Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
G

Gironella (José María)

Écrivain espagnol (Darníus 1917-Arenys de Mar, près de Barcelone, 2002).

Abondamment traduit à l'étranger, il reste un des écrivains espagnols les plus lus. Il peint dans ses romans le désarroi et les inquiétudes des générations d'après la guerre civile. Les cyprès croient en Dieu (1953), Un million de morts (1961), Quand éclata la paix (1966) et Les hommes pleurent seuls (1986) forment une tétralogie. On lui doit aussi des récits de voyage, des nouvelles et des poésies.

Giroux (Roger)

Poète français (Lyon 1925 – Paris 1974).

La poésie, loin d'offrir une consolation, naît d'une difficulté, voire d'une obscurité. Tout s'accomplit dans beaucoup de nuit. Plus que celui d'un échange peut-être illusoire, la parole impersonnelle du poème, reconnaissable à sa forme dense, elliptique, est le lieu d'une nudité de l'être dans son rapport au réel, qui n'est pas sans rappeler celle de l'expérience mystique (L'Arbre le temps, 1964, prix Max-Jacob) mais aussi les tentatives proches d'Anne-Marie Albiach ou de Claude Royet-Journoud. Diffusée chez de petits éditeurs (Voici, 1974 ; Et je m'épuise d'être là..., 1982), en partie inédite, cette œuvre parle malgré tout dans une proximité immédiate. L'Autre Temps (1984) est préfacé par Bernard Noël.

Gissing (George Robert)

Romancier anglais (Wakefield 1857 – Saint-Jean-de-Luz 1903).

Marié à une prostituée puis à une servante, proie constante de la misère, en Amérique puis à Londres, il vit de divers travaux littéraires. Admirateur de Balzac et de Dickens, puis de Zola, ses romans, souvent autobiographiques, évoquent la démoralisation du prolétariat et, après une phase d'espoir socialiste (les Travailleurs de l'aube, 1880), reflètent sa rancœur : la pauvreté pervertit, notamment les femmes (les Déclassés, 1884 ; Démos, 1886). Prédisant la dégradation du monde littéraire en proie au mercantilisme (New Grub Street, 1891), il évoque, à travers la peinture amère de son expérience, les leurres et les erreurs de l'intelligentsia. Né en exil (1892) reflète sa méfiance envers la démocratie, tandis que les Femmes sans emploi (1893) s'intéresse à l'émancipation intellectuelle et économique de la femme. Les romans de Gissing sont autant de chroniques du malheur, qui dénoncent la vulgarité et la mesquinerie de la petite-bourgeoisie, sa sottise et ses pitoyables faux-semblants.

Giudici (Giovanni)

Écrivain italien (Le Grazie, La Spezia, 1924).

On lui doit des recueils de poèmes d'un moralisme non dépourvu d'humour (Autobiologie, 1969 ; Ô Béatrice, 1972). Dans Salutz (1986), il remet au goût du jour la poésie provençale en la confrontant avec le langage moderne. Forteresse (1990) révèle une poésie comme métaphore de l'enfermement auquel l'homme moderne est condamné. Étoiles impies (1996) mêle un ton sublime et comique.

Giusti (Giuseppe)

Écrivain italien (Monsummano 1809 – Florence 1850).

Il est l'auteur de poésies satiriques réunies posthumement dans Vers publiés et inédits (1852). Ses caricatures morales et politiques trahissent un conformisme petit-bourgeois (Chronique des événements de Toscane, œuvre posthume, 1890).

Gjalski (Ljubomir Babic, dit Ksaver Sandor)
ou Ljubomir Babic, dit Ksaver Sandor Dalski

Écrivain croate (Gredice 1854 – id. 1935).

Dans ses romans et ses nouvelles, Gjalski décrit la petite noblesse campagnarde des environs de Zagreb (Sous les vieux toits, 1886) et la vie politique croate au XIXe s. (Dans la nuit, 1886 ; l'Aurore, 1892 ; les Idéaux gaspillés, 1923).

Gjellerup (Karl)

Écrivain danois (Roholte 1857 – Klotzsche, près de Dresde, 1919).

D'abord admirateur des frères Brandes, il quitte les thèses matérialistes et darwinistes (Hérédité et Morale, 1880) et rompt avec ses anciens amis (Une année de voyage, 1885). Il compose la tragédie de Brunehilde (1884). Sous l'influence de Schopenhauer, il s'intéresse à la philosophie hindoue. Ses derniers récits marquent un retour au christianisme. Il a partagé le prix Nobel avec Henrik Pontoppidan en 1917.

Gjerqeku (Enver)

Poète kosovar d'expression albanaise (Gjakovë, Kosovo, 1928).

Ses premières œuvres paraissent dans des revues d'après-guerre (la Voix de la jeunesse, la Vie nouvelle). Vite connu avec les Traces de la vie (1957), il devient le poète des inquiétudes intimes et de la remise en cause de soi-même, surtout dans sa création poétique (Notre os, 1966 ; le Verdoiement retardé, 1966 ; Sons éveillés, 1966 ; Étincelles de la pierre à briquet, 1976 ; l'Otage, 1977 ; la Rivière inlassable, 1978 ; Gage de l'amour, 1978 ; Gardes éternels, 1982 ; l'Envol de la parole, 1987).

Glanndour (Louis Le Floc'h, dit Maodez)

Écrivain breton (Pontrieux 1909 – Lannion 1989).

Ordonné prêtre en 1932, il fonda en 1937, avec l'abbé Nédélec, la revue trimestrielle Studi hag Ober (Étude et Action), entièrement rédigée en breton et consacrée à la fois à la théologie et à la littérature, et qu'il fit paraître jusqu'en 1978. Auteur d'études philosophiques, de textes de spiritualité, de contes, d'articles de critique littéraire, c'est surtout un poète qui chante sa terre natale et rejette la culture latine, incompatible, pour lui, avec la sensibilité celtique et la spiritualité chrétienne. Il a publié sous le pseudonyme de maodez Glanndour : Troellennoù Glas (les Spirales bleues, 1937), Imram (Périple, 1941), Milc'hwid ar Serr-Noz (le Mauvis du crépuscule, 1946), Kanadeg evit Nedeleg (Cantate pour Noël), Vijelez an deiz diwezhan (la Vigile du dernier jour). On lui doit aussi des traductions de la Bible (les Psaumes, Isaïe, le Nouveau Testament).

Glatstein (Yankev)

Écrivain de langue yiddish (Lublin, Pologne, 1896 – New York 1971).

Membre éminent du groupe de poètes In Zikh (1920), qui pratiquent l'introspection, il réunit l'essentiel de son œuvre poétique dans les recueils De tous mes efforts (1956). On lui doit aussi des essais et des récits autobiographiques.

Gleize (Jean-Marie)

Poète français (Paris 1946).

Auteur de plusieurs essais critiques (Francis Ponge, 1988 ; le Théâtre du poème, vers Anne-Marie Albiach, 1995), il a fondé la revue Acid.e avec Michel Crozatier, puis la revue Nioques et la collection du même titre aux éditions Al Dante, pour « donner lieux » aux objets verbaux mal identifiés, aux œuvres expérimentales « post-génériques ». Il fait sien le mot attribué à Rimbaud « littéralement et dans tous les sens » aussi bien dans ses écrits accueillant l'expérience autobiographique (Simplification lyrique, 1987 ; Léman, 1990 ; le Principe de nudité intégrale, 1995 ; les Chiens noirs de la prose, 1999 ; Non, 1999) que dans sa production théorique autour de la littéralité (Poésie et Figuration, 1983 ; À noir, poésie et littéralité, 1992 ; Altitude zéro, 1997). Théorie et pratique convergent autour d'une langue sans figures, a-lyrique, au-delà du principe de poésie, vers une « prose en prose » ou de nouvelles formes d'objectivité.