Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
P

Pailleron (Édouard)

Écrivain français (Paris 1834 – id. 1899).

S'il fit jouer de nombreux drames en vers (le Mur mitoyen, 1861 ; le Dernier Quartier, 1863 ; les Faux Ménages, 1869 ; Pendant le bal, 1881), c'est avec ses comédies de mœurs en prose qu'il connut le succès (le Monde où l'on s'amuse, 1868 ; l'Âge ingrat, 1878 ; l'Étincelle, 1879 ; le Monde où l'on s'ennuie, 1881 ; la Souris, 1887). Ayant épousé (1863) la fille de François Buloz, il devint l'un des propriétaires de la Revue des Deux Mondes et eut un salon littéraire très fréquenté.

Paisij

Moine et écrivain bulgare (Bansko ? v. 1722 – monastère de Hilendar 1798).

Son Histoire des Slaves bulgares (1762) marque traditionnellement le début de la renaissance bulgare. Cette œuvre, qui puise souvent sa matière dans les Annales ecclésiastiques (1588-1607) du cardinal et historien italien Cesare Baronius, est connue par plus de 50 manuscrits, mais ne fut imprimée qu'en 1844 sous le titre le Livre des rois ; elle se caractérise par un profond patriotisme et une haine violente des Turcs et de la culture grecque représentés par l'administration des Phanariotes.

Paiva (Manuel de Oliveira)

Écrivain brésilien (Ceará 1861 – id. 1892).

On lui doit un roman réaliste sur un thème nordestin, Dona Guidinha du puits (1890), remarquable par l'emploi de l'oralité dans le récit et par sa densité psychologique.

Pakistan

L'héritage littéraire du Pakistan est riche de trois traditions : celle de l'arabe, du persan et de l'urdu, auxquelles il convient d'ajouter les littératures en langues régionales baloutchi, kasmiri, panjabi, pachto et sindhi.

   La personnalité du poète-philosophe Mohammad Iqbal (vers 1876-1938), qui fut à l'origine de l'idée de la création du Pakistan, domine sa littérature. La poésie moderne, à la fois traditionnelle et novatrice quant aux thèmes et aux genres utilisés, a été marquée par l'exemple de Tasadduq Hussain Halid et de Mohammad Din Taseer qui ont rejeté le ghazal au profit du vers libre. Ils ont été suivis par N. M. Rasheed (1910-1975) et Meeraji (1913-1950), qui ont réussi la synthèse entre les influences européennes et indiennes, sans oublier Sufi Ghulam Mustafa Tabassum, Ihsan Danish, Yusuf Kamran et surtout Faiz Ahmad Faiz (né en 1912), poète engagé. Parmi les romanciers se distinguent, entre autres, Qurat Ulain Haider, Ghulam Abbas, Ahmad Nasin Qasimi, Khadija Mastur et Abdallah Hussain. Le théâtre, représenté dans les années 1930-1940 par Agha Hashr Kashmiri qui adapta les pièces de Shakespeare, Abdul Halim Sharar et Saadat Hasan Manto (1912-1955), s'est renouvelé, en partie sous l'influence de la télévision, avec Imtiaz Ali Taj, Khawaja Muinuddin († 1971), Yunus M. Said, Imtiaz Hussain et Ali Ahmad. La littérature religieuse occupe toujours une place importante dans la production littéraire pakistanaise ; elle comprend des commentaires du Coran et du Hadith, des traités spécialisés sur des points de doctrine et des publications missionnaires dont l'auteur le plus connu est Abul Ala Mawdudi (1903-1980), dont les ouvrages sont diffusés dans le monde entier.

Palacio (Manuel de)

Poète espagnol (Lérida 1831 – Madrid 1906).

Cofondateur du périodique satirique Gil Blas (1864-1870), il dut s'exiler à Porto Rico (1867) à cause de ses pamphlets politiques antimonarchistes. Maître de la poésie de l'humour, auteur de portraits caricaturaux de ses contemporains et de poèmes philosophiques (Cent Sonnets, 1870), il s'inspire dans ses meilleurs recueils des traditions populaires (Mélodies intimes, 1884 ; Étincelles, 1894).

Palacio Valdès (Armando)

Écrivain espagnol (Entralgo, Asturies, 1853 – Madrid 1938).

Directeur de La Revista europea, il recueillit ses principaux articles dans les Orateurs de l'Ateneo (1878) et Nouveau Voyage au Parnasse (1879). Son roman Marthe et Marie (1883) assura sa célébrité. Écrivain réaliste (la Sœur Saint-Sulpice, 1889 ; l'Écume, 1891), il évolua vers un nouveau spiritualisme et donna de bons modèles de romans bourgeois (Tristan ou le pessimisme, 1906 ; le Hameau perdu, 1911).

Palacký (František)

Historien, écrivain et homme politique tchèque (Hodslavice, Moravie, 1798 – Prague 1876).

Publiant avec P. J. Šafařík une étude sur la rénovation du lyrisme tchèque (les Débuts de la poésie tchèque et en particulier de la prosodie, 1818), il entreprit une œuvre de réflexion philosophique et esthétique qui fonde le sentiment du beau sur une intuition procédant à la fois de l'existence d'un Dieu créateur et d'une loi morale régulatrice des sentiments et des sensations (Abrégé de l'histoire de l'esthétique, 1823 ; l'Esthétique, ou la Beauté et l'Art, 1827). Fondateur (1827) de la Revue du musée tchèque et d'une maison d'édition nationale (1831), nommé (1829) historiographe des États du royaume de Bohême, il publia en allemand, en 1836, une Histoire de la Bohême, qui, réécrite en tchèque, deviendra l'Histoire de la nation tchèque en Bohême et Moravie (1848-1876). Cette œuvre est une référence nationale majeure et un modèle classique de la prose tchèque.

Palaiologos (Grigorios)

Écrivain grec (Constantinople 1794 – 1844).

Homme cosmopolite, c'est l'un des tout premiers romanciers de la Grèce moderne avec l'Homme aux mille mésaventures (1939), roman picaresque, et le Peintre (1842), satire de la société grecque.

Palamas (Kostis)

Poète grec (Patras 1859 – Athènes 1943).

Son œuvre reflète toutes les tendances et les contradictions de la « génération de 1880 » dont il est une figure essentielle. Ses principaux recueils poétiques sont les Chants de ma patrie (1886) et deux grandes fresques épiques, le Dodécalogue du Tsigane (1907) et la Flûte du roi (1910). Il écrivit également des récits comme la Mort d'un Pallicare (1891). Sa langue et sa métrique utilisent toutes les ressources de la démotique, et il a joué en son temps le rôle unificateur qu'avait naguère assumé Solomos. Son œuvre, qui paraît aujourd'hui désuète par son emphase et son idéalisme, a eu un rôle historique déterminant en étant le pont nécessaire entre le romantisme et la poésie contemporaine. Son œuvre critique fut généreuse et inspirée, ouverte aux grands courants contemporains : s'il n'a pas compris la modernité de Cavafis, il a su reconnaître Calvos et l'Erotocritos.