Pratchett (Terry)
Écrivain anglais (Beaconsfield, Buckinghamshire, 1948).
S'il a débuté dans les années 1970 avec The Carpet people, c'est en 1983 que la Huitième Couleur lui vaut sa notoriété. Premier tome des Annales du Disque-Monde, qui en compte désormais 25, c'est une parodie burlesque d'heroic fantasy à l'humour débridé, fondée sur un usage intensif du calembour et autres jeux de mots. En 1990, il publie, dans un registre voisin, De bons présages, en collaboration avec Neal Gaiman, puis, en 1992, commence la trilogie de Johnny Maxwell pour la jeunesse.
Prati (Giovanni)
Poète italien (Campomaggiore, Trente, 1814 – Rome 1884).
Poète romantique, il connaît le succès grâce une nouvelle en vers l'Edmenegarda (1841). Sa poésie oscille entre le patriotisme (Poèmes pour le peuple, 1843 ; Chants politiques, 1852) et un panthéisme orientalisant qui évoque une analyse philosophique et pittoresque de la vie quotidienne (Psyché, 1876 ; Isis, 1878).
Pratolini (Vasco)
Écrivain italien (Florence 1913 – Rome 1991).
Directeur de la revue Campo di Marte, il débute dans une veine lyrique et intimiste (Première Vie de sagesse, 1938 ; le Tapis vert, 1941). Puis, sous l'influence de C.-L. Philippe et de M. Pratesi, il brosse une vaste fresque de la vie populaire à Florence, de la fin du XIXe siècle au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (le Quartier, 1944 ; Chronique des pauvres amants, 1945 ; Chronique familiale, 1947 ; les Filles de San Frediano, 1952 ; la Constance de la raison, 1963). Metello (1955) inaugure la trilogie Une histoire italienne, poursuivie par le Gâchis (1961), et Allégorie et dérision (1966). Situé à Florence à la fin du XIXe siècle, il retrace l'éducation sentimentale d'un jeune maçon à l'époque des premiers mouvements ouvriers. Pratolini oscille alors entre l'engagement politique et le lyrisme autobiographique, dans des récits brefs au décor limité à tel ou tel quartier de Florence (la Javelle de Natascia, 1985). Si elles suscitèrent un vaste débat théorique, les ambitions historiques de son œuvre ultérieure, placée à la fois sous le signe de Dante et du réalisme socialiste, n'éludent que difficilement la raideur dogmatique du roman à thèse.
Préchac (Jean de)
Écrivain français (Buzy 1647 – Pau 1720).
Lecteur de Philippe d'Orléans (1676), secrétaire d'espagnol de la reine d'Espagne Marie-Louise d'Orléans, conseiller au parlement de Navarre (1693), il fut l'un des auteurs les plus prolifiques du siècle avec ses romans d'aventures (l'Héroïne mousquetaire, 1677-1678), ses « histoires galantes » et ses « nouvelles historiques » (l'Ambitieuse Grenadine, 1678 ; l'Illustre Parisienne, 1679 ; Nouvelles galantes du temps et à la mode, 1680), qui jouent volontiers de l'exotisme (le Beau Polonais, 1681 ; la Princesse de Fez, 1681 ; l'Illustre Génoise, 1685). Il donna aussi dans le conte de fées (Contes moins contes que les autres, 1698) et dans des formes romanesques hybrides recourant à des embryons épistolaires ou à l'insertion dans la trame narrative de journaux ou de Mémoires.
préciosité
La préciosité est une notion double : d'une part, elle désigne un phénomène sociolittéraire qui marqua le XVIIe s. français ; d'autre part, on a cru retrouver ses traits distinctifs – raffinement et distinction dans l'expression et les manières d'être, complexité dans l'analyse des sentiments – en d'autres temps et d'autres lieux (ainsi chez Marivaux ou Giraudoux).
Au sens strict, la préciosité se définit dans les ruelles (Pure, la Précieuse ou le Mystère des ruelles, 1656-1658), réunions mondaines dont la marquise de Rambouillet avait donné le modèle (la « ruelle » désigne à l'origine l'espace séparant un lit et le mur, puis la chambre tout entière), foyers de politesse où l'élégance des manières et du langage était la règle, lieux de loisir où hommes et femmes pouvaient dialoguer en harmonie. Mais c'est aussi un phénomène littéraire, car les « divertissements » font une place majeure à l'art de la conversation (Vaumorière, l'Art de plaire dans la conversation, 1688-1691), aux jeux de l'écriture (portraits, poèmes et compliments galants, lettres, ainsi de celles de Voiture ou de Mme de Sévigné...), et aux discussions littéraires.
La recherche constante du raffinement, aussi bien dans l'analyse psychologique (en particulier du sentiment amoureux, sujet inépuisable de conversations, réelles ou romanesques, comme chez Mlle de Scudéry) que dans l'expression, est assez vite l'objet d'une réaction critique, parfois virulente, qui dénonce les influences étrangères (le gongorisme des Espagnols et les « concetti » des Italiens) et l'artificialité de cette « autre langue » (Somaize, Dictionnaire des précieuses, 1661), qui, à force de refuser toute vulgarité et de rechercher l'effet de surprise et l'ingéniosité, devient obscure, affectée, ridicule (phébus, galimatias). Molière, dans les Précieuses ridicules (1659), ou dans les Femmes savantes (1672) – on remarquera que la préciosité, essentiellement féminine, pose le problème de la place et du rôle de la femme en société et en littérature –, dénonce aussi leurs prétentions intellectualistes et une vision idéaliste et « courtoise » de l'amour (la femme est une Dame que l'amant doit conquérir à force de galanterie et de soumission) qui refuse de voir les réalités de la vie et met en danger l'ordre social établi au travers du mariage.
La préciosité a exercé une influence certaine sur l'évolution de la langue et sur la littérature : la Princesse de Clèves, comme roman d'analyse, est largement redevable aux romans précieux, ainsi que l'art du portrait, et la littérature psychologique et morale (les Maximes de La Rochefoucauld, les Caractères de La Bruyère).
précolombiennes (littératures)
Avec les premiers conquistadors, la civilisation européenne pénétra dans un monde jusque-là inviolé, baptisé du nom de Nouveau Monde et pourtant vieux de plusieurs millénaires : celui de l'Amérique indigène. La Méso-Amérique et l'aire andine de l'Amérique du Sud constituent deux aires particulières qui tranchent sur le panorama culturel amérindien : ce sont les zones de « hautes cultures » où naquirent les brillantes civilisations aztèque, maya ou inca. Très hiérarchisées et étatisées, elles donnèrent naissance aux formes littéraires les plus élaborées que le continent américain ait jamais connues. Ces littératures, souvent officielles, chargées de perpétuer la mémoire des bases culturelles et la cohésion des structures sociales du groupe, furent fixées par écrit en Méso-Amérique : les Aztèques, les Mixtèques, les Mayas et les Zapotèques furent les seuls à développer des systèmes d'écriture, à la fois pictographiques, idéographiques et phonétiques, qui leur permirent de consigner certains aspects de leur production littéraire. Cet exemple méso-amérindien est unique dans toute l'Amérique précolombienne : les autres systèmes de représentation matérielle de la parole et de la pensée ne sont le plus souvent que de simples supports mnémoniques à des littératures exclusivement orales.
Le formidable choc de la rencontre entre deux mondes excessivement différents n'a laissé subsister que ruines et échos déformés de l'ensemble original de civilisations que constituaient les sociétés précolombiennes. Les gigantesques autodafés ordonnés par les conquistadors firent disparaître les témoignages écrits amérindiens : presque tous les codex aztèques, mixtèques, mayas et zapotèques furent perdus à jamais. L'essentiel de nos connaissances se fonde sur les travaux des missionnaires qui, parfois en collaboration avec des informateurs indigènes alphabétisés, recueillirent, recopièrent et transcrivirent à l'aide de l'alphabet latin des codex et des traditions menacées. Ce rôle fut assumé en Méso-Amérique par Andres de Olmo, Alonso de Molina, Toribio Motolinia et, surtout, Bernardino de Sahagun. Des traditions guaranis furent recueillies dès le XVIIe siècle par des jésuites au Brésil et au Paraguay, certains aspects de la culture quechua des Incas furent consignés par des religieux espagnols (Cieza de Leon, Cristobal de Molina). Les littératures précolombiennes, qu'elles appartiennent ou non à de « hautes cultures », qu'elles aient été écrites ou soient restées orales, témoignent de la puissance créatrice et de la richesse de pensée qui furent celles des Amérindiens. Des mythologies très élaborées, des panthéons complexes, une religiosité extrême, une perception aiguë de l'esthétique de toutes choses, un grand sens historique ont donné naissance à un foisonnement de mythes, de contes, de légendes, de chroniques, d'hymnes, de prières, de poèmes et de chants dont seuls de pâles reflets ont pu nous parvenir.