Boito (Arrigo)
Compositeur et écrivain italien (Padoue 1842 – Milan 1918).
On lui doit deux opéras (Méphistophélès et Néron) et plusieurs livrets, dont ceux d'Othello (1887) et de Falstaff (1893) de Verdi. Il se rattache à la « Scapigliatura » par l'expressionnisme de ses poèmes (Roi Ours, 1865 ; Livre de vers, 1877) et de ses nouvelles (le Fou noir, 1867).
Boito (Camillo)
Écrivain italien (Rome 1836 - Milan 1914).
Frère aîné d'Arrigo Boito, architecte, il écrit des recueils de nouvelles (Petites Histoires sans importance, 1876 ; Senso, carnet secret de la comtesse Livia, 1883) qui annoncent le vérisme. Luchino Visconti lui a emprunté le scénario de son film Senso.
Bolaño (Roberto)
Écrivain chilien (Chili, 1953).
Acclamé par la critique espagnole, son premier livre, la Littérature nazie en Amérique (1996), est une œuvre de fiction déconcertante, écrite à la manière des manuels et des dictionnaires de la littérature. Ses divers romans (Étoile distante, 1997 ; Détectives sauvages, 1998 ; Nocturne de Chili, 2000) et les contes des Appels téléphoniques (1997), empreints d'un réalisme qu'il qualifie volontiers de « viscéral », l'ont consacré comme un des meilleurs écrivains de langue espagnole de sa génération. Il vit en Espagne depuis 1977.
Bolivie
Conquise en 1538, la Bolivie devint indépendante après la victoire du général Sucre sur les Espagnols (1825). À l'époque coloniale, la littérature bolivienne se réduit à des textes historiques, juridiques et à des chroniques. Les lettres boliviennes proprement dites datent de l'indépendance. Vicente Pazos Silva publie à Londres (1834) des Mémoires historico-politiques sur son pays ; l'érudit José Manuel Loza (1799-1862) est le biographe de Bolívar. Si Ricardo J. Bustamante est le premier romantique « officiel » bolivien, María Josefa Mujía (1820-1888) écrit des poésies empreintes de sentiments plus sincères ; Adela Zamudio (1854-1928) est la personnalité la plus marquante de la poésie bolivienne avant Rosendo Villalobos (1859-1940), qui hésite entre romantisme et Parnasse. Vers le milieu du XIXe siècle, apparaît en Bolivie le roman historique et social à la manière d'Eugène Sue (Sebastián Dalenze, Félix Reyes Ortiz). Nataniel Aguirre est le premier écrivain vraiment original de son pays. Manuel Sánchez de Velasco inaugure la recherche historique nationale (Mémoires, 1848), et Gabriel René Moreno crée la critique littéraire avec son Introduction à l'étude des poètes boliviens (1864). Grâce à Ricardo Jaimes Freyre, Argentin d'origine, le modernisme fait des adeptes dans le pays : Manuel María Pinto (1871-1940), Carlos Peñaranda (1883-1921) et, surtout, Gregorio Reynolds (1882-1948).
Franz Tamayo représente la transition avec l'époque contemporaine. À la même génération appartient Alcides Arguedas, fondateur local de l'indigénisme, courant dont relève aussi Jaime Mendoza (1874-1940). Le roman d'inspiration nationale et historique est représenté en outre par Abel Alarcón (1881-1954). Auteur de contes fantastiques, Fernando Díez de Medina a remis en question la littérature bolivienne. La guerre du Chaco qui opposa la Bolivie au Paraguay (1932-1935) inspira plusieurs romanciers tels que Arturo Céspedes et Roberto Leiton. L'indianisme et les aspects variés de la nature bolivienne ont suscité les créations d'Augusto Guzmán, Raul Botelho Gonsálvez, Víctor M. Ibañez. En poésie, Octavio Campero Echezu est le chantre du paysage national ; Jesus Lara s'intéresse à la Poésie quechua, tandis qu'Omar Estrella et Guillermo Vizcarra Fabre ont été plus volontiers à l'écoute des avant-gardes européennes, et que leurs cadets se montrent plus ouverts encore aux voix d'autres pays, tels Homero Carvalho Oliva (Mémoires des miroirs, 1996) et Edmundo Paz (Désapparitions, 1994 ; Près de la tour, 1997).
Böll (Heinrich)
Écrivain allemand (Cologne 1917 – Langenbroich, près de Kreuzau, 1985).
Après avoir fait toute la guerre comme soldat, il commence à publier en 1947 et devient un écrivain représentatif de la République fédérale, depuis le prix du Groupe 47 (1951) jusqu'au prix Nobel (1972).
L'œuvre de Böll reflète l'évolution de la société allemande au cours des dernières décennies. Ses premiers récits ont pour thème l'absurdité de la guerre, la souffrance et la mort (Le train était à l'heure, 1949 ; la Mort de Lohengrin, 1950 ; Où étais-tu Adam ?, 1951). D'autres décrivent la détresse de l'après-guerre, qui est aussi le thème des premiers romans (Rentrez chez vous Bogner, 1952 ; les Enfants des morts, 1954 ; le Pain des jeunes années, 1955). Les héros de Böll réussissent à trouver une raison de vivre, mais la prospérité revenue menace la dignité humaine autant que l'avait fait la misère. Böll critique la société du « miracle économique » et son matérialisme, montre des individus qui se révoltent contre les normes de la société qui menacent leur intégrité (les Deux Sacrements, 1959 ; la Grimace, 1963 ; Fin de mission, 1966 ; Portrait de groupe avec dame, 1971). Le passé est aussi présent : c'est parce qu'ils refusent d'oublier les crimes passés que les héros opposent une résistance à toute forme d'inhumanité (Nous plaidons coupables, 1980, avec P. Härtling, A. Muschg, G. Wohmann). Parallèlement à ses romans, Böll écrit des satires, des chroniques, des pièces radiophoniques. Au cours des années 1960, il multiplie les textes sur la responsabilité de l'écrivain et les prises de position publiques sur l'actualité (accueil de Soljenitsyne chassé d'U.R.S.S. en 1974). Ces thèmes, en particulier l'escalade de la violence, sont au cœur de ses dernières œuvres de fiction (l'Honneur perdu de Katharina Blum, 1974 ; Protection encombrante, 1979). Tout en maîtrisant parfaitement les techniques modernes du roman, il évite les excès de la littérature expérimentale, ce qui explique son succès auprès du public, mais aussi les réticences d'une certaine critique. Ses positions politiques lui ont valu des attaques de gauche comme de droite. Un écrivain qui veut être la conscience de son temps (Mémoire allemande, 1978) ne peut que déranger (le Testament, 1982 ; Femmes devant un paysage fluvial, 1985).
Portrait de groupe avec dame, roman (1971). En suivant le narrateur dans son enquête pour cerner le personnage de Leni Pfeiffer, le lecteur découvre une société : la bourgeoisie rhénane entre 1930 et 1970. Le personnage de Leni prend peu à peu de la consistance. Elle a traversé les épreuves en restant elle-même : mystique et sensuelle, incapable de tout calcul, religieuse mais ne fréquentant aucune Église, maternelle, profondément humaine. Elle oppose aux valeurs de la société de profit et de rendement le même refus que naguère à l'idéologie national-socialiste. Archétype du héros böllien, Leni est aussi une incarnation de l'éternel féminin.