Hardy (Thomas)
Écrivain anglais (Upper Bockhampton, Dorset, 1840 – Max Gate, Dorchester, 1928).
Fils d'un maître maçon amateur de musique, il renonce à l'architecture et débute par des pastorales romanesques (Sous la verte ramée, 1872). Loin de la foule déchaînée (1874), anonyme, est attribué à G. Eliot. Pourtant, on trouve déjà dans cet ouvrage les grandes lignes de la thématique fataliste de Hardy, bientôt reprise dans le Retour au pays natal (1877) : dans la lande d'Egdon, dont la description grandiose ouvre le roman, Eustacia Vye souffre de sa solitude et de sa misère et rêve de fuir vers la ville avec un homme. À la catastrophe finale, dans la tempête d'une nuit d'automne, n'échappe que Clym Yeobright, revenu au pays depuis peu, qui deviendra prédicateur ambulant à travers la lande. Le Maire de Casterbridge (1886) poursuit l'exploration de la force implacable du destin, en présentant la survie des plus forts du point de vue des vaincus : pris de boisson, un ouvrier agricole vend sa femme et son fils, mais le repentir le détourne ensuite de l'alcool. Près de vingt ans après, devenu maire, il voit revenir sa femme, mais il est éclipsé par son associé devenu son rival, perd la fille qu'il croit être de lui et quitte la ville. Tess d'Uberville (1891) marque un tournant dans la carrière de Thomas Hardy : l'aspiration à la joie devient plus âpre, plus claire aussi la revendication désespérée de la liberté sexuelle pour la femme. Séduite par un hobereau, Tess voit mourir son enfant. Abandonnée, elle épouse Angel Clare, qui la quitte en apprenant sa faute, puis tente de la reconquérir. Meurtrière par amour, Tess sera pendue. Jude l'Obscur (1895) sera le dernier roman de Hardy, notamment à cause du scandale provoqué par « l'immoralité » de cette tragédie plus noire que jamais. Jude, pauvre maçon mais ambitieux, est séduit par une idiote sensuelle, qui l'épouse mais l'abandonne bientôt. Colporteur, autodidacte et sculpteur, il reprend ses rêves d'avenir, s'allie à sa cousine Sue, une femme émancipée qui a quitté son mari. Persécuté par le milieu dont il s'est lui-même exclu par anticonformisme, tourmenté par la proximité d'un bonheur toujours refusé, Jude renonce et s'enlise dans la simple survie. Le fils de sa première union tue ses deux autres enfants, et se tue. Sue regagne son époux, pour expier. Dans son œuvre, Hardy semble avoir pris le victorianisme à contre-pied : Dieu est mort ; le destin, c'est la société ; le conformisme tue, l'effort est stérile. Reste à aimer pour combler le vide intérieur ; mais aimer, c'est être refusé : la danse du désir ne se fait qu'à distance. Le moi profond se disperse en plusieurs « moi » dont aucun ne triomphe. Face à la violence des réactions suscitées par ce pessimisme radical, Hardy cessa d'être romancier pour se consacrer exclusivement à la poésie. Lyrisme sardonique et méditation sur l'histoire marquent ses Poèmes du Wessex (1898) et Poèmes passés et présents (1901). Le drame épique les Dynastes (1904-1908) mêle vers et prose. C'est une des plus ambitieuses tentatives pour situer la guerre et l'histoire (le règne de Napoléon d'Austerlitz à Waterloo) dans l'évolution, qui mène vers la conscience de soi : la Volonté immanente mène empereurs et pouilleux comme la Volonté inconsciente mène l'individu vers son salut refusé. Dans cette philosophie de l'histoire et de l'humanité s'esquisse une vision nouvelle, celle de l'inconscient collectif. Ayant survécu dix ans à la Première Guerre mondiale, Hardy conclut sa carrière en lançant d'ultime cris de rage et de nostalgie : Jouets du temps (1907), Moments de vision (1917), les Poésies lyriques et la Fameuse Tragédie de la reine de Cornouailles (1923).
Hare (David)
Auteur dramatique anglais (Bexhill, Sussex, 1947).
Moins politique, plus psychologique que Howard Brenton, avec lequel il a souvent collaboré, David Hare s'éloigne bientôt du théâtre révolutionnaire représenté par Knuckle (1974) ou Fanshen (1975). C'est un auteur moins dérangeant mais tout aussi engagé dans une réflexion sur l'Histoire. En dénonçant la corruption et la décadence de la société, le théâtre doit faire réagir et faire réfléchir le public sur les valeurs morales essentielles. En 1990, Course de démons, sur l'Église d'Angleterre, est la première pièce d'une trilogie consacrée aux institutions britanniques, complétée l'année suivante par Les juges murmurent (la justice) et en 1993 par l'Absence de guerre (le gouvernement).
Hareven (Shulamith)
Écrivain israélien (Varsovie, Pologne, 1930 – Jérusalem 2003).
Elle arriva en Palestine en 1940 et vit depuis à Jérusalem. Membre de l'organisation La Paix maintenant, elle a publié de nombreux articles sur les relations entre Israéliens et Arabes. Première femme élue à l'Académie de la langue hébraïque, elle est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages : romans, nouvelles, poèmes et essais (la Ville aux jours nombreux, 1972 ; Solitudes, 1980 ; l'Homme qui détestait les miracles, 1983 ; Soif, 1996).
Harig (Ludwig)
Écrivain allemand (Sulzbach, Sarre, 1927).
Cet instituteur sarrois, traducteur de Raymond Queneau, est un des principaux représentants de la littérature expérimentale dans la mouvance du philosophe Max Bense. Dans ses pièces radiophoniques (Ein Blumenstück, 1968 ; Dichten und Trachten, 1976-1978) ou dans ses textes narratifs comme les « romans » Consultations (1971), Rousseau (1978) ou le recueil le Mal du pays (1979), il apparaît comme un virtuose des jeux du langage par lesquels se démasque « l'absurdité de la logique ». Sa récente trilogie de romans « autobiographiques » (1986-1996) lui a valu la faveur du grand public.
Hariri (al-)
Grammairien et écrivain arabe (près de Bassora 1054 – id. 1122).
Il est célèbre pour ses maqamat, imitées de celles d'al-Hamadhani, et qui brossent, en prose rimée mêlée de vers, des scènes du quotidien souvent cocasses et pleines d'humour.
Haritha ibn Badr (al-Ghudani)
Poète arabe (mort en 684 ou 686).
Réputé pour son éloquence, il prit une part active aux luttes qui secouèrent le premier siècle de l'Islam. Les rares vers qui nous sont restés de lui le montrent comme un franc buveur et l'un des premiers poètes bachiques.