Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
P

Pemán (José María)

Écrivain espagnol (Cadix 1897 – id. 1981).

Monarchiste convaincu (Poème de la Bête et de l'Ange, 1938), il est l'auteur de poèmes lyriques (les Fleurs du bien, 1946), de romans (l'Horizon et l'Espérance, 1970), de contes pour la jeunesse (Contes sans importance, 1970), de comédies (Juliette et Roméo, 1936) et de drames historiques (le Grand Cardinal, 1950) qui s'inspirent souvent des traditions andalouses.

Pena (Cornelio de Oliveira)

Écrivain brésilien (Petrópolis, Rio de Janeiro, 1896 – Rio de Janeiro 1958).

Il débuta en littérature avec un roman fantastique (Frontière, 1936). Il évolua ensuite vers une inspiration sociale (la Jeune Morte, 1954).

Penn (Alexander)

Poète israélien (Nijne-Kolymsk 1906 – Tel-Aviv 1972).

Enfant du Grand Nord sibérien, il arriva en 1920 à Moscou, où il fit la connaissance des poètes Maïakovski, Pasternak et Blok, dont l'influence est nette dans ses premiers poèmes en russe. En 1927, il s'installe en Palestine, apprend l'hébreu et, un an plus tard, compose ses premiers poèmes hébraïques. Ce précurseur du cinéma israélien et de la chanson politique est surtout un poète lyrique dont l'expression colorée se distingue par la franchise et l'esprit de révolte. Dès 1935, il délaissa le lyrisme et engagea sa poésie sur la voie du socialisme, voire du communisme (Sur le chemin, 1956). Auteur d'une anthologie de poésie israélienne en russe (1964), il fut le premier poète israélien publié en Union soviétique (1965).

Penna (Sandro)

Poète italien (Pérouse 1906 – Rome 1977).

Son œuvre parcimonieuse, de facture classique et d'une extrême musicalité, proche de Saba, est consacrée à « l'étrange joie de vivre » que lui inspirait l'amour grec : Une étrange joie de vivre et autres poèmes, 1956 ; Poésies, 1957 ; Croix et délice, 1958 ; Une ardente solitude : choix de poèmes (1976-1977).

Pennac (Daniel Pennachioni, dit Daniel)

Romancier français (né au Maroc en 1944).

Professeur de lettres, il connaît un premier succès avec Au bonheur des ogres (1985), publié dans la Série Noire. Le livre ouvre la série d'aventures de Benjamin Malaussène, qui se poursuit par la Fée Carabine (1987), la Petite Marchande de prose (1989, prix du Livre Inter), Monsieur Malaussène (1995) et les Fruits de la passion (1999). Les intrigues policières, régulièrement situées dans le Paris de Belleville, sont détournées en aventures rocambolesques où se mêlent le réalisme sociologique et l'imagination fantastique, comme dans ses autres romans (Messieurs les enfants, 1997) ainsi que dans sa production pour la jeunesse (Cabot Caboche, 1982 ; Kamo et moi, 1992 ; l'Œil du loup, 1994), tandis qu'il invite à une lecture de plaisir, impertinente et anti-académique dans son essai Comme un roman (1992).

pénombrisme (penumbrismo)

Courant poétique brésilien de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, caractérisé par la prédominance des thèmes intimes et des nuances crépusculaires dans une tonalité symboliste.

pensée

Le mot est plus ou moins synonyme de réflexion, de maxime, de sentence. La vérité, exposée, est énoncée brièvement ; la maxime insiste sur la valeur de la règle de la pensée et sur son élaboration stylistique ; la sentence suppose une forme ramassée et dogmatique. Au pluriel, le terme désigne des recueils qui peuvent être composés soit de maximes détachées, délibérément réunies sous cette forme par l'auteur, soit de fragments d'ouvrages projetés, ou qui consistent en une sélection, faite après coup, dans l'œuvre d'un écrivain (voire en une collection de réflexions tirées d'écrivains divers sur un même sujet). À la première catégorie appartiennent les Pensées de Marc Aurèle, les Maximes de La Rochefoucauld, de Vauvenargues, de Chamfort, les Pensées de Joubert ; c'est encore la forme que choisissent Anatole France dans le Jardin d'Épicure et surtout Paul Valéry dans plusieurs recueils (Tel Quel, Mauvaises Pensées et autres). Dans la seconde catégorie, les recueils factices sont nombreux, le plus souvent formés dans une intention pédagogique, depuis les chries, ou recueils de sentences de l'Antiquité, jusqu'au choix de maximes des Anciens, si en vogue à l'époque de la Renaissance, comme les Adages d'Érasme. Les Pensées, de Pascal, qui constituent aujourd'hui le modèle du genre, montrent combien la brevitas est une composante majeure d'une persuasion qui cherche à toucher un public sensible à l'élégance du style et à l'aisance de la lecture. Les Pensées transfèrent l'autorité au jugement des doctes aux ignorants appelés à se faire un jugement moral à partir de leur bon sens commun. La forme brève produit ainsi un nouveau dispositif de lecture : le savoir de la pensée est présenté au lecteur qui doit juger et qui s'assure par là même d'une maîtrise sur le sens. Ainsi l'énonciateur de la pensée doit-il se dissimuler au profit d'un discours moral général qui échappe à la singularité d'une énonciation d'auteur. Dès lors, l'énigme des Pensées de Pascal, de leur inachèvement, de leur projet, n'est pas seulement circonstancielle, elle dit quelque chose de ces textes qui échappent au parti-pris d'un auteur et qui persuadent en même temps de sa nécessité.

Pentateuque

Depuis Philon, les Juifs d'Alexandrie donnèrent le nom de Pentateuque (penta : « cinq » ; teuchè : « étuis » pour rouleau de papyrus) aux cinq premiers livres de la Bible. Les Juifs parlent de la Torah, enseignement ou Loi, et les cinq livres sont chacun un « cinquième » de la Loi. Ils ne les désignent que par les premiers mots de chacun d'eux. Plus familiers sont les noms qui proviennent de la traduction juive de la Bible hébraïque en grec. Chacun d'eux désigne l'événement dominant du livre auquel il s'applique. La Genèse décrit les origines du monde, de l'humanité et du peuple de Dieu. L'Exode traite de la sortie d'Égypte. Puis vient le Lévitique, où est exposé le rituel. Il est suivi par les Nombres, qui doivent leur nom aux dénombrements d'Israël pratiqués dans le désert. Enfin le Deutéronome, ou répétition de la Loi, est une suite de discours moraux que Moïse est censé adresser, peu avant sa mort, aux Israélites qui vont entrer dans la Terre promise.

   Selon la tradition, Moïse serait le rédacteur du Pentateuque. Les ordonnances religieuses lui auraient été révélées sur le mont Sinaï (ainsi les Dix Commandements, ou Décalogue) ou dans la Tente de rencontre où il se rendait pour entendre la voix de Dieu. La recherche critique explique d'une manière différente la constitution du Pentateuque. Elle y voit un processus qui s'est poursuivi sur plusieurs siècles. Depuis la fin des années 1970, le consensus classique établi au XIXe s. par Julius Wellhausen, concernant la naissance et la formation du Pentateuque, exprimé par la « théorie des documents » et codifié par le « tétragramme  des savants » : JEDP a été ébranlé par la parution des études de J. van Seters, H. H. Schmidt et de R. Rendtorff. Selon l'ancienne théorie, le document Jahviste contient les traditions dans lesquelles la divinité est appelée Yahvé. Il aurait été compilé vers le milieu du IXe s. av. J.-C. La lettre E est l'initiale du mot Élohiste, qui s'applique aux traditions dans lesquelles la divinité est, antérieurement à la révélation mosaïque, désignée du nom général d'Élohim. Il aurait été compilé à la fin du IXe s. av. J.-C. Deux autres documents sont entrés dans la composition du Pentateuque : la source deutéronomiste (P) datant du VIIe s. av. J.-C., et le Code sacerdotal (P) du VIe s. Avec la réunion des documents  JEDP, le Pentateuque aurait était constitué. Toutefois, les contributions récentes sur la formation du Pentateuque tendent à considérer les VI-Ve s. av. J.-C. comme étant l'époque principale de la fixation littéraire de cet ensemble. De plus, R. Rendtorff avait mis en évidence l'autonomie des grands thèmes du Pentateuque (création, cycle des Patriarches, Exode, désert, conquête) jusqu'à l'époque tardive, exilique et postexilique dans l'histoire du peuple hébreu.