Paulin d'Aquilée (saint)
Théologien latin (Aquilée v. 730 – Cividale 802).
Ami d'Alcuin, missus de l'empereur, il fut un des agents de la restauration religieuse et culturelle entreprise par Charlemagne : il devint patriarche d'Aquilée en 787, participa aux conciles d'Aix-la-Chapelle (789), Ratisbonne (792), Francfort (794) et évangélisa la Styrie et la Carinthie. Il composa de nombreux traités théologiques, un livre d'exhortations destinées aux princes et plusieurs chants funèbres ou planctus.
Paulin de Nole (saint) , en lat. Meropius Pontius Anicius Paulinus
Écrivain latin (Bordeaux 353 – Nole 431).
Ancien élève d'Ausone, ce riche Gallo-Romain renonça au monde en 393 et se retira à Nole (Campanie), dont il devint évêque. Il a laissé notamment quatorze poèmes en l'honneur de saint Félix, protecteur de Nole ; versificateur virtuose, il y apparaît comme un des plus talentueux poètes de la latinité.
Pausanias le Périégète
Géographe et écrivain grec (IIe s. apr. J.-C.).
On ne sait presque rien de cet écrivain, peut-être originaire de Lydie, qui a laissé une Périégèse ou Description de la Grèce, en dix livres, description érudite des sites et des monuments grecs, mêlée de récits historiques ou mythologiques, de considérations morales et de digressions poétiques. L'auteur mêle à ses observations de voyageur cultivé des renseignements tirés d'œuvres historiques ou géographiques (Istros, Eumélos, Artémidore) aujourd'hui perdues.
Pavese (Cesare)
Écrivain italien (Santo Stefano Belbo, Cuneo, 1908 – Turin 1950).
La vie publique de Pavese est liée pour l'essentiel à son activité de critique littéraire et de sociologue au sein d'Einaudi. Son suicide, d'autre part, a poussé certains critiques à concentrer leur attention sur son journal (le Métier de vivre, 1952) et sur les deux volumes de sa correspondance (1966). S'il appartient à la génération néoréaliste de E. Vittorini avec lequel il a contribué à la diffusion du roman américain, un même lyrisme, nourri de classicisme, caractérise son œuvre romanesque et son œuvre poétique (Travailler fatigue, 1936, où chaque poème élabore une mythologie personnelle autour des deux thèmes symboliques de la « colline » et de la « rue » ; La mort viendra et elle aura tes yeux, 1951). Certes, il esquisse ça et là une représentation de la société italienne au lendemain de la guerre : monde paysan de Paesi tuoi (1941), prolétariat urbain et petite bourgeoisie intellectuelle opposés aux classes aisées des grandes villes du Nord dans Avant que le coq chante (1949) et le Bel Été (1949). Entre femmes seules (1949) annonce même l'imminente transformation de la société italienne par le « boom » économique des années 1950. Même lorsqu'il aborde des thèmes tels que la lutte antifasciste (Prison, 1939) ou la Résistance (le Camarade, 1947 ; la Lune et les feux, 1950, dans lequel l'auteur, de retour dans sa ville natale, y oppose les différents mythes de l'enfance au nécessaire déchirement que constitue la prise de conscience politique de l'adulte). La politique est avant tout, pour lui, prétexte à autobiographie. La méditation mythologique des Dialogues avec Leucò (1947), son livre préféré, atteste que pour Pavese le réel n'a d'existence que symbolique.
Pavie (Théodore)
Orientaliste français (Angers 1811 – id. 1896).
Ce professeur de sanskrit au Collège de France, grand voyageur (Voyage aux États-Unis et au Canada, 1828-1833 ; Récits de terre et de mer, 1860 ; Récits des landes et des grèves, 1863), publia des Fragments du Mahabharata (1844), le Bhojaprabandha (1855), des études sur les Trois Religions de la Chine (1845), sur la Littérature musulmane de l'Inde (1847) et sur Krishna et sa doctrine (1852).
Pawlikowska Jasnorzewska (Maria)
Poétesse polonaise (Cracovie 1893 – Manchester 1945).
Petite-fille et fille de peintres célèbres – son père est Wojciech Kossak –, elle grandit dans le milieu artistique de Cracovie. Sa première plaquette de poèmes, Rêves d'amandes bleues (1922), lui vaut les louanges des poètes du groupe Skamander. Elle devient bientôt la plus reconnue des poétesses polonaises. Esprit raffiné, elle écrit des vers d'une grande subtilité où, sous une apparente légèreté, une certaine frivolité parfois, toujours sur un ton enjoué, se dessine une vision pessimiste et grave de l'existence : les Baisers (1926), l'Éventail (1927). L'érotisme qui émane de certains de ses poèmes n'est pas sans évoquer l'angoisse que suscite la nature éphémère de la chair promise à un lent vieillissement : Paris (1928), le Profil de la dame blanche (1930), la Soie sauvage (1932), l'Équipage endormi (1933), le Ballet des liserons (1935), Cristallisations (1937). Elle se réfugie en France puis en Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale, mais la catastrophe qui frappe la Pologne et l'Europe renforce son pessimisme et débouche sur des poèmes d'une tristesse émouvante : Roses et forêts ardentes (1940), la Colombe expiatoire (1941).
Payró (Roberto J.)
Écrivain argentin (Mercedes 1867 – Lomas de Zamora 1928).
Journaliste engagé, il a peint les mœurs de son pays, dont il s'attacha à corriger les défauts, dans une série de romans où domine la tonalité picaresque (le Mariage de Laucha, 1906 ; Pago Chico, 1908 ; Divertissantes Aventures du neveu de Juan Moreira, 1910). Il cultiva aussi le roman historique (le Faux Inca, 1905 ; le Trésor du roi Blanc, 1934), fit jouer des drames de tonalité naturaliste et publia des recueils d'articles et des récits de voyages.
Paz (Octavio)
Écrivain mexicain (Mexico 1914 – id. 1998).
En 1931 il fonde la revue Barandal, puis, en 1933, les Cuadernos del Valle de México. En même temps, il publie Lune sylvestre, son premier recueil de poèmes, suivi en 1937 de Racine de l'homme et de Sous ton ombre claire, qui sont de sensibilité symboliste et qui témoignent des influences conjuguées de Quevedo, de Góngora et de Juana Inés de la Cruz. Il séjourne en Espagne, où il rencontre les plus grands noms de la poésie espagnole et latino-américaine. De retour à Mexico (1938), il s'engage dans la politique, s'occupe des réfugiés espagnols, dirige la revue Taller et a ses premiers contacts avec le surréalisme. De 1943 à 1945, il vit aux États-Unis et entre dans la carrière diplomatique. En poste à Paris (1946-1951), il fréquente les surréalistes, qui publient certains de ses textes dans leurs anthologies. C'est en 1950 que paraît un recueil de huit essais, le Labyrinthe de la solitude, pénétrante analyse de la réalité mexicaine. Le livre se termine par un appendice, « la Dialectique de la solitude », où le titre général est expliqué par l'image du labyrinthe, au bout duquel l'homme mexicain sera enfin en communion avec les autres hommes ; il a exercé une influence considérable sur la pensée et la littérature de l'Amérique latine contemporaine. En 1951, il publie Aigle ou Soleil ?, de tonalité surréaliste. Un voyage au Japon et en Inde lui permet de s'initier à la littérature orientale, qu'il s'attachera à diffuser en Amérique. De retour à Mexico, il publie l'Arc et la Lyre, un essai sur le poème, la révélation poétique, la poésie et l'histoire (1956), s'occupe de théâtre et fait jouer une pièce la Fille de Rappaccini (1956), inspirée d'un conte d'Hawthorne. Son influence atteint alors les milieux d'avant-garde. Pierre de soleil (1957) sera traduit en français (1962) par Benjamin Péret. De 1959 à 1962, Paz réside à nouveau à Paris, publie Liberté sur parole (1960), qui réunit la presque-totalité de sa poésie jusqu'en 1958, celle des années suivantes paraissant dans Salamandra (1962), Versant est (1968), D'un mot à l'autre (1980) et L'arbre parle (1987). Ambassadeur à New Delhi, il démissionne en 1968 pour protester contre les massacres d'étudiants de Mexico (septembre 1968) et enseigne aux États-Unis. Il adapte (1970) avec plusieurs autres poètes, dont le Français Jacques Roubaud et l'Italien Edoardo Sanguineti, le renga japonais et, de retour à Mexico en 1971, il fonde la revue Plural, supplément du journal Excelsior, qui se place aussitôt au premier rang des revues culturelles. Ses conférences à Harvard (1972) seront réunies sous le titre de Point de convergence (1974), complément de l'Arc et la Lyre. Le Singe grammairien (1974), essai-poème en prose, et le poème Mise au net (1975) composent également une longue méditation sur la place de l'écrivain dans la société et sur l'activité créatrice. Par suite d'un différend avec la direction de l'Excelsior, Paz abandonne Plural pour fonder Vuelta, qui en est l'image exacte et qui a la même influence. On lui doit encore de nombreux essais sur l'art et la littérature ou sur la politique, qui parachèvent sa figure d'écrivain humaniste ouvert à toutes les formes de culture et d'expression. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1990.