kanshi
Genre poétique japonais rédigé en langue chinoise, apparu au VIIe s. Parallèlement à la poésie continentale et à la poésie proprement japonaise (waka) – toutes deux fortement appréciées à la cour –, la composition poétique en chinois fut très tôt en faveur auprès des lettrés. Le prestige intellectuel des kanshi explique la longévité de ce genre savant, des recueils anciens tels que le Kaifuso (751) ou le Wakan roei-shu (1012 ?) aux compositions modernes d'écrivains comme Natsume Soseki.
Kant (Hermann)
Écrivain allemand (Hambourg 1926).
Électricien, mobilisé sur le tard, il reste en captivité jusqu'en 1949. Il s'établit en R.D.A. Ses études à la « faculté d'ouvriers et de paysans » de Greifswald lui inspirent un roman à succès (l'Amphithéâtre, 1965). Ses œuvres ultérieures sur la guerre et la captivité rencontrent un moindre accueil. Il adhère profondément au socialisme, approuve l'expulsion de Biermann (1976), préside l'Union des écrivains (1978) et siège au Comité central du S.E.D. (1986). Après la réunification (1990), les archives de la Sécurité d'État révèlent son rôle de délateur, mais aussi ses efforts contre la censure.
Kaplan (Leslie)
Romancière française (New York 1943).
Depuis l'Excès-l'usine (1982), récit de son expérience en usine dont l'écriture dépouillée rappelle celle de Marguerite Duras, ses romans, régulièrement adaptés pour la scène (le Criminel, 1985, adapté et mis en scène par Claude Régy au Théâtre de la Bastille en 1988 ; le Pont de Brooklyn, 1987, adapté et mis en scène par Noël Casale au théâtre de Gennevilliers en 1995), opposent la description de la réalité contemporaine à la tentation de la fiction et au discours théorique. La complexité éclatée de la société, saisie par une conscience politique toujours en alerte, est à l'image des innombrables destins entre-croisés sur le divan du Psychanalyste (1999), troisième volet de la trilogie Depuis maintenant commencée par Miss Nobody Knows (1996) et les Prostituées philosophes (1997).
Kaplinski (Jaan)
Écrivain estonien (Tartu 1941).
Il débute dans le contexte de la renaissance poétique estonienne des années 1960 (les Traces au bord de la source, 1965 ; De la Poussière et des couleurs, 1967). Sa poésie méditative, influencée par les sagesses orientales, accorde une place importante à la nature et puise souvent son inspiration dans la vie quotidienne (le Soir ramène tout, 1985 ; Un bout de vie vécue, 1991). Dans ses essais philosophiques, il aborde les problèmes essentiels de la condition humaine et de la civilisation contemporaine (la Glace et le Titanic, 1995). Il est également l'auteur de pièces de théâtre (le Jour des quatre rois, 1977), de proses autobiographiques (D'où vint la nuit, 1990) et de récits fantastiques (l'Œil, Hektor, 2000).
Kara-Darvich (Hagob Gendjian, dit)
Écrivain arménien (Stavropol 1872 – Tiflis 1930).
Proche des futuristes géorgiens et russes, il fut le fondateur du futurisme arménien (Qu'est-ce que le futurisme ?, 1914), publia des poèmes-cartes postales, des vers en langue « transmentale » et des récits (le Violon de la vie, 1917) de caractère plutôt naturaliste. Son futurisme fut condamné comme un mouvement « individualiste réactionnaire » en 1923 lors d'un procès littéraire à Tiflis.
Kara Juro (Otsuru Yoshihide, dit)
Écrivain et metteur en scène japonais (Tokyo 1940).
Profondément marqué par une enfance passée au milieu des décombres de la « ville basse », il fonde en 1963 une troupe, le « Théâtre de la Situation », et, durant l'été 1967, plante la « tente rouge », qui depuis lors sert de cadre à ses spectacles, dans un quartier populaire de Shinjuku. Le théâtre de Kara propose une relecture à la fois sarcastique et nostalgique des mythes populaires de l'après-guerre. En 1983, il reçut le prix Akutagawa pour son roman la Lettre de Sagawa.
Karadzic (Vuk Stefanovic)
Écrivain et linguiste serbe (Trsic 1787 – Vienne 1864).
Il est le réformateur de la langue littéraire, publiant la première grammaire du serbe populaire (1814) puis le Nouveau Testament en langue vulgaire (1847). Il réforma l'orthographe et publia de nombreux écrits ethnographiques et historiques. Recueillant les œuvres de la littérature orale serbe (Contes, Proverbes, Chants lyriques et héroiques), il lutta pour imposer la langue parlée comme langue littéraire.
Karalijcev (Angel)
Écrivain bulgare (Strazica 1902 – Sofia 1972).
D'origine paysanne, il retient l'attention dès son premier recueil de contes (Seigle, 1924). À travers les traditions et les légendes, il évoque un univers d'harmonie et de lumière, où des personnages vaillants et fiers émerveillent par leur beauté physique et morale. Chantre du village bulgare, il puise dans les richesses du folklore, usant d'une langue populaire, expressive, aux sonorités et aux tournures originelles (le Trésor, 1927 ; le Monde trompeur, 1932 ; le Pont de pierre couvert de rosée, 1941 ; Contes populaires bulgares, 1948), avant de sacrifier à un réalisme plus conventionnel (Enclume ou Marteau, 1954 ; le Petit Laboureur, 1963).
Karama (Butrus)
Poète syrien (Homs 1774 – Istanbul 1851).
Issu d'une grande famille grecque orthodoxe, il devint secrétaire de l'émir Bachîr Chihâb, qu'il accompagna dans son exil à Malte, avant de se fixer à Istanbul comme interprète officiel. Il a laissé trois Dîwân.
Karamzine (Nikolaï Mikhaïlovitch)
Écrivain et historien russe (Mikhaïlovka, gouvern. de Simbirsk, 1766 – Saint-Pétersbourg 1826).
Il inaugura la période dite « moderne » de la littérature russe, dont il renouvela, à l'aide de l'apport européen, la langue et l'inspiration. Éduqué selon le modèle des Lumières, il parle français et allemand, et son ouverture d'esprit le conduit à se rapprocher un moment de Novikov et des Francs-maçons. Un voyage en Europe (Allemagne, Suisse, France et Angleterre) lui permet de rompre avec ce milieu menacé, mais lui fournit aussi la matière de sa première œuvre importante, les Lettres d'un voyageur russe (1791-1792), inspirées de Sterne ; elles lui assurent une célébrité immédiate, non seulement parce qu'elles fourmillent d'anecdotes, de rencontres passionnantes (Kant), mais aussi parce qu'elles sont, selon les termes de l'auteur, « le reflet d'une âme ». L'influence du sentimentalisme se traduit aussi dans un roman, la Pauvre Lise (1792). Le suicide de l'héroïne, jeune fille d'origine très modeste, mais aux sentiments d'une rare élévation (c'était là un personnage radicalement nouveau), délaissée par le jeune noble Eraste – qui, après l'avoir séduite, lui préfère un mariage d'argent –, a marqué la « sensibilité » (c'était le mot d'ordre de l'époque) de générations de lecteurs, pour lesquels l'étang où elle périt, à Moscou, devint un lieu de pèlerinage sentimental. La Pauvre Lise est à la fois la première apparition de l'héroïne passionnée et la première ébauche de l'art romanesque dans la littérature russe. Ce que l'on appelle la réforme karamzinienne de la langue russe consista à éliminer de la langue les archaïsmes slavons et à y introduire un vocabulaire et des tournures étrangères. Elle contribua à élargir le fossé qui séparait le peuple de la classe cultivée, mais prépara aussi le terrain pour la poésie d'un Pouchkine. Ce dernier a rendu hommage à celui qu'il appelle le « père de l'historiographie russe » : c'est en effet grâce à son Histoire de l'État russe (1816-1826) que Karamzine obtint une gloire durable. La documentation, à la fois authentique et variée, mais aussi les qualités littéraires, une langue claire, vivante et expressive, souvent animée d'un profond dramatisme, plus que l'apport historique, font la valeur de ces douze volumes dans lesquels Karamzine se pose clairement en partisan de l'autocratie (il est historiographe officiel).