Skovoroda (Hryhoriï Savytch)
Philosophe ukrainien (Tchernoukhy 1722 – Ivanivka 1794).
Issu de l'académie de Kiev, il parcourut l'Europe et mena la vie errante d'un pédagogue persécuté par le pouvoir. Sa pensée qui s'exprime en fables, poèmes, traités, dialogues, et associe aux concepts scientifiques modernes (autonomie de la nature, éternité de la matière, infinis) des aspects spiritualistes (platonisme, panthéisme et symbolique biblique) privilégie pourtant la réflexion sur l'homme et le bonheur, qu'elle situe, à l'instar de Rousseau, à l'écart des valeurs sociales, et dans la réalisation d'une communauté égalitaire et harmonieuse (Fables de Kharkiv, le Verger des chants divins, l'Alphabet du monde, Entretien sur le vrai bonheur).
Skram (Amalie Alver, Mme)
Femme de lettres norvégienne (Bergen 1847 – Copenhague 1905).
Son œuvre est consacrée aux victimes de la société, ouvriers et pauvres, mais aussi aux femmes, assujetties à une morale austère. Son roman, Constance Ring (1885), fit scandale en abordant avec hardiesse les problèmes de la vie sexuelle et conjugale. Le Professeur Hieronymus et À l'asile de St. Georges (1895) donnent une version romancée de ses démêlés avec un célèbre psychiatre de Copenhague. Le caractère inéluctable de l'hérédité apparaît dans les Gens de Hellemyr (1887-1898), sombre chronique des malheurs d'une famille modeste dans l'ouest de la Norvège, son chef-d'œuvre, ainsi que celui du naturalisme norvégien.
Škvorecký (Josef)
Écrivain tchèque (Náchod 1924).
Son roman les Lâches (1958), influencé par Faulkner et Chandler, fait sensation. Suivent la Légende d'Emöke (1963), le Saxophone basse et Autres Nouvelles (1967), le Lionceau (1969), l'Escadron blindé (1969). Exilé en 1968, il fonde au Canada une maison d'édition tout en continuant à écrire (Miracle en Bohême, 1971 ; l'Aventure d'un ingénieur des âmes humaines, 1977 ; Deux Meurtres dans ma double vie, 1996).
Sládek (Josef Václav)
Poète tchèque (Zbiroh 1845 – id. 1912).
Il a composé une ouvre poétique allant d'un lyrisme intimiste (Poésies, 1875 ; Au seuil du paradis, 1878 ; Soleil et Ombre, 1887 ; Dans le soleil d'hiver, 1897 ; Léthé, 1907) à l'expression de son attachement à sa patrie et au monde paysan (De la vie, 1884 ; Chants paysans et Sonnets tchèques, 1889). Il fut également auteur de poésies pour enfants.
Slataper (Scipio)
Écrivain italien (Trieste 1888 – Podgora 1915).
Rédacteur à la Voce, il s'engagea en 1915 et mourut au front. À part quelques écrits mineurs publiés à titre posthume (Écrits littéraires et critiques, 1920 ; Écrits politiques, 1925) et sa Correspondance (1931), il est surtout l'auteur d'une autobiographie symboliste (Années de jeunesse que vous ouvrez tremblantes, 1912), long poème en prose, entrecoupé de forts accents lyriques et de réflexions polémiques envers la classe marchande de Trieste.
Slauerhoff (Jan Jacob)
Écrivain néerlandais (Leeuwarden 1898 – Hilversum 1936).
Encore étudiant en médecine, il publie ses premiers poèmes puis, pour satisfaire son goût du voyage et échapper à la civilisation occidentale bourgeoise qu'il éprouve comme un emprisonnement, il devient médecin dans la marine. Il découvrira ainsi la Chine et l'Extrême-Orient, l'Amérique du Sud et l'Afrique du Sud. Ses poèmes, qui se dégagent progressivement de l'influence de Rimbaud et de Corbière auxquels il s'identifiait (Archipel, 1923 ; Clair-Obscur, 1927 ; Sérénade, 1930), expriment une violente nostalgie de l'ailleurs et du bonheur introuvable, et recréent dans une langue au fort pouvoir d'évocation paysages et villes exotiques. Ses récits en prose (Écume et Cendre, 1930) et ses romans (le Royaume interdit, 1932 ; la Vie sur terre, 1934), non moins originaux, évoquent des figures d'aventuriers qui incarnent ses propres rêves de « romantique » passionnément épris de liberté.
Slaughter (Frank)
Écrivain américain (Washington 1908 – Jacksonville, Floride, 2001).
Médecin hospitalier puis chirurgien à Jacksonville jusqu'en 1942, il renonce, après quatre années passées dans les services sanitaires de l'armée, à la pratique médicale, pour écrire des romans qui deviendront des best-sellers internationaux et qui représentent le type même du roman médical (Afin que nul ne meure, 1941 ; Filles de chirurgiens, 1981 ; Jusqu'à son dernier souffle, 1984).
Slavejkov (Penco)
Écrivain bulgare (Trjavna 1866 – Brunate, près du lac de Côme, 1912).
Fils de Petko Slavejkov, il fit ses études à Leipzig (1892-1898) et, fortement influencé par la poésie et la philosophie allemandes (Goethe, Heine, Nietzsche), fut le premier, en Bulgarie à la fin du XIXe s., à s'enquérir de nouvelles valeurs esthétiques. Désireux de promouvoir une littérature nationale enrichie de l'expérience allemande, et un art qui, éloigné de la problématique sociale et politique, viserait au perfectionnement moral de l'individu par la beauté, il jeta les fondements du modernisme bulgare. Ses recueils poétiques, qui comptent parmi les chefs-d'œuvre de la littérature bulgare (Chants épiques, 1896 ; Rêve de bonheur, 1907 ; Dans l'île des bienheureux, 1910 ; Hymne sanglant, 1911-1913), et ses nombreux articles de critique littéraire parus dans la revue la Pensée – dont il fut avec le Dr Krastev l'un des principaux collaborateurs – annoncent et réalisent sa conception de la création poétique, où l'intellectualisme cède devant l'expression du vécu personnel du poète et où l'individualisme sans réserve apparaît comme le seul garant de la liberté créatrice.
Slavejkov (Petko)
Écrivain et homme politique bulgare (Tarnovo 1827 – Sofia 1895).
Instituteur à Tarnovo pendant seize ans, proche des couches pauvres de la société, il considéra l'instruction comme le seul moyen d'éveiller la conscience nationale d'un peuple vivant depuis près de cinq siècles sous une domination étrangère. Militant pour une Église bulgare indépendante, enfin obtenue en 1870, il devint après l'affranchissement de sa patrie un des chefs du parti libéral, puis ministre de l'Intérieur et ministre de l'Instruction publique. Il contribua largement à fixer la langue littéraire moderne par ses poésies (Œuvres choisies, 1901), ses articles publiés dans les journaux bulgares de Constantinople, sa traduction de la Bible, introduisit dans la poésie bulgare la fable, la satire et l'épigramme, et donna un recueil d'environ 18 000 proverbes et dictons (Paraboles, Proverbes et Mots typiques, 1887-1897).