Rossetti (Gabriele)
Écrivain italien (Vasto 1783 – Londres 1854).
Auteur de mélodrames, il s'essaya à la poésie patriotique et sacrée (Odes citadines, 1820 ; Dieu et l'homme, 1833 ; le Prophète dans la solitude, 1846 ; la Harpe évangélique, 1852), mais dut s'exiler en Angleterre en raison de ses opinions libérales. Ses essais sur la Divine Comédie, qui est perçue comme le « manifeste » d'une société secrète anti-papale, sont animés d'esprit maçonnique.
Rossi (Gian Vittorio)
Écrivain italien (Rome 1577 – id. 1647).
Secrétaire du cardinal Andrea Peretti (1610-1628), il fut célèbre dans toute l'Europe grâce à son œuvre riche et variée (Eudemia, 1637 ; Exemple des vertus et des vices, 1643 ; Dialogues, 1645-46 ; Pinacothèque des images, 1643-1648).
Rossi (Paul Louis)
Poète et romancier français (Nantes 1933).
Après la Voyageuse immortelle (1971) remarquée par Aragon, le Voyage de sainte Ursule (1973) à mi-chemin entre poésie et peinture est une suite érudite et ouverte, périple dans les virtualités du langage que Rossi pratique aussi dans des revues d'avant-garde (Action poétique puis Change). Cose naturali (1991), les Inscapes (1994) – dont le titre associe l'intériorité (in) et le paysage (landscape) –, mais aussi Élévation enclume (1997), disent un intérêt marqué pour la peinture ainsi que pour l'établissement singulier d'une voie propre, de plus en plus tentée par la retenue du bref, du simple (Faïences, 1995).
Rosso di San Secondo (Pier Maria)
Écrivain italien (Caltanisseta 1887 – Lido di Camaiore, Lucques, 1956).
Auteur de nouvelles et de romans (Rencontres entre des hommes et des anges, 1946), il est surtout connu pour son théâtre expressionniste, qui influença Pirandello (Passions de fantoches !, 1918 ; Entre des vêtements qui dansent, 1926 ; le Rat de Proserpine, 1954).
Rostand (Edmond)
Poète et auteur dramatique français (Marseille 1868 – Paris 1918).
Ce provençal suit la trajectoire classique des jeunes auteurs. Il écrit une pièce en collaboration, un recueil de poésies (les Musardises, 1890) avant les Romanesques (1894), la Samaritaine (1897) et surtout Cyrano de Bergerac (1897) : drôle, rapide, brillante, cette pièce flamboyante jouée par Coquelin remporte un succès considérable dans une ambiance à la fois romantique et cocardière, entre la défaite de 1870 et l'humiliation de Fachoda. Avec cette comédie en 5 actes et en vers, Rostand fait de l'écrivain libertin du XVIIe siècle un bretteur picaresque. Réécriture de la comédie héroïque de cape et d'épée, de la tragédie en 5 actes, du drame romantique et du mélodrame populaire, ce « bricolage dramaturgique » joue ouvertement du pastiche et du clin d'œil. En 1900, la pièce l'Aiglon met en scène le duc de Reichstadt, joué par Sarah Bernhardt. La dernière grande œuvre dramatique, Chantecler (1910), surprend par ses personnages d'animaux, basse-cour où se laisse voir une image de la société.
Rota (Bernardino)
Poète italien (Naples 1508 – id. 1575).
Fils d'un gouverneur de Ferdinand II d'Aragon, il se livra à la poésie lyrique, chanta en italien, sur tous les modes, sa femme morte prématurément (Rimes sur la vie et la mort de Porzia Capece, 1560), et laissa quatorze églogues (1533) en langue vulgaire, sur le modèle de Sannazzaro.
Roth (Gerhard)
Écrivain autrichien (Graz 1942).
Les antihéros de ses romans ont un rapport aliéné au monde et varient tous le thème de la fuite, loin de la pathologie du quotidien, vers l'utopie (l'Autobiographie d'Albert Einstein, 1972 ; Grand Angle, 1974 ; Voyage d'hiver, 1978 ; le Lac, 1995 ; la Montagne, 2000). Rédigé entre 1978 et 1991, son chef-d'œuvre rassemblant sept tomes d'essais et de récits, les Archives du silence, analyse le passé autrichien et ses effets sur le présent. Membre du Forum Stadtpark de Graz, il écrit aussi pièces et scénarios.
Roth (Henry)
Écrivain américain (Tysmenitsa, Autriche-Hongrie, 1906 – Albuquerque 1995).
L'Or de la Terre promise (1934), son seul roman, allie la thématique et la symbolique juive à l'inspiration radicale, propre aux intellectuels de gauche américains des années 1930. L'ensemble du récit est construit suivant les ambiguïtés du familialisme et permet de jouer sur l'isolement d'une famille d'immigrés et sur les rapports entre père et fils. Il a été considéré, au moment de sa réédition en 1964, comme le chef-d'œuvre des années 1930.
Roth (Joseph)
Journaliste et romancier autrichien (Brody 1894 – Paris 1939).
Issu d'une communauté juive de Galicie, il n'aura jamais de patrie. Après la guerre il devient reporter, un des meilleurs de sa génération, et parcourt l'Europe. Il apprend à regarder sous les apparences et à y trouver le trait caractéristique : dès 1926, il décèle en U.R.S.S., sous la phraséologie socialiste, la réalité d'un système bureaucratique généralisé. À l'école de Flaubert et de Stendhal il se forge un style exceptionnel en Allemagne : sobre, net, voilant une sensibilité contenue, teintée d'un humour sombre. (Hôtel Savoy, 1924 ; la Rébellion, 1924 ; la Fuite sans fin, 1927 ; Hiob, 1930 ; la Crypte des capucins, 1938). Le titre de son roman le plus connu, la Marche de Radetzky (1932), se réfère à la célèbre marche militaire de Johann Strauss l'aîné. Il évoque la monarchie austro-hongroise à son déclin : les Habsbourg avaient su faire vivre en paix les diverses ethnies de l'Europe centrale, y compris les Juifs ; la mort de François-Joseph en 1916 marque l'effondrement de toute une civilisation et l'irruption dans l'histoire des nationalismes dévastateurs.
Roth (Philip)
Écrivain américain (Newark, New Jersey, 1933).
Dans ses romans (Adieu Colombus, 1959 ; Pastorale américaine, 1997 ; J'ai épousé un communiste, 2001 ; la trilogie Zuckermann ; Le théâtre de Sabbath, 1995), il dresse le portrait social et psychologique de l'Amérique – juive, protestante, provinciale, livrée à la psychanalyse, obsédée de féminité – en même temps qu'il reprend, de façon à demi parodique, les conventions du roman américain (le Grand Roman américain, 1973) et qu'il fait des incertitudes de l'ethos américain celles-là même de l'écrivain (l'Écrivain des ombres, 1979). L'érotisme et l'identité juive deviennent les moyens de dire l'épreuve existentielle inévitable. Des essais (Du côté de Portnoy et autres essais, 1975) attestent l'habileté à analyser cette perplexité affective et narrative que présentent la vie contemporaine et, en particulier, le roman juif. Une autobiographie, les Faits, 1988, souligne l'absence de frontière, chez lui, entre vécu et fiction.