Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
B

Bengtsson (Frans Gunnar)

Écrivain suédois (Tosjö 1894 – Stockholm 1954).

Poète (Jet de dés, 1923), son pessimisme foncier le pousse à l'exaltation du passé et du temps des sagas. Il change de genre, faisant alterner essais (les Mérovingiens aux longs cheveux, 1933), mémoires et traductions avec des récits, tels la Vie de Charles XII (1935-1936) et surtout Orm le Rouge (1941-1945) : son érudition et son amour de la reconstitution historique sont rendus par un humour et un sens aigu du pittoresque.

Benhaddouga (Abdelhamid)

Écrivain algérien (Mansoura 1925 – 1996).

Son enfance rurale marque son inspiration. Il produit la Voix de l'Algérie (1958-1962), puis travaille pour la radio et la télévision. Ses récits ont pour thèmes majeurs l'émancipation de la femme et la libération de la terre (le Vent du sud, 1971), le réveil et la lutte contre l'exploitation (la Fin d'hier, 1975), les contradictions d'une certaine bourgeoisie (Le jour s'est levé, 1980). Tout en restituant le visage de l'Algérie profonde, il apporte une contribution originale à la prise de conscience de l'homme d'aujourd'hui (Jazya et les derviches, 1983 ; Demain est un autre jour, 1993).

Bénin

À l'époque coloniale, le Bénin est un lieu d'effervescence intellectuelle. Paul Hazoumé, avec le grand roman historique Doguicimi (1938), est un des pionniers de la littérature africaine. Toujours enracinée dans l'histoire et la tradition orale, la littérature s'oriente ensuite vers la critique sociale, avec, en particulier, les romans et les nouvelles d'Olympe Bhêly-Quénum, les nouvelles et les drames de Jean Pliya et de nombreux essais : Stanislas Adotevi (Négritude et négrologues, 1972), Paulin J. Houtondji (Sur la philosophie africaine, 1977), Adrien Huannou (la Littérature béninoise de langue française, 1984). Après une période creuse liée à la situation politique, un renouveau se manifeste, surtout du côté du roman, à partir des années 1980, avec par exemple Jérome Carlos et Florent Couao-Zotti (Notre pain de chaque nuit, 1998).

Benjamin (Walter)

Écrivain allemand (Berlin 1892 – Port-Bou 1940).

À partir de 1926, il élabore la théorie d'une littérature ayant pour fonction la transformation sociale. En 1932, il commence à rédiger les textes autobiographiques d'Enfance berlinoise. D'origine juive, il est contraint de s'exiler à Paris en 1933. Il fait le bilan de son activité de critique dans l'Œuvre d'art à l'époque de sa reproduction mécanisée (1936). L'œuvre principale de cette époque est une étude inachevée dont la partie centrale a été publiée sous le titre Charles Baudelaire : un poète à l'époque du capitalisme triomphant. Sa philosophie de l'histoire (synthèse du matérialisme historique et du messianisme judaïque) se radicalise dans ses thèses Sur la notion d'histoire (1940). Benjamin se donna la mort en 1940 après avoir cherché à franchir la frontière espagnole pour échapper à la Gestapo.

Benn (Gottfried)

Poète allemand (Mansfeld 1886 – Berlin-Ouest 1956).

Fils de pasteur protestant, il étudia d'abord la théologie et la philologie pour se consacrer finalement à la médecine, qu'il exercera comme spécialiste des maladies vénériennes. Influencé par son métier, grand admirateur de Nietzsche, il opposera pendant toute sa vie, à toutes les formes de philosophie progressiste de l'histoire, un nihilisme aristocratique qui voit dans la forme achevée le seul « sens » de l'humanité. Cette attitude le rapprocha, dans les années 1930, du régime national-socialiste qu'il célébra dans plusieurs discours (le Nouvel État et les intellectuels, Discours sur Marinetti, l'Élevage du genre humain). Le parallèle entre la discipline de l'État fasciste et la forme esthétique fait de lui l'exemple le plus célèbre de « l'esthétisation de la politique » (Art et Pouvoir, 1934). Très vite, cependant, il comprit son erreur, et dès 1938 il fut exclu de la « Chambre des écrivains » et frappé d'une interdiction de publier. Après ce silence, prolongé par la censure des Alliés, Benn recommença à faire paraître ses œuvres à partir de 1948 (Double Vie, 1950). En 1951, il obtint le prix Büchner. Malgré la force de conviction et le style ciselé de ses essais et pièces en prose (Cerveaux, 1916 ; le Ptolémaïque, 1949), Benn est surtout un poète lyrique. En 1951, il a développé son esthétique dans Problèmes du lyrisme, texte que l'on peut qualifier de testament de « l'art pour l'art ». Le médecin Benn a révolutionné le lyrisme en 1912 avec les poèmes de Morgue : le regard froid et le vocabulaire « scientifique » en font, en plein expressionnisme, le précurseur de la Nouvelle Objectivité. Les recueils Fils (1914), Chair (1917) et les Poésies choisies (1927) consacrent l'image du poète expressionniste, celui de la « Phase I » de son œuvre. La « Phase II » est tout entièrement contenue dans les Poèmes statiques (1948), marqués par le style néoclassique et la distance à l'égard de l'histoire.

Bennett (Enoch Arnold)

Écrivain anglais (Hanley, Staffordshire, 1867 – Londres 1931).

Fils de méthodiste, rédacteur en chef de Woman, il s'exile à Fontainebleau (1900-1908) et peint avec minutie le provincialisme et la laideur de la zone industrielle des « Poteries » (Grand Hôtel Babylone, 1902 ; Anna des cinq villes, 1902 ; Enterré vif, 1908 ; Clayhanger, 1910). L'étouffement de l'âme féminine lui inspire hargne et compassion (Conte de bonnes femmes, 1908 ; Hilda Lessways, 1911). Oracle « socialiste » réputé, il pressent les aspirations nouvelles des arrivistes et des philistins (le Futé, 1911 ; le Matador des villes, 1912).

Benni (Stefano)

Écrivain italien (Bologne 1947).

Il dénonce avec humour et virulence les vices de la société. On retrouve son style parfois tragi-comique aussi bien dans ses chroniques journalistiques (dans le quotidien Il Manifesto) que dans ses romans et ses nouvelles (le Bar sous la mer, 1987 ; Baol, 1990 ; la Dernière Larme, 1994 ; Bar 2000, 1997 ; Saut au-dessus du temps, 2001).

Benoit (Pierre)

Écrivain français (Albi 1886 - Ciboure 1962).

Les intrigues mouvementées de ses romans d'aventures mettent de jeunes héros aux prises avec des femmes fatales assez stéréotypées, tout à la fois mystérieuses et cruelles. Exploitant les ressources conjointes de l'exotisme et d'un certain érotisme, elles lui ont assuré un succès durable auprès du grand public (Kœnigsmark, 1917-1918 ; l'Atlantide, 1919 ; Mademoiselle de La Ferté, 1923 ; la Châtelaine du Liban, 1924 ; Erromango, 1929).