Mayröcker (Friederike)
Poétesse autrichienne (Vienne 1924).
Les recueils Mort par les muses (1966) et Poèmes choisis (1979) permettent de suivre son évolution, du réalisme magique aux jeux linguistiques de Lexique onirique pour minimonstres, (1968), jusqu'aux « poèmes longs » (En lents éclairs, 1974 ; les Adieux, 1980 ; Bonne Nuit, Bonjour, 1982). Proche du groupe de Vienne, elle est aussi l'auteur de « mini-romans » (Lumière dans le paysage, 1975) et de pièces radiophoniques, souvent écrites avec E. Jandl, qu'elle rencontre en 1954.
Mazarin (René-Charles Rey, dit Jean)
Écrivain français (Tunis 1934).
Il signe Emmanuel Errer des romans noirs très proches de l'espionnage ou de la politique-fiction (Descente en torche, 1974 ; Gangrène, 1983). Devenu Jean Mazarin, il s'intéresse toujours aux problèmes de société, souvent avec humour (avec son inspecteur Poirel et son privé Puntacavallo). Il a écrit de la science-fiction et, sous le nom de Nécrorian, de remarquables romans d'horreur dans la collection « Gore ».
Mazini (Ibrahim al-)
Écrivain égyptien (Le Caire 1890 – id. 1949).
Spécialiste des lettres anglo-américaines, il collabora à la traduction de nombreuses œuvres anglaises, publia deux recueils de vers (1914 et 1917) et de nombreuses études critiques (la Poésie : buts et moyens, 1915 ; la Poésie de Hâfiz, 1915). Son Dîwân (1921), écrit en collaboration avec 'Aqqad, prit violemment à partie Chawqî et le « romantisme de femmelettes » de Manfalûtî ; ce fut le manifeste de l'« école du Dîwân », qui prôna une innovation poétique par l'utilisation des formes métriques les plus simples et d'un vocabulaire plus accessible au public. Après 1930, Mâzinî s'orienta vers le roman, avec plusieurs récits où la part de l'autobiographie est importante et qui évoquent avec nostalgie et beaucoup d'humour les bouleversements de la société traditionnelle (Ibrahim l'écrivain, 1931 ; Ibrahim le second, 1943), et des recueils de nouvelles (Moisson d'herbe, 1924 ; Poignée de vent, 1927 ; le Kaléidoscope, 1929 ; les Fils de l'araignée, 1935).
Mazuranic (Ivan)
Homme politique et écrivain croate (Novi Vinodolski 1814 – Zagreb 1890).
Il est le meilleur poète du mouvement illyrien. Son poème épique, la Mort de Smail-aga Cengic (1846), est le chef-d'œuvre de la poésie croate romantique. Après 1848, il est devenu le premier ban (vice-roi) de Croatie d'origine roturière (1873-1880).
McAlmon (Robert)
Écrivain américain (Clifton, Kansas, 1895 – Desert Hot Springs, Californie, 1956).
Expatrié à Paris, il raconte sa vie avec les écrivains de la « génération perdue » qu'il édita, notamment G. Stein et Hemingway (Une communauté de génies, 1938). Il dirigea la revue Contact avec William Carlos Williams et publia des poèmes (Portrait d'une génération, 1921).
McBain (Salvatore E. Lombino, dit Ed)
Écrivain américain (Manhattan 1926 – Weston, Connecticut 2005).
Après des nouvelles policières ou de science-fiction signées Hunt Collins, Richard Marsten, Curt Cannon, il rencontre le succès avec Graine de violence (1954), signée Evan Hunter, qui devient son nom légal. Puis il débute sa longue saga du 87e district (Du balai !, 1956 ; la Rousse, 1968 ; Nid de poulets, 1983). Il lance une seconde série, consacrée à l'avocat Matthew Hope (J'ai tout gâché, 1978 ; Cendrillon, 1986).
McCarthy (Cormac)
Écrivain américain (Providence, Rhode Island, 1933).
Depuis le Gardien du verger (1965) jusqu'à Méridien de sang (1985) et la « Trilogie de la frontière » (Tous les jolis chevaux, 1992 ; la Frontière, 1994 ; les Villes de la plaine, 1998), l'œuvre de Cormac McCarthy se développe en solitaire, dans une lignée ancienne où sont mises en texte les tragédies de la lutte individuelle dans un paysage nord-américain hostile. Ses personnages, rudes et marginaux, renvoient à Faulkner ou à Melville, mais son travail du dialogue, de la langue parlée et des limites de la communication le place à part et lui permet de rendre la violence d'un Texas où la notion de « frontière » (border) est encore à l'ordre du jour. La « Trilogie de la frontière » est ainsi composée de romans fondés sur le déplacement, le passage au Sud, la rencontre avec le Mexique et le danger de l'inconnu.
McCarthy (Mary)
Femme de lettres américaine (Seattle 1912 – New York 1989).
Critique dramatique redoutée de la Partisan Review (Visions et spectacles, 1956 ; Au contraire, 1961), essayiste (En lettres de feu, 1970), elle fait œuvre autobiographique (Mémoires de jeune fille catholique, 1957 ; le Groupe, 1963). Engagée politiquement, des années 1930 à la guerre du Viêt Nam (Hanoï, 1968 ; Cannibales et missionnaires, 1979), elle a écrit sur la culture européenne (Venise sous le regard, 1956 ; Pierres de Florence, 1959 ; les Oiseaux d'Amérique, 1971) et la violence du monde édulcorée par les magazines de luxe (Idées et roman, 1980).
McClure (Michael)
Poète américain (Maryville, Kansas, 1932).
Influencé par Artaud et Charles Olson, mais aussi par Milton et Blake, il pratique, en marge de la « Beat generation », une poésie marquée par des jeux typographiques expressionnistes : si le poète ne peut changer le monde, il lui appartient de noter tous les mouvements de la « créature vivante » qu'il constitue (Passage, 1956 ; Pour Artaud, 1959 ; Hymnes à Saint Geryon, 1959 ; Brun sombre, 1961 ; l'Amour, lion, lionne, 1964 ; Ciels de jaguar, 1975).
McCoy (Horace)
Écrivain américain (Nashville 1897 – Beverly Hills 1955).
Une société déchue, implacable, est au centre de ses romans qui analysent froidement les destins tragiques des « paumés » de la ville. Ses antihéros danseurs de concours (On achève bien les chevaux, 1935), journalistes miteux (Un linceul n'a pas de poche, 1937), délinquants en cavale (Adieu la vie, adieu l'amour, 1948) sont responsables de leurs choix, jusqu'au moment où le sable mouvant de la société les engloutit sans recours. La fatalité naît ici de l'inégalité du combat entre l'individu et une collectivité dénuée de toute morale. McCoy est un des très rares auteurs de récits policiers « noirs » à être considéré, par le public et la critique, comme un romancier à part entière.