Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

Honigmann (Barbara)

Écrivain allemand (Berlin-Est 1949).

De l'assimilation en ex-R.D.A. au judaïsme pratiquant en France, ses récits permettent de suivre son cheminement intérieur. Le succès de Roman d'un enfant (1986) s'explique autant par ses problématiques autobiographiques et spécifiquement féminines (déracinement, maternité) que par son ton spontané. Plus mélancolique, Un amour fait de rien (1991) évoque l'échec de sa relation au père, et Soharas Reise (1996), un rapt d'enfants fondé sur un fait réel. Lauréate du prix Kleist 2000, elle a écrit également un roman épistolaire sur l'isolement des Juifs en ex-R.D.A. (Très affectueusement, 2001).

Honoré Bouvet

Écrivain français (vers 1345 – v. 1405).

Bénédictin, il composa le Somnium super materiam schismatis, songe allégorique en latin sur le schisme, l'Arbre des batailles (1387), œuvre politique sur le roi idéal, et l'Apparition Maistre Jean de Meun (1398), songe évoquant la figure de l'écrivain satirique.

Hontchar (Oles Terentiïvytch)

Romancier ukrainien (Soukha 1918 – Kiev 1995).

Auteur d'œuvres épiques à base autobiographique sur la guerre et la campagne de 1945 (les Porte-étendards, 1946-1948 ; l'Homme et l'Arme, 1960 ; Cyclone, 1970), il se tourne vers le passé révolutionnaire (Tauride, 1952 ; Pérékop, 1957), avant d'entreprendre une réflexion sur la signification du métier (la Clarine, 1963 ; Rive d'amour, 1976), les problèmes de rééducation des adolescents (la Brigantine, 1973) et l'attitude respective envers la nature et l'homme des mondes soviétique et occidental (Ton aurore, 1980).

Hooft (Pieter Cornelis)

Auteur dramatique, historien et poète hollandais (Amsterdam 1581 – La Haye 1647).

Plein d'admiration pour la culture italienne, qu'il découvrit lors du « grand tour » que son père lui fit faire pour le préparer à une carrière de négociant, il adressa une Lettre rimée à la chambre de rhétorique dès 1600, et utilisa ses expériences pour amender les esquisses de son premier drame Achille et Polyxène : le texte, qui date de 1597 et qui fut édité en 1614 à Rotterdam sans l'aveu de l'auteur, marqua l'introduction de la tragédie classique en Hollande. L'influence des théories de Sénèque est toujours sensible dans Ariane (1602) et Baeto (1617), mais c'est surtout les pièces historiques qui feront de lui la figure de proue de l'Âge d'or hollandais : ainsi Geeraerdt Van Velsen (1613), procès moral d'un prince médiéval et analyse shakespearienne de l'accession au pouvoir, lui gagna la faveur des lettrés. Il dut toutefois son succès populaire à ses comédies moralisantes (Masques et Jeu de mariage, 1602 ; la Vénus aveugle, 1607) et surtout Warenar (1616), qui, bien avant Molière, adapte l'Aulularia de Plaute. Si ses poèmes d'amour et sa pastorale Granida (1606) répondent à la galanterie du temps, le poème inachevé de l'Élégie (1607-08), dédié à la mémoire de Brechje Spiegel qui s'était suicidée, témoigne d'un sentiment vrai. S'il dirigea, avec Bredero, l'Églantier de 1613 à 1617, il suivit Coster lors de la fondation de la Nederduytsche Academie et se consacra désormais à ses travaux d'historien. Sa résidence de bailli de la capitale, le Muiderslot, devint un cercle culturel : il y reçut Vondel et Huygens, et après la publication des Emblemata amatoria (1611) et d'Henri le Grand (1626), biographie d'Henri IV de France présenté comme le modèle de l'homme d'État, il entama la rédaction des Histoires des Pays-Bas, dont les 27 volumes (1642-1654) restent le premier monument du néerlandais classique.

Hoornick (Eduard)

Poète et auteur dramatique hollandais (La Haye 1910 – Amsterdam 1970).

Rédacteur de Werk (1939), puis de Criterium et de Helikon, il fut d'abord attiré par le surréalisme et les théories de Du Perron (Mattheus, 1938) et de Nijhoff (Un amour, 1941). Sa déportation à Dachau inclina son lyrisme vers une méditation de la mort (Ex tenebris, 1947 ; le Double, 1963). On lui doit aussi des pièces de théâtre (la Race de Caïn, 1955 ; le Loup de mer, 1955 ; l'Eau, 1959).

Hope (sir Anthony Hope Hawkins, dit Anthony)

Écrivain anglais (Londres 1863 – Walton-on-the-Hill, Surrey, 1933).

Ses récits d'aventures qui mêlent amour et intrigues politiques autour du trône d'une Ruritanie imaginaire sont des classiques de la littérature populaire et enfantine (le Prisonnier de Zenda, 1894 ; Rupert de Hentzau, 1898).

Hopkins (Gerard Manley)

Poète anglais (Stratford 1844 – Dublin 1889).

Converti au catholicisme en 1866 durant ses études à Oxford, il brûle ses premiers poèmes lorsqu'il devient novice chez les jésuites en 1868. En 1874, il part étudier la théologie au pays de Galles, apprend le gallois et se remet à la poésie. En 1875, ému par la mort de cinq religieuses franciscaines, il écrit le Naufrage du Deutschland. Il compose une série de sonnets d'une remarquable richesse verbale et rythmique, dont le Faucon crécerelle. Ordonné en 1877, il est envoyé dans des paroisses en Angleterre et en Écosse, mais ses sermons effraient ses collègues. Nommé professeur de littérature grecque, il commence à enseigner en 1884 à Dublin, où il se sent plus ou moins en exil : c'est alors qu'il rédige les « sonnets terribles » où il exprime sa détresse et sa frustration artistique. Hopkins tire de Duns Scot les concepts d'instress (accent porté sur la qualité intrinsèque d'une chose) et d'inscape (paysage intérieur). Bousculant les mots et la prosodie traditionnels, il atteint par une violence haletante, étayée sur les procédés classiques de la poésie galloise, une qualité charnelle à force d'être abstraite. Il meurt de fièvre typhoïde à 45 ans, laissant inachevés des commentaires sur les Exercices spirituels de Loyola. Restés inédits de son vivant, les poèmes de Hopkins furent publiés en 1918 par son ami le poète lauréat Robert Bridges. « Métaphysique » moderne, entre l'ascétisme et le plaisir, Hopkins eut une influence considérable à partir des années 1930 et fut admiré par tous les grands poètes du XXe siècle.

Hora (Josef)

Poète et journaliste tchèque (Dobříni, près de Roudnice, 1891 – Prague 1945).

Débutant par des Poèmes (1915) impressionnistes, il publia des recueils aux thèmes prolétariens (l'Arbre en fleurs, 1920 ; Journée de labeur, 1920 ; le Cœur et le vacarme du monde, 1922 ; le Printemps orageux, 1923) et lyriques (Italie, 1925). Doué pour la méditation métaphysique (Cordes au vent, 1927 ; Dix Années, 1929 ; Variations sur Mácha, 1936) et l'ardeur patriotique (Jean le violoniste, 1939 ; le Jardin de Cendrillon, 1940), il écrit des poèmes sous l'Occupation qui livrent ses réflexions sur la souffrance humaine et sa joie à la Libération (Notes de la maladie, 1945 ; la Vie et l'Œuvre du poète Aneli, 1945 ; le Torrent, 1946).