes, 1937-1942, 1943 ; Un vagabond, 1950 ; Pensées nocturnes, 1956) et de traduire son désir de certitudes visionnaires (le Soleil à minuit : notes sur l'histoire de la civilisation vue comme l'histoire du grand œuvre expérimental du scientifique suprême, 1970 ; Premiers Poèmes, 1980).
Gaskell (Elizabeth Cleghorn Stevenson, Mrs)
Romancière anglaise (Chelsea 1810 – Holyburn, Hampshire, 1865).
Fille et femme de pasteurs unitariens, elle découvrit à Manchester la misère ouvrière : Mary Barton (1848) est un plaidoyer pour la réconciliation des classes grâce à l'influence humanisante des femmes, mais aussi une des premières évocations de la révolte dans le monde ouvrier, qui valut à l'auteur les foudres du patronat anglais mais l'amitié de Dickens. Celui-ci l'embaucha dans son journal Household Words, où elle publia Cranford (1853), chronique villageoise qui connut un immense succès, puis Nord et Sud (1855), où l'Angleterre traditionnelle rencontre la modernité des régions industrialisées à travers l'idylle qui se noue entre une fille de pasteur et un jeune industriel. La même hantise de tout ce qui sépare (le Nord du Sud, les riches des pauvres, la ville de la campagne, les vieux des jeunes, les femmes entre elles) se retrouve dans Ruth (1853), histoire moralisatrice d'une fille-mère et plaidoyer pour l'égalité sexuelle. Épouses et Filles, qu'elle laisse de peu inachevé à sa mort, était son projet le plus ambitieux, comparable en complexité aux plus foisonnants romans victoriens. Outre de nombreuses nouvelles (Cousine Phyllis), on doit aussi à Gaskell une biographie de Charlotte Brontë (1857).