Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Orbeliani (Grigol Zurabis dze)

Poète géorgien (Tiflis 1804 – id. 1883).

Arrière-petit-fils du roi Erek'le II par sa mère, il est exilé cinq ans pour avoir participé à la conspiration antitsariste de 1832. Lieutenant-général d'infanterie de l'armée russe, il combat au Daghestan contre Chamyl (1838-1859). Gouverneur du Caucase, il calme par le dialogue la colère des miséreux de Tiflis accablés d'un nouvel impôt. Dernier représentant, dans les années 1860, des Anciens (les Pères) contre les Modernes (les Fils), il laisse une œuvre très variée. Nostalgique d'un passé qu'il idéalise (Sadghegrdzelo Toast, 1827-1870 ; À Iarali, 1832), il chante avec mélancolie (À ma sœur Ephemia, 1835) la beauté des paysages et la grandeur de l'histoire de son pays (le Visage de Tamar-roi dans l'église de Betania, 1877) et la vie difficile du petit peuple (l'Ouvrier Bokuladze, 1877).

Orbeliani (Sulxan-Saba)

Écrivain géorgien (T'andzia, rég. de Bolnisi, 1658 – Moscou 1725).

Apparenté au roi de Kartli Vaxt'ang VI, pour qui il entreprit auprès du pape Clément XI et du roi Louis XIV une mission diplomatique dont il a laissé une relation sous forme de journal (Voyage en Europe, 1713-1716), il l'accompagna en exil en 1724. Il est l'auteur d'un recueil de fables (la Sagesse du mensonge, 1686-1695) à la fois dans la tradition d'Ésope, de Phèdre et de La Fontaine et dans celle de Kalila et Dimna qu'il traduisit. On lui doit surtout le premier dictionnaire géorgien (Bouquet de mots, 1685-1716) (25 000 entrées).

Orbeliani (Vaxt'ang Vaxt'angis dze)

Poète géorgien (1812 – Tiflis 1890).

Petit-fils du roi Erek'le II, il dirigea la conspiration antitsariste de 1832, fut condamné à mort, puis amnistié. Sa poésie, qui rejette toute influence persane, se situe dans la lignée de Rustaveli. Elle exalte la nature de son pays natal et un passé national idéalisé (l'Espoir, 1859-1879 ; le Vieux Dmanisi, 1866 ; la Kaxétie, 1880 ; la Croix de vigne, 1880 ; Irak'li et son temps, 1884).

Ordoubady (Mamed Gadji-aga ogly, dit Mamed Saïd)

Écrivain azerbaïdjanais (Ordoubad 1872 – Bakou 1950).

Fils d'instituteur, collaborateur de Molla-Nasreddin, il est révélé par des vers (Insouciance, 1906 ; Patrie et Liberté, 1907) où l'inspiration progressiste côtoie une vision idéalisée de l'islam, et publie, en exil à Tsaritsyne, un premier roman social (l'Infortuné Millionnaire, 1914). Après 1917, il poursuit une œuvre de satirique et de publiciste, tout en consacrant des romans historiques et sentimentaux au mouvement révolutionnaire d'Iran (les Brouillards de Tabriz, 1933-1948), aux luttes du prolétariat de Bakou (Ville en armes, 1938 ; Bakou clandestine, 1940) et au poète national Nizami (le Glaive et la Plume, 1946-1948).

Orelli (Giorgio)

Écrivain suisse de langue italienne (Airolo 1921).

Poète mais aussi traducteur et critique (Vérifications verbales, 1978), il occupe une place prépondérante dans le paysage littéraire de la Suisse méridionale : en 1944, avec la mince plaquette intitulée Ni blanc ni violet, il a ouvert une brèche à la poésie hermétique italienne de l'époque dans un territoire où régnait la métrique bien disciplinée de Francesco Chiesa. Dans le recueil Dans le cercle familial (1960), les hommes et les paysages de la Leventina sont évoqués dans des formes toujours renouvelées où transparaît constamment une interrogation sur le secret de l'existence. Sinopies (1977) analyse les illusions et les déceptions du monde quotidien, dans une nouvelle perspective stylistique : l'esquisse, la spontanéité du trait, remplace la fresque achevée, dévoilant de façon plus directe la personnalité du peintre. En 1989 paraît Spiracles, où le poète n'hésite pas à recourir à des expressions dialectales afin d'accentuer le lyrisme de ses personnages et du paysage. Giorgio Orelli est également l'auteur d'un volume d'esquisses en prose, Un jour de la vie.

Orelli (Giovanni)

Écrivain suisse de langue italienne (Bedretto 1928).

Engagé dans un combat politico-culturel tessinois, il est aujourd'hui le grand romancier de la Suisse italienne. Son premier livre, l'Année de l'avalanche, publié en 1965, narre l'histoire d'un village enseveli sous la neige, qui, menacé par une avalanche, est finalement évacué. Orelli décrit la menace constituée par la neige avec tant de sobriété que cette réalité première se dissout peu à peu pour ne plus former que la toile de fond sur laquelle se détachent la peur de mourir et la faim de vivre, forces perturbatrices de l'ordre social. Dans le Jeu du Monopoly (1977), Orelli a osé ce qu'aucun écrivain tessinois n'avait entrepris avant lui : il choisit le thème actuel de la Suisse comme place bancaire et centre économique. Chaque chapitre du livre est consacré à une ville différente, et dans le miroir déformant du jeu de Monopoly se dessine, peu à peu, un portrait savoureux de la Suisse. Avec le Train des Italiennes (1998), Orelli traite de l'émigration italienne en Suisse à travers des tranches de vie d'émigrantes italiennes. Dans le Songe de Walacek (1998), il recourt à l'art (un tableau de P. Klee), à l'histoire (la Seconde Guerre mondiale) et à la mythologie pour raconter le rêve d'un joueur d'origine russe : une victoire de l'équipe suisse sur l'équipe austro-allemande.

Orengo (Nico)

Écrivain italien (Turin 1944).

Poète (Cartes postales d'amour, 1984 ; Narcisses d'amour, 1993), auteur de comptines pour enfants, il est surtout un romancier de la vie quotidienne (Miramare, 1986 ; Douane d'amour, 1986 ; Cassis, 1986 ; l'Automne de Madame Waal, 1995 ; le Saut de l'anchois, 1997).

Orfelin (Zaharija Stefanovic)

Écrivain serbe (Vukovar 1726 – Novi Sad 1785).

Autodidacte, il est l'initiateur d'une littérature didactique laïque et à l'origine du premier périodique serbe, le Magazine slavo-serbe (1768). Orfelin souhaitait la rénovation culturelle et politique des peuples slaves.

Origène

Théologien et écrivain grec (Alexandrie v. 185 – Césarée ou Tyr 252/254).

Élevé dans la foi chrétienne, il vit son père exécuté et ses biens confisqués lors de la persécution de Septime Sévère (202). Maître de grammaire, il transforma l'école catéchétique d'Alexandrie en un centre de recherche théologique et exégétique, tout en suivant lui-même les cours du philosophe médio-platonicien Ammonios. Épris d'ascétisme, il ira jusqu'à se castrer. À travers ses démêlés avec l'évêque Démétrios, ses prédications et conférences à Rome, à Antioche et à Jérusalem, il développa une doctrine dont l'orthodoxie fut rapidement suspectée. Vers 213, il entreprit les Hexaples, qui mettent en parallèle la version hébraïque de la Bible et ses traductions grecques, et que prolongeront de nombreux Commentaires. Alors que son traité Des principes forme la première grande synthèse de la théologie chrétienne, le Contre Celse (248) est l'une des plus fortes apologies du christianisme. Torturé durant la persécution de Dèce, il survivra quelques années, laissant des disciples qui, comme Évagre, radicaliseront sa pensée.