Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

Hartleben (Otto Erich)

Écrivain allemand (Clausthal, Harz, 1864 – Salo, Italie, 1905).

Après des études de droit, il mena une vie d'écrivain indépendant et de bohème. Il a laissé des poèmes où domine l'érotisme (les Fruits mûrs, 1902 ; Mes vers, 1902), des nouvelles qui rappellent Maupassant (le Pasteur hospitalier, 1895 ; le Peintre romain, 1898). Dans ses comédies, il raille les thèmes du naturalisme (la Grenouille, 1889 ; Hanna Jagert, 1893) ou les philistins (l'Exigence morale, 1897). La Veille du mardi gras (1900), drame bourgeois dans lequel un officier se suicide pour rester fidèle à l'amour d'une jeune fille pauvre, fut un grand succès.

Hartley (Leslie Poles)

Écrivain anglais (Fletton Tower, près de Peterborough, 1895 – Londres 1972).

Empruntant à Henry James sa définition du fantastique, il dissèque les rapports de générations (le Messager, 1953, adapté au cinéma par Joseph Losey) ou de races (Justice faciale, 1960). Peintre scrupuleux de la clairvoyance enfantine (la Crevette et l'anémone, 1944 ; Eustache et Hilda, 1947), c'est aussi un maître du macabre (Terreurs nocturnes, 1924 ; le Gardien de ma sœur, 1970).

Härtling (Peter)

Écrivain allemand (Chemnitz, auj. Karl-Marx-Stadt, 1933).

Poète, auteur dramatique, de romans et de livres pour la jeunesse (Grand-Mère, 1975), il s'est fait connaître par un triptyque romanesque centré sur une vision particulière de l'histoire et du temps : Niembsch ou l'Immobilité (1964), d'après la vie de Lenau, Ianek, portrait d'un souvenir (1966), la Fête de famille ou la Fin de l'histoire (1969). La biographie ne se constitue pas d'une addition de faits vérifiables, mais de souvenirs subjectifs, partiaux et divergents. Ce principe de récit sera repris, le plus récemment dans Hoffmann ou l'amour varié (2001).

Hartmann von Aue

Poète allemand (Allemagne du Sud v. 1160 – v. 1210).

Il possédait une solide formation acquise dans une école conventuelle et une vaste culture fondée sur la connaissance des auteurs latins et français. Chevalier, il a participé à une croisade. Avec Érec (vers 1185) puis avec Iwein (vers 1205), il inaugure l'adaptation courtoise. Comme Chrétien de Troyes, il montre qu'il est difficile de concilier l'amour et l'honneur chevaleresque. Hartmann a également laissé des poèmes d'amour courtois, des chansons de croisade et deux poèmes épiques d'inspiration religieuse : le Gregorius et le Pauvre Henri (vers 1190-1197). Dans ce poème, un chevalier atteint de lèpre doit être guéri par le sang d'une vierge. Alors que sa mort approche, il refuse le sacrifice de la fille d'un fermier. Dieu rend la santé au chevalier, qui épouse la jeune fille. Le thème a été repris par Longfellow dans sa trilogie dramatique Christus (1872), par R. Huch ; (Fra Celestus et autres récits, 1899) et G. Hauptmann (le Pauvre Henri. Une légende allemande, 1902).

Hartzenbusch (Juan Eugenio)

Auteur dramatique espagnol (Madrid 1806 – id. 1880).

« Wisigoth » parmi les Latins, il doit sa soudaine célébrité aux Amants de Teruel (1837). Outre des drames historiques de tonalité romantique (Doña Mencía, 1838 ; Alphonse le Chaste, 1841 ; le Serment de Sainte-Agathe, 1845), des comédies (Jean des vignes, 1844) et des féeries (la Fiole enchantée, 1839), on lui doit des Fables (1861) et des esquisses de mœurs qui relèvent du costumbrisme.

Harun Aminurrashid

Écrivain malais (Singapour 1907-? 1986).

Il termine ses études au Sultan Idris Training College de Tanjung Malim, puis y enseigne pendant douze ans. Au cours de cette période se fait jour sa vocation d'écrivain : il publie des syair en 1929 et son premier roman, le Jasmin de Kuala Lumpur (sur le mariage forcé), en 1930. Dans cette école règne une certaine ambiance nationaliste et Harun n'y est pas indifférent. En 1939, transféré à Brunei par les autorités coloniales anglaises, il est nommé directeur de l'Éducation malaise : il y restera six ans (le Sang des Kedayan, 1947). Contraint de collaborer avec les autorités japonaises d'occupation, il sera, après la guerre, emprisonné pendant 86 jours : cette expérience le marque profondément (Qui est le coupable ?, 1949). En 1946, il s'installe à Singapour et se lance dans le journalisme. Il est l'auteur de nombreux romans historiques (le Capitaine Awang, 1958 ; Mort dans la vallée du Kinabalu, 1965 ; le Sultan Mahmud Shah de Malaka, 1967 ; l'Histoire du capitaine Cheng Ho en visite à Malaka, 1969) et sociaux (l'Amour de la fille de la jungle, 1948 ; Voir clair, 1953 ; Minah, danseuse moderne, 1968) et de nouvelles (Douze Nouvelles, 1959). Il a, d'autre part, fait le récit de ses voyages en Europe, au Moyen-Orient, en Asie du Sud-Est et en péninsule malaise (Sur les traces d'Abdullah Munshi, 1966) et publié des ouvrages sur la langue et la littérature malaises (il fit partie de la commission de transcription du malais en caractères latins) qui témoignent d'une conscience particulièrement vive de la mission sociale de l'écrivain.

Hasan Bin Muhammad Ali

Écrivain malais (Sauk 1928).

Après avoir fait des études au Sultan Idris Training College de Tanjung Malim et à l'Institut des professeurs de langues de Johore Baru, il enseigne dans l'État de Perak puis à l'université Malaya de Kuala Lumpur. Il commence, à partir de 1953, à écrire des nouvelles qui traitent des relations interethniques en Malaisie et, en particulier, des rapports entre Malais et Chinois qui, n'ayant pas la même religion, ne peuvent se marier (Le bateau a brûlé, 1955). Il devient célèbre en 1959 lorsque son roman le Voyageur est primé lors d'un concours organisé par le Dewan Bahasa dan Pustaka : son héros, un Chinois converti à l'islam, voleur et vagabond, poursuit une ascension picaresque qui échoue par la faute d'une femme. Hasan a encore publié des nouvelles (la Fête, 1964 ; l'Ascension, 1966) et des récits (la Colonne, 1965).

Hasdeu (Bogdan Petriceicu)

Historien, linguiste et écrivain roumain (Cristinesti, Bessarabie, 1838 – Cîmpina, près de Bucarest, 1907).

Inspiré de l'histoire moldave du XVIe siècle, son drame romantique Razvan et Vidra (1867), ouvrage de référence dans la théâtre roumain, porte à la fois sur la problématique du pouvoir et celle de la discrimination raciale.