Kavya-Sekharaya
Poème indien (XVe s.) écrit par un des plus célèbres moines-poètes bouddhistes de Ceylan, Sri Rahula. Il se compose de 888 stances divisées en 14 chants et raconte l'histoire de la vie antérieure du Bouddha.
kavya
Mot sanskrit désignant une forme poétique caractérisée par une grande recherche de la métrique et des images, en vogue dans les cours indiennes des premiers siècles de notre ère. En vers ou en prose, il est destiné à être vu (forme dramatique) ou entendu comme un poème.
Kawabata Yasunari
Écrivain japonais (Osaka 1899 – Kanagawa 1972).
Orphelin dès l'âge de 2 ans, recueilli par ses grands-parents, qu'il voit disparaître bientôt (Journal de ma seizième année, 1925), il débute dans les lettres alors qu'il est encore élève du lycée à Osaka. Il s'adonne à la lecture des auteurs japonais et étrangers : Mushanokoji, Tanizaki, Shiga, Akutagawa, Dostoïevski, Tchekhov et Strindberg. Entré en Propédeutique à Tokyo en 1917, il fait son premier voyage à Izu l'année suivante, où il rencontre une famille de musiciens et de danseurs ambulants. En 1921, alors qu'il est étudiant à la faculté des lettres de l'Université impériale de Tokyo, il reprend, avec ses amis, la revue Shinshicho, où il fait paraître Une scène de fête commémorative. Reconnu grâce à ce récit par Kikuchi Hirochi, il rejoint en 1923 Bungeishunju (les Annales littéraires) où il se lie d'amitié avec Yokomitsu Toshikazu, avec qui il fondera la revue Bungeijidai (le Temps des lettres). À partir de 1924, il entreprend des « romans miniatures », qu'il définit comme des « récits qui tiennent dans la main », ébauches de romans aux franges de l'irréel où percent, à travers un style précis et énigmatique, son angoisse et ses obsessions, alors même qu'il se recommande d'une esthétique marquée par les classiques bouddhiques (Autobiographie littéraire, 1934). Son double souci de concision et de profondeur se traduit aussi bien dans ses nouvelles que dans ses romans, où l'on retrouve partout présentes la mort et la fatalité des amours tragiques : la Danseuse d'Izu, 1926 ; Chronique d'Asakusa, 1929 ; Pays de neige, 1935, remanié en 1948 ; le Maître ou le Tournois de go, 1942-1954 ; Nuée d'oiseaux blancs, 1949-1951 ; le Grondement de la montagne, 1949-1954 ; le Lac, 1954 ; les Belles Endormies, 1961 ; Tristesse et Beauté, 1961-1963 ; Kyoto, 1961-1962. Alliant un impressionnisme raffiné, qui traduit la nature dans ses nuances les plus subtiles, à la faculté de créer des personnages particulièrement vivants, il fut longtemps rattaché par les critiques littéraires à l'école « néo-sensationniste » (Shinkankaku-ha). En 1968, le prix Nobel couronna son œuvre, qui semblait avoir trouvé l'équilibre entre la tradition littéraire japonaise (du dit du Genji aux romans de Saikaku) et les recherches occidentales (de Dostoïevski à Joyce). Cependant, après le suicide de Mishima (1970) et celui de Shiga (1971), l'écrivain, épuisé par la maladie et le travail, se donna la mort en 1972 dans son appartement de travail au bord de la mer.
Kawakibi (Abd al-Rahman al-)
Écrivain et réformateur religieux et politique syrien (Alep 1849 – Le Caire 1902).
Fondateur des journaux al-Chahbâ' puis al-I'tidâl, qui combattaient le despotisme ottoman et furent interdits, il fut condamné à l'exil (1898) et se fixa en Égypte, où il œuvra au mouvement de réforme religieuse. Sa réflexion sur les causes du déclin musulman s'exprima, à son retour d'un long séjour à La Mecque, dans un ouvrage retentissant (La Mecque, mère des cités, 1902), où il relate sous forme de fiction la tenue d'un congrès panislamique secret aux thèses très subversives.
Kawatake Mokuami (Yoshimura Yoshisaburo, dit)
Auteur dramatique japonais (Edo 1816 – Tokyo 1893).
Fils de prêteur sur gages, il entre à 19 ans à l'école du dramaturge de kabuki Tsuruya Nanboku V. Il finit par s'imposer à la faveur de sa collaboration avec l'acteur Ichikawa Kodanji IV, pour lequel il écrit à compter de 1854 un assez grand nombre de scènes pittoresques de la vie des bas-fonds (Izayoi et Seishin, 1859 ; les Trois Kichiza, 1860). Après la mort de Kodanji (1866), il collabore avec le directeur de théâtre Morita Kan.ya XII, qui fonde en 1872 la salle du Shintomi-za en s'inspirant partiellement de critères occidentaux. Le dramaturge compose alors des « pièces d'histoire vivante » caractérisées par le souci de la vérité historique et des « pièces à cheveux courts » décrivant les mœurs nouvelles liées à l'occidentalisation. Le public, toutefois, ne suivra guère. Il n'en continue pas moins à travailler, donnant notamment à la fin de sa carrière un certain nombre de drames dansés qu'il adapte parfois du no (l'Araignée de terre, 1881 ; Benkei au bateau, 1885). Auteur de quelque 360 pièces, Mokuami, qui demeure aujourd'hui encore le dramaturge de kabuki le plus joué, reste particulièrement apprécié pour ses évocations des quartiers populaires du vieil Edo.
Kazakhstan
Bénéficiaire depuis le Xe s. du rayonnement des civilisations du Turkestan, le Kazakhstan entre, avec l'invasion mongole (XIIIe s.), dans une ère de régression culturelle, à laquelle survit la littérature orale, d'inspiration antiféodale et patriotique, que diffusent akynes et jyraus (Koblandy-batyr, Kambar-batyr, Kozy-Korpech). Celle-ci s'enrichit avec la pénétration russe (1730-1830) d'une thématique moderne – avec Makhambet Outemissov (1804-1846), Souïounbaï Aranov (1827-1896), D. Djabaïev (1846-1945) – qui culmine dans l'œuvre des pères de la culture et de la littérature écrites : le savant T. Valikhanov (1835-1865), le pédagogue I. Altynsarine (1841-1889), l'akyne A. Kounanbaïev (1845-1904). Cette thématique revêt, chez leurs disciples – S. Toraoïguirov (1893-1920), S. Kobieïev (1878-1956), S. Donentaïev (1894-1933) –, une orientation ouvertement révolutionnaire. La révolution de 1917 voit, avec le ralliement des akynes (D. Djabaïev), la constitution, autour de S. Seïfoulline (1894-1939) et des écrivains prolétariens, d'une littérature kazakhe soviétique, qui adapte progressivement aux thèmes sociaux l'esthétique réaliste-socialiste et les genres européens : roman, théâtre (M. Aouezov, B. Maïline, G. Mousrepov, G. Moustafine, S. Moukanov), poésie (T. Jarokov, A. Tajibaïev, I. Djansougourov). Durement frappé par la répression stalinienne, le Kazakhstan sait, après 1956, trouver un second souffle qu'illustrent des romanciers (A. Nourpeïssov, T. Akhtanov, Essenjanov, Essenberline) et des poètes originaux (K. Ergaliev, D. Mouldagaliev, S. Seïtov), largement dominés par la figure d'Oljas Souleïmenov, qui a conduit en 1989 le plus grand mouvement populaire de contestation de l'ex-U.R.S.S., et ayant pour objet l'arrêt d'essais nucléaires dans les steppes kazakhes.